DARK SANCTUARY (Dark atmospheric - France)

DARK SANCTUARY

Dark atmospheric, France

Dark sanctuary - les memoires blessees eraChroniques

Exaudi Vocem Meam Part 1 (2005)

Exaudi Vocem Meam Part 2 (2006)

Dark Sanctuary (2010)

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Dark Sanctuary - Exaudi vocem meam part 1DARK SANCTUARY

Exaudi Vocem Meam Part 1

Dark atmospheric

France

Wounded Love / Avantgarde Music

2005

 

 

DARK SANCTUARY est une de ces formations de dark atmospheric dont les membres sont à la base issus de la scène black metal. Mais à la différence de la plupart de ces excellentes formations, il semble que DARK SANCTUARY soit l'une des rares à être devenu le projet principal allant jusqu'à délaisser les projets metal annexes, l'une des rares aussi dans la longévité puisque "Exaudi Vocem Meam" est déjà le cinquième album du groupe, passé du duo initial à six membres, mais surtout à rencontrer un tel succès aussi bien dans le metal que dans la scène dark atmospheric.

 

Si certains dissocient deux périodes marquées par les deux chanteuses, Dame Pandora remplaçant Marquise Ermia à partir de L'être las - l'envers du miroir (2003), à mon avis la deuxième période débute dès De lumière et d'obscurité (2000) où le style du groupe devient plus atmosphérique notamment dans le chant et moins austère, délaissant le style funéraire du début sur l'excellent "Funeral cry"(1998) qui m'avait laissé une forte impression toujours persistante aujourd'hui et Royaume mélancolique (1999).

 

Tout au long de sa carrière, DARK SANCTUARY a développé un style atmosphérique mélancolique imprégné de la mort. Et si le terme gothic n'était pas galvaudé et utilisé à tort et à travers, de même que pour la première époque de DEAD CAN DANCE, il irait à merveille à DARK SANCTUARY qui incarne selon moi le gothic au pur sens du terme, notamment dans ses textes avec ce romantisme et cette présence perpétuelle de la mort; d'ailleurs ce sanctuaire sombre c'est bien la mort, louée non pour elle-même mais pour en finir de ce fardeau de l'existence, et la présence de l'art funéraire illustre à merveille cette musique. Toutefois, il faut reconnaître que le groupe a au fil du temps stagné avec une tendance à développer des titres longuets, certes mélancoliques mais un peu plats, un ou deux titres seulement au début, mais il faut l'avouer, le précédent album Les mémoires blessées (2004) m'avait extrêmement déçu malgré d'excellents passages et avec, comme DARK SANCTUARY a le don de le faire depuis le début, on ne sait comment, un de ces titres, toujours au moins un par cd, qui s'écoutent en boucle propulsant l'auditeur dans une sorte de transe mélancolique. Dark Sanctuary a développé une identité évidente depuis le début de sa carrière dans un style dark atmospheric pas éloigné de DEAD CAN DANCE ou ARCANA comme on peut parfois le sentir en certains endroits sur cet album.

 

Malgré une certaine platitude au fil des ans, plutôt une mélancolie monotone, DARK SANCTUARY a réussi à sortir avec Exaudi vocem Meam (qui signifie "Entend mes pleurs" un album de nouveau très captivant, pourtant toujours dans le même style. On n'échappera heureusement pas au morceau de l'album à écouter en boucle, avec le morceau "Dein kalter stein" (aussi intense qu'un "Assombrissement de l'âme"), un excellent morceau chanté en allemand qui apporte un plus avec la présence de Markus Stock des excellents défunts EMPYRIUM et de THE VISION BLEAK, également producteur de l'album, avec une voix narrative très typé EMPYRIUM qui se mélange à merveille avec les déclamations de Dame Pandora. Un très bon album au final, beaucoup plus varié et captivant, même la ballade "The garden of Jane Delawney" a son charme malgré que ce soit une reprise, et l'album se termine en beauté sur une note bien mélancolique avec "Je m'en irai". 

En somme, un très bon album de Dark Sanctuary qui sans changer de style a su produire à nouveau un album captivant; on ne peut qu'être optimiste sur la deuxième partie de "Exaudi Vocem Meam" qui devrait voir le jour prochainement.

Adnauseam (2005)


 

Dark sanctuary - Exaudi vocem meam part 2DARK SANCTUARY

Exaudi Vocem Meam Part 2

Dark atmospheric

France

Wounded Love / Avantgarde Music

2006

 

 

Comme son nom l'indique Exaudi vocem meam part 2 est la suite de l'album sorti fin 2005, les deux albums ayant en commun le fait d'avoir été enregistré tous deux en juillet 2005 avec Marcus Stock (de Empyrium et The Vision Bleak), tous les titres datent donc de la même époque, et sont à la base un seul et même album dans le fond, pourtant la répartition des morceaux donne à chaque album une unité.

 

Evidemment les 63 minutes contenues dans ce sixième album sont totalement inédites et parmi les 11 titres proposés, il n'y a donc pas de redite ou de nouvelles versions, à cela près qu'on retrouve ici l'un des morceaux cultes de DARK SANCTUARY, "L'autre monde", initialement sur le premier album Royaume mélancolique, mais ici dans une toute autre version puisqu'il s'agit d'une version acoustique de 5mn, qu'en fait le groupe joue depuis quelques années sur scène et qu'il se devait d'immortaliser sur cd, même si cette version n'est pas si tragique que la première mais plus apaisée. C'est d'ailleurs ce qui caractérise cet album: plus de morceaux avec des guitares acoustiques, comme "Un jour peut-être", d'ailleurs les morceaux acoustiques semblent bien présents lors des prestations de DARK SANCTUARY, pour un ensemble plus calme, plus allégé, plus apaisé, se rapprochant peut-être plus des Mémoires blessées alors que le précédent enregistrement rassemblait des morceaux plus tragiques, plus sombres je trouve.

 

L'ensemble est cependant varié: "J'ai rêvé d'une vie" avec son piano sombre et sa voix plus tourmentée rappelle étrangement les débuts sombres du groupe, "Femme d'un soldat mort" est un des rares morceaux rythmé, malgré l'arrivée d'un batteur, et se termine avec des sons de cornemuse rappelant "Ordre et décadence" sur De lumière et d'obscurité.

 

Cette deuxième partie m'est apparue dans l'ensemble moins bonne que la première mais reste évidemment très appréciable, le groupe oeuvrant dans son style de dark atmosphérique de prédilection, forgé à partir de deux synthés et de deux violons, mais cette fois il y a plus de parties acoustiques ou de morceaux apaisés qui baignent dans une atmosphère toujours mélancolique mais plus posée et moins tragique. Comme à chaque production de Dark Sanctuary, des moments forts et prenants ressortent comme l'excellent "L'inconnue" que le groupe jouait déjà sur scène lors de la tournée qui a suivi Exaudi part 1, un de ces morceaux forts dont Dark Sanctuary a le secret, ou encore la deuxième partie de "Vision meurtrie". Construit différemment que la première partie, sans intro, l'album se termine sur une étrange outro avec "La complainte de Sally" qui a des accents de comptine. Un album certes incontestablement bon mais moins intense que la première partie!

Adnauseam (2006)


Dark Sanctuary - Dark SanctuaryDARK SANCTUARY
"Dark Sanctuary"
Dark atmospheric, France
Avantgarde music, 2010

 

En juillet 2009, Dark Sanctuary avait annoncé cet album éponyme comme étant le dernier. La conception de ce nouvel album a été marqué en novembre 2008 par le départ des deux sœurs s’occupant des violons dans le groupe, Eliane étant dans le groupe depuis le premier album Royaume mélancolique et Marguerite arrivée sur De lumière et d’obscurité. Et quand on sait le rôle de ce genre de sonorités dans leur musique, ce n’est pas anodin. Des musiciens de sessions ont évidemment été appelés, notamment Coralie qui officie sur le Llydraw de Artesia. D’ailleurs, les liens avec Artesia, qui sont un peu les dignes héritiers du Dark Sanctuary première époque, se sont renforcés puisque Gaelle qui s’occupe du violon dans Artesia (malgré une absence lors du troisième album) a accompagné Dark Sanctuary lors de leur ultime performance dans une Eglise à Londres en octobre 2009. Dark Sanctuary a ainsi stoppé ses activités de façon progressive et n’exclue pas un retour, ni des sorties ultérieures comprenant inédits ou live.

Pour ce dernier album, on sent que Dark Sanctuary s’est investi en essayant de faire quelque chose de différent à tous les niveaux. Déjà l’esthétisme a été confié à Victoria Frances, dessinatrice espagnole. Je n’ai, à dire vrai, pas été très emballé par cette collaboration. Pour moi, Victoria Frances symbolise un peu ce coté gothico-mélancolique grand public. On retrouve d’ailleurs souvent ses dessins ornant des blogs d’adolescentes "gothiques" fans de Evanescence qui deviennent souvent plus underground par la suite. Je parlais d’un rapprochement avec Artesia, et justement Artesia a également eu la même idée pour son troisième album Llydraw sorti en 2009 en confiant l’esthétisme à une autre dessinatrice espagnole, Scarlet Gothica, bien moins connue, mais assez proche, et ce mélange de féérie et de personnages gothiques contemporains ne me parle pas trop… Je ne peux toutefois pas trop me prononcer puisqu’il existe une version alternative à la simple version cd sous forme d’un livre de 48 pages. Il me semblait que la mélancolie féérique des dessins de Victoria Frances était éloignée de l’univers funéraire de Dark Sanctuary. Notons que sur le précédent album Exaudi Vocem Meam Part 2, le groupe avait repris en guise d’outro un morceau composé par Danny Elfmann, pour le film Nightmare Before Christmas de Tim Burton, qui montrait peut-être une évolution de l’univers de Dark Sanctuary. Concernant l’esthétisme des albums de Dark Sanctuary, celui-ci est soigné depuis longtemps puisque depuis Les Mémoires Blessées, où l’esthétisme avait alors été confié à Alyz Tale (connue comme journaliste dans le magazine gothique Elegy) chaque album est sorti de façon limitée au format A5.

Cet album a été composé de façon différente. Il est divisé en trois parties avec, pour chacune, 4 morceaux composés par un membre différent. La première partie dénommée "Neiges éternelles" a été composée par Arkdae, fondateur du groupe. Seuls les textes de cette première partie sont écrits par Dame Pandora. La seconde, intitulée "La vieille dame et la poupée" est composée, musique et textes, par Hylgaryss. Enfin, "Le chemin de croix d’une âme libre", et c’est une première, a été composé dans sa totalité par Sombre Cyr, qui est l’auteur par contre de beaucoup de textes touchants du groupe, notamment sur l’intégralité de L’être las, l’envers du miroir. Ainsi, la composition de cet album avec ces trois parties distinctes qui forment une unité, nous montre que le projet débuté par Ardae en solitaire en 1996 est avant tout un collectif. Cette autonomie permet aussi de réouvrir la voie à chacun vers leurs projets personnels. Même si le groupe fait peu d’écho à leurs projets personnels, on peut évoquer ici Bekhira pour Arkdae qui avait été réactivé, ou encore Caithness (dark ambient) et Winter Funeral (Black metal underground) pour Hylgaryss. Enfin Sombre Cyr fait partie du label Kaosthethic Konspiration, spécialisé dans le dark ambient (où on retrouve justement Caithness).

Musicalement, on distingue bien ces parties même si d’une façon générale, on pourra décrire cet album comme plus calme, plus posé, avec moins d’élans, et là je fais allusion à ces morceaux forts et hypnotiques qui ont parsemé la discographie de Dark Sanctuary ("L’autre monde", "Dein Kalter Stein", "Assombrissement de l’âme"). Mais ce dernier album n’a pas les longueurs qu’avait Les mémoires blessées, auquel le groupe avait remédié avec la série des Exaudi Vocem Meam (le groupe avait d’ailleurs entre les deux déjà failli interrompre sa carrière). Mais cet album émane quelque chose de plus serein. Il sonne plus féérique, moins tragique, plus aéré. N’oublions pas qu’il s’agit d’une collaboration avec Victoria Frances ; j’imagine que ses dessins ont été évidemment produits en fonction des textes et de la musique, mais qu’également son univers a influé sur celui du groupe. Les deux premières parties sont donc très posées et manque du tragique qui émanait des précédents albums du groupe Elles donnent l’impression au premier abord d’une berceuse triste, comme l’illustre bien l’intitulé du morceau "Lullaby" et des sonorités de carillon. D’ailleurs sur "Orpheline", le chant de Dame Pandora prend la frome d’une enfant qui chantonne, comme un conte de Noël triste. La seconde partie prolonge clairement la première avec toutefois en fond des sonorités ambiantes, un souffle malgré l’atmosphère calme (le côté peut-être un peu Caithness). La troisième partie tranche par-contre nettement avec les deux autres. Elle est plus sombre et plus rythmée avec quelques percussions plus martiales qui évoquent des morceaux comme "Anatheme" sur Royaume mélancolique par exemple. Elle ressemble peut-être plus aux morceaux sombres de Dark Sanctuary. Le chant de Dame Pandora y est différent des deux autres parties où il est très posé. Elle s’essaie d’ailleurs à des voies narratives très réussies sur "Le cachot". On notera aussi quelques voies masculines bien senties sur "Le tribunal", à la fois narratives et incantatoires.

Au final, cet album se révèle bon. Vous l’aurez compris, j’ai été agréablement surpris par la troisième partie qui est le summum de l’abum. Lors de ma première écoute, j’avais été un peu destabilisé par les deux premières parties, calmes et sans élan, différentes aux niveaux des sonorités de ce à quoi le groupe nous avait habitué, avec cette atmosphère première qui évoque une berceuse mélancolique. Au final, il faut reconnaître que l’album se révèle très bon, qu’il a son atmosphère propre, mais qu’il faut peut-être plusieurs écoutes pour dépasser l’impression première que j’ai évoqué. Dark Sanctuary finit ainsi sa carrière avec un bon album clairement différent des précédents.

Adnauseam


http://www.dark-sanctuary.com

 A lire sur Nausea:

Dark Sanctuary : la fin

Live report DARK SANCTUARY 2006

Chroniques ARTESIA (Dark atmospheric avec influences Dark Sanctuary première époque)

 


 

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