MORTIIS (Dark epic atmospheric, Suède)

Mortiis some kind of heroinMORTIIS
"Some Kind of Heroin"
Electro Metal, Norvège
Earache, 2007
CD remix

 

Avec cette nouvelle sortie de 2007 et une plus grande exposition depuis la signature sur Earache en 1999, un point s'impose pour rappeler au préalable qui est Mortiis et surtout ce qu'il a accomplit sous ce nom puisque l'identité du projet a fortement changé depuis quelques années.

Initialement Mortiis était le bassiste et le parolier de EMPEROR qu'il a quitté avant In the nightside eclipse (1994) pour développer des travaux personnels hors du champ du black metal. Au milieu des années 90, Mortiis a ainsi développé sous ce patronyme une forte entité musicale en composant trois albums totalement au synthé dans une veine atmosphérique sombre, médiévale, symphonique et épique avec tout un univers visuel (présenté notamment à travers la longue video de 25 minutes Reisene til grotter og ødemarker). Chacun de ces trois albums, dont les deux meilleurs sont sortis sur Cold Meat Industry, label de référence en dark ambient/indus, reposait sur la même structure: deux longs morceaux de 20 mn conçus comme des voyages avec des ambiances très mélancoliques et épiques ; de pur chef-d'oeuvres. A suivi Crypt of the wizard sur le propre label de Mortiis (réédité aujourd'hui sur Earache avec une pochette ridicule), qui est une collection de travaux plus courts devant sortir initialement en 45 tours. En paralèle Mortiis travaillait sur d'autres projets aux synthés plus ou moins réussis,  toujours en solo mais sous d'autres patronymes :  l'excellent FATA MORGANA, trois albums pour VOND et le très mauvais CINTECELE DIAVOLUI. Puis Mortiis a signé chez Earache, et a renouvelé à cette occasion son style, qu' on reprochait d'être figé, pour une évolution efficace avec The stargate en 1999 consistant en des morceaux plus courts mais très épiques, formant un ensemble vraiment bon, malgré une pochette ridicule qui devait préfigurer la suite...

De Mortiis, ce qu'il reste aujourd'hui mis à part le logo, c'est bien son légendaire "gros pif" et ses oreilles d'elfes agencés à un style très cool et moderne ; Mortiis qui désormais est devenu un quatuor. Mortiis a sombré dans un espèce d'electro-metal/rock indus de très mauvais goût, un peu pop, avec de grosses guitares, une voix affreuse à la limite du supportable, parfois saturée, parfois claire, des beat electro très cool et une ambiance globale cool également, le tout sans rien de novateur et sans émotions, qui doit puiser ses sources dans des groupes comme NIN et des trucs electro-crossover ou electro-goth.  Cette nouvelle ère a été initiée avec l'album The smell of rain en 2001 (effet an 2000?), mais avec The grudge en 2005, Mortiis a encore franchi une étape vers la nullité. L'album se veut plus percutant, sans les voix pop et le coté plus mélodique du précédent, mais ce qu'il en ressort c'est que Mortiis ne semble vraiment pas fait pour l'eletro-metal indus. Etrangement, Mortiis est loué comme novateur, pourtant c'est bien l'un des problèmes, il n'y a rien de novateur là dedans, Mortiis se révèle loin d'être le maître dans ce style, semblant prendre le plus mauvais du metal indus et electro...

Nous arrivons ainsi à Some kind of heroin qui est un album de remixes du pitoyable The grudge, car que ce soit de Mortiis ou pas, force est d'avouer qu'en soit cet album est d'une fadeur et d'une nullité bien marquées... quoique peut-être en le remixant ça pourrait passer mieux?!? C'est la grande question... Mortiis est entré dans la démarche classique des groupes d'electro/indus avec des remixes sans fin entre groupes ; ce n'est donc pas Mortiis qui a remixé son album mais bien tout le "gratin" de l'electro-indus / metal indus : VELVET ACID CHRIST, FUNKER VOKT, GIRLS UNDER GLASS, THE KOVENANT, GOTHMINISTER, IMPLANT et dans un autre registre  IN THE NURSERY. On retrouve la fréquente formule lassante avec plusieurs remix d'un même titre. Ainsi  parmi les 16 remixes proposés, on retrouve 4 remixes de "The grudge" (soyons fous), 3 de "Gibber" qui n'était pas en soit un hit, 2 remixes pour les morceaux "Broken skin",  "Way too wicked",  "The worst in me" Les morceaux "Underdog", "Twist the knife" et "Decadent and desperate" (sorti en single) ne font l'objet que d'un seul remix et  3 titres de l'album échappent donc au jeu des remixes. Les  remixes sont dispersés ça et là sans regroupement par morceau d'origine.

La plupart des remixes ont gardé l'affreuse voix d'origine de Mortiis et ont simplement impacté la musique car ce sont des remixes et non des reprises. Les groupes apportent leur touche, gardant un élément (la voix par exemple), en changeant un autre (le rythme, les percus,...). Comme on peut s'y attendre les meilleurs titres sont ceux qui s'éloignent le plus de l'original, donc logiquement pas ceux des formations de metal-indus :  les trop cools GOTHMINISTER et THE KOVENANT qui gardent l'aspect grosses guitares sur percus cools. Les géniaux VELVET ACID CHRIST ne pouvaient que rattraper le coup sur "Gibber" en rendant le morceau plus percutant et en lui enlevant sa fadeur et son mid tempo cool. FUNKER VOGT propose également un remix intéressant de "Broken skin". DOPE STARS transforment de façon surprenante "Decadent and desperate" un en bon morceau, et contrairement à la musique originelle, en du vrai metal-indus à la MINISTRY, excellent et loin donc de la soupe fade chiante initiale. IN THE NURSERY, vieux groupe culte précurseur de l'indus symphonique, de l'atmosphérique néo-classique, dont la présence ici est très surprenante,  ne pouvait que donner une autre dimension bien plus émotionnelle et majestueuse (que Mortiis a perdu, ironique non?) à "The worst in me". Pour le coup, c'est intéressant de voir la rencontre des deux groupes, mais avouons que la voix de Mortiis gâche encore tout.

Ce qu'il ressort de cet album de remixes, c'est qu'il pourrait suffire de peu pour faire quelque chose de mieux, mais en même temps il reste la base de The grudge donc la tâche de bonification n'est pas évidente. La moitié des remixes se révèlent mieux que les originaux. Le problème des remixes reste un peu toujours le même : des groupes comme VELVET ACID CHRIST et FUNKER VOGT, grand habitués du jeu des remixes font avant tout leur propre style et non vraiment du MORTIIS adapté. L'autre moitié des remixes tourne autour de la soupe fade qu'est The grudge avec un dosage variable de grosses guitares et de rythmes cools.

Au final: The grudge avec la touche "héroïne" fournie par les autres groupes est incontestablement  mieux car moins fade que le vrai The grudge, par la torsion exercée sur le vrai The Grudge. Il n'en demeure pas moins que ce voyage sous produits n'arrive pas à la cheville des voyages sans artifice vers lesquels nous emmenait le old Mortiis autrefois. Cette petite satisfaction nous laisse donc un goût amère : mieux veut s'immerger dans le vieux Mortiis que perdre son temps ici...
 

 

 

 

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