L'ombre du vampire
Elias Merhige
USA, 2001
1h40
Le scénario de L'ombre du vampire est original et intriguant puisqu'il s'agit d'une fiction basée sur le tournage du film Nosferatu en 1921. Il ne s'agit donc pas à la base d'un énième film de vampire, mais d'une fiction à partir d'une histoire vraie. En effet, en 1921, Murnau entreprend de transposer pour la première fois en film le roman Dracula de Bram Stocker, qui deviendra un grand succès du cinema. Max Schreck y tient le rôle du vampire. N'ayant pas pu obtenir les droits d'auteur, Murnau se doit de changer les noms des personnages et des lieux.
Le scenario de L'ombre du vampire se base en fait sur une rumeur lors du tournage selon laquelle Max Schreck serait un vrai vampire; Nosferatu serait donc l'un de ces films comme L'exorciste ou La malediction dont les tournages se sont déroulés dans une atmosphère tendue et étrange avec de nombreux incidents. Max Schreck a en effet été recruté pour ses capacités à s'immerger dans la peau de ses personnages. Le film met en évidence une ambiguïté quand au rapport de Schreck à son rôle par son comportement et des accords troubles entre Murnau et Schreck. Historiquement, il n'y a pas trop de doutes, Schreck est mort en 1936 et a tourné après Nosferatu dans une quarantaine de films dans différents rôles...
Après avoir découvert l'excellent, atypique, expérimental et prenant Begotten, je m'attendais à autre chose de la part de Elias Merhige pour son second long métrage, cette fois-ci dans une forme classique, car malgré un très bon scenario de départ, le film peine à retranscrire l'ambiance de folie et de froideur de ce tournage malgré la performance de John Malkovitch (Les liaisons dangereuses, Klimt, Le roi des aulnes, Dans la peau de John Malkovitch) dans la peau d'un Murnau déjanté, peut-être pas adapté à la froideur qu'on serait en droit d'attendre (d'ailleurs le film étant américain, la traduction française n'est pas la voix typée de Malkovitch mais une voix qui ne colle pas trop). Quand au personnage de Schreck joué par Willem Dafoe, il fait parfois un peu trop kitsch, voir ridicule, même si c'est peut-être pour montrer le flou existant entre le personnage et l'acteur.
L'ombre du vampire malgré un très bon scénario et une colorisation de l'image chargée d'atmosphère, manque cruellement de la froideur et de la tension dont le scenario aurait besoin pour prendre toute son ampleur. On est bien loin de Begotten...
Adnauseam