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Jean-Louis COSTES (Performer / musique expérimentale chaotique, France)

Costes - Oeuvre au noirJEAN LOUIS COSTES

"Oeuvre au noir"

Musique expérimentale extrêmement déjantée

France

Amortout productions, 2005

 

 

 Le logo de la pochette ressemble un peu à celui de Black Funeral mais ceux qui ne connaissent pas Jean-Louis Costes risquent d'être désappointés... Pas facile de présenter ce que l'on a ici. Il ne s'agit pas vraiment de musique et Costes n'appartient pas à cette scène. Comme le précise le label Amortout (label de black metal fondé par un membre du groupe de black metal Diamatregon) qui a eu la bonne idée de tenter cette expérience inédite (probablement de par son intérêt pour Costes, et la volonté de présenter Costes à la scène metal extrême ayant peut-être vu une possibilité de passerelle avec cette scène), Costes est un "extreme performer of life", un artiste extrême donc. Ceux qui ne le connaissent pas peuvent aller voir son site.

 

Par un heureux hasard, j'avais découvert Costes (par un metalleux d'ailleurs) quelques temps peu avant la sortie de cet album, sinon il est probable que j'aurais été extrêmement désappointé au premier abord. Cet album est en fait né d'une proposition faite par Amortout à Costes. Mais Costes n'a pas pour autant été aliéné par Amortout ?!? On retrouve ce qui caractérise les oeuvres de Costes qui a déjà fait plus de 14 disques accompagnés de performances toutes aussi extrêmes et déjantées. Les thèmes de prédilection de Costes sont principalement la scatologie, le sexe, le politiquement incorrect, la parodie aussi, car souvent on a l'impression d'avoir à faire à des sketches quoique extrêmement déjantés. Ici comme le précise Amortout, Costes s'est centré sur le malsain et le dérangé, qu'il a déjà bien exploité mais en l'orientant peut-être vers le monde du black aussi: par exemple, dans "Diabolica", Costes évoque "les gens en noir", c'est assez caricaturé et parodique; "Lynchez les" évoque une tuerie aveugle en pleine rue... On va dire qu'ici Costes a fait ressortir pour ce disque ce qu'il a de plus malsain et dérangé, ce qui était l'objectif, mais sans vendre son âme (mais en a-t-il une?!?) puisque c'est avant tout du Costes. Cette musique est avant tout une musique nihiliste; rien de black metal là-dedans sauf peut-être dans les bruitages de fond assez chaotiques et malsains, avec parfois de vague sons de guitares destructurés ou de batteries, sorte de musique expérimentale industrielle. Initialement, j'avais lu un communiqué comme quoi Costes se mettait au black metal suite à une écoute de Bethlehem (dont le label a sorti un 45 tours dernièrement), groupe malsain et dérangé, mais bon on reste loin du black metal quand même, autant musicalement que dans le folklore, donc ça reste deux choses différentes.

 

Costes nous propose des sortes de sketches déjantés, dérangés et dérangeant, malsains bien qu'en même temps drôles car vraiment déjantés et énormes. Concrètement c'est donc une musique chaotique, bruyante, parlée, souvent hurlée, évoquant un nihilisme total, celui de notre homme moderne. Costes a d'ailleurs une façon vraiment urbaine de s'exprimer et parle effectivement du monde qui nous entoure, sans représenter un parti-pris sur le monde si ce n'est le néant: il nous parle aussi bien des nazis que de toutes les communautés ethniques, le tout avec des bruitages chaotiques. Une évocation extrême de notre époque!

 

Adnauseam (2005)

 

potpourri.jpgJEAN LOUIS COSTES & ANNA VAN DER LINDEN
"Pot pourri"
Art pour une société non saine
Le dernier cri, 2007
Livre 90 pages
15cm x 21cm + CD 18 titres

 

Il y a plusieurs façons d’aborder Pot pourri. On peut le voir comme une compilation de Costes dans un beau packaging ou alors comme un beau livre avec un cd en bonus pour s’introduire dans Costes... son univers, je veux dire…

Ma première immersion dans Costes l’a été par l’album Œuvre au noir en 2005, puis j’ai approfondi son univers en écoutant une partie de ses autres albums, fort nombreux, puisqu'entre 1986 et 2007, période couverte par ce Pot Pourri, 34 albums ont vu le jour dont justement un titre pour chacun a été retenu pour figurer dans ce livre. Le livre Grand-Père sorti en 2006 a mis un peu plus Costes sous les projecteurs en étant temporairement chez Fayard (en 2008 sort Bunker en banlieue  refusé par Fayard), ce qui lui a permis de se diversifier, Jean-louis ayant déjà par ailleurs exploré le court et le long métrage. Mais Costes est surtout connu pour ses spectacles qu’il appelle des opera porno-sociaux. J’ai ainsi le voir d'abord dans  I Love Hate en 2006 puis ensuite avec Les petits oiseaux chient dans un théâtre subventionné pour l'occasion comme ironisera Costes, fidèle à lui-même, lors de la performance,  avant de voir un spectacle piano/chant "presque" plus classique. Le bilan de cette longue immersion dans l’œuvre de Costes, c’est qu’il n’est pas évident de le saisir en un seul contact, le plus à portée et total, étant ses spectacles qui ne sont toutefois pas des "concerts" rendant hommage à la carrière de Jean Louis mais des spectacles à chaque fois différent où on retrouve brutalement les différentes aspects de son univers qui ne sont pas forcément saisis par le néophyte comme j'ai pu m'en rendre compte.  Pot Pourri se révèle ainsi un excellent objet pour découvrir l’œuvre de Jean Louis Costes.

L’objet est particulier, puisque c’est avant tout une collaboration avec Anna Van Der Linden, une proche de Jean-Louis depuis les tous débuts, qui a illustré nombreuses pochettes d’albums de Costes, qui a été performer un temps à ses côtés et qui a également fait participé Jean Louis à ses courts métrages, qui illustre ainsi dans Pot Pourri chacun des 34 textes de chansons présenté dans le livre. Pot Pourri est incontestablement un bel objet, une sorte de "merde dans un bas de soi" (pour reprendre une l’expression adressée par Malkovitch jouant Javert et s’adressant à Valjean dans une adaptation télévisée des Misérables)… Pot Pourri est un objet soigné, et se veut incontestablement une introduction à l’univers de Costes et aussi à celui d’Anna Van Der Linden qui en est proche totu en ayant sa personnalité bien à elle. Pot Pourri s’ouvre par une introduction intéressante  rédigée par Sophie Diaz qui rapproche d’ailleurs les deux auteurs tout en pointant les différences et les compléments. Et puis c’est aussi l’occasion de ne rien rater des textes de Jean Louis car avouons que le côté chaotique des morceaux entre hurlements et dissonances nous fait parfois rater quelques bribes...

34 albums, ce n’est pas rien… le choix des morceaux a dû être difficile. Au final, il est inévitable que des morceaux que certains jugeront emblématiques n’y figurent pas… Pour ma part, je regrette l'absence de "C’est Guy ou c’est Georges", "Antonin Artaud il était pas raciste", "Trou théorique",ou "Liberté de la femme", qui sont des morceaux de Costes à ne pas râter. Mais d’autres incontournables ne manquent pas à l’appel  comme "Morale à deux balles" ou "Casse ta race". Le petit bémol de ce Pot pourri  c’est que la compilation incluse dans le livre ne propose que 18 titres sur les 34 illustrés, le cd est rempli jusqu’à la limite avec plus de 76mn, mais deux cds auraient été les bienvenus, ce sera peut-être effectif si une réédition voit le jour une fois les 500 copies épuisées...

Les textes de Jean-Louis sont donc la base de ce Pot Pourri mais la musique de Jean-Louis Costes c’est avant tout une musique à textes, et niveau texte tous les morceaux valent notre attention. Toutes les thématiques abordées par Costes sont ici représentées : impuissance, nouveaux censeurs, communautarisme, frustrations, scatologie, déceptions amoureuses, haine qui forment un tout. C’est d’ailleurs bizarrement souvent cette thématique "scatologique" à laquelle parfois certains réduisent Costes, à mon avis à tort; ils seront ravis d’y trouver un morceau comme "La danse des crottes". Toutes ces thématiques abordées par Costes sont avant tout une expression de tout ce qui pourrit le quotidien, de tout ce qui n’est pas sain dans notre société moderne, avec les frustrations fabriquées par la société, le politiquement correct, l’hypocrisie, etc. Niveau musique, celle-ci évolue d’un album à l’autre, toujours crée par "un synthé casio" comme le présente Costes en ironisant, bruitiste ou kitsch, avec boite à rythme, voix hurlées, criées et théâtralisées, voyant la succession de nombreux personnages fictifs, la mère de Costes, son père, son grand-père, Jean-Louis enfant, etc.

Ce recueil de textes / dessins / musiques autour de l’art du héros solitaire qu’est Costes est diffusé par Eretic Art, maison d’édition "plus fort que le show bizz" crée par Jean Louis et Anna où on l’ont peut se procurer l’ensemble de leurs œuvres ainsi que d’autres artistes décalés.

Adnauseam

Jean Louis Costes Vs Musique industrielle

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