ABLAZE IN HATRED
" Deceptive Awareness "
Doom/death atmosphérique, Finlande
Firebox/Firedoom, 2006
Je me repenche sur cet album des années après sa sortie (quasiment 15 ans…), l'ayant alors un peu zappé. Pour tout dire, j'y avais même accédé à titre promotionnel et n'ayant pas grand-chose à en dire sur le moment, j'ai fini par l'oublier dans une période où "le promo système" commençait à me paraitre une perte de temps, bien que ce style d'album soit pourtant clairement dans mon registre musical. Cela n'a évidemment pas freiné le groupe de continuer son chemin puisqu'un deuxième album, "The Quietude Plains" est sorti en 2009.
C'est une période où il y a eu des albums marquant dans le doom ainsi qu'un grand nombre de sorties dans ce style. Firebox avait d'ailleurs sa division Firedoom qui a multiplié les sorties et inévitablement après une vague d'intensité croissante il y a toujours comme une sorte de plateau dans lequel je mettrais Ablzae in Hatred.
Etant amateur de doom/death atmosphérique puisque c'est de cela qu'il s'agit, je peux confirmer que Deceptive Awareness est incontestablement un bon album dans le style. Il s'écoute facilement ce qui est sa force (on aura toujours plaisir à le ressortir) et sa faiblesse (car on l'oubliera vite). A titre de comparaison, la même année, il y a eu le premier album de Doom:Vs "Aeternum Vale" qui m'a captivé directement et durablement.
On peut aisément rapprocher Deceptive Awareness de Shape Of Despair qui a renouvelé et marqué le doom avec son "funeral doom atmospherique", prolongement et renouvellement du traditionnel doom/death atmosphérique, et qui a alors enfanté des formations de seconde zone qui en d'autres temps se seraient inspirées de My Dying Bride.
Le doom dans son acception doom/death atmosphérique (qui pendant longtemps a été pour moi la définition même du doom) se caractérise par des éléments précis : une lourdeur répétitive et écrasante, une voix descendante du death mais exprimant un étouffement, des synthés atmosphériques, des "lead" mélodies mélancoliques et prenantes, un style incarné par My Dying Bride dans les années 90. Shape of Despair apparait comme un autre groupe charnière poussant à l'extrême les caractéristiques de ce style : la lourdeur devient funéraire, les ambiances encore plus lourdes, répétitives et étouffantes et l'aspect atmosphérique devient encore plus prononcé. Le tout reste cependant mélodique et évite l'écueil de la monotonie, et c'est là la réussite de Shape of Despair.
Shape of Despair a insufflé un nouveau souffle à ce style qui exprime l'asphyxie et de nombreux groupes lui ont emboité le pas. Ablaze in Hatred en fait partie, dans le sens où on retrouve des sonorités et de nombreux passages qui évoquent nettement Shape of Despair, notamment les débuts des morceaux avec ses mélodies mélancoliques surplombées par des rythmes écrasants, avec une rythmique qui a un coté martelant. Tout est cependant moins poussé à l'extrême : moins lourd, moins pesant, moins atmosphérique. On se retrouve donc plus dans le doom/death et non dans le funeral à proprement parlé. A la différence de Shape of Despair, il n'y a pas de chant féminin qui apporte toujours un côté enchanteur à ce style de musique ; on perd aussi de ce côté là. Ablaze In Hatred est en fait une sorte de Shape of Despair "light", non pas lumineux évidemment mais allégé, qui est parfait si vous cherchez un groupe dans le style Shape of Despair à pouvoir écouter plus facilement en fond permettant une écoute plus facile dans le sens moins prenante / éprouvante.
En conclusion, Il s'agit là d'un bon album de doom avec de bonnes mélodies mélancoliques et une ambiance, qui rappellera Shape of Despair. Ce qui ressort est qu'il s'agit d'un groupe sans grande personnalité à l'image de ces photos avec leur t-shirt de groupes préférés ; les musiciens ont aussi navigué dans des groupes à syles bien différents, un peu touche à tout comme bon nombre des très nombreux groupes finlandais.
Le coté touche-à-tout ressort sur le deuxième album où figure sur le bonus CD une reprise du "Out of Hand" de Entombed (le début de leur période death n' roll) en version doom ; pour le coup c'est plutôt intéressant et assez méconnaissable !