Female black metal, Grèce
RIP Tristessa
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Chroniques :
Killing for Recreation (Insected side project)
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Articles en lien
"Sirens"
Black metal
Grèce
Avantgarde music, 2004
"Sirens" est le successeur de "Quod Superius, Sicut Inferius" sorti en 2002 chez Black Lotus Records. Astarte a entre temps complètement changé de line-up, intégrant d'une part une musicienne permanente au synthé, Katharsis (une ex-On Thorns I Lay), même si les synthés restent discrets, ainsi qu'une nouvelle guitariste, Hybris, qui a vécu quelques temps sur nos terres, et c'est Tristessa (basse et désormais guitare) qui se charge maintenant du chant, seule membre d'origine toujours présente. Astarte maintient donc la configuration de départ, à savoir une formation entièrement féminine, sauf pour la batterie de session. Et si on ne peut qu'encourager cette formation "féminine", fait constatable et admirable, qui prouve que la femme ne saurait être cantonnée (même si parfois avec réussite) à un rôle de belle dans une adaptation metallique de la fable "la belle et la bête", sans pourtant tomber dans l'excès inverse qui consiste à trop en faire et à devenir "bourrine" comme la leadeuse de Arch Enemy, Astarte gardant une imagerie à la fois féminine et élitiste, de prêtresse donc. Cet attrait ne saurait cependant recouvrir le talent de cette formation puisque Astarte n'a depuis longtemps plus rien à prouver, ayant déjà à son actif quatre albums de qualité, "Doomed Dark Years" (récemment réédité avec en bonus la demo de Lloth, la formation pre-Astarte) étant sorti en 1998 (avec à l'époque, poses et maquillages à la Dark Throne…) et "Rise From Within" en 2000.
Le nouveau line-up pour ce quatrième album suppose donc une évolution musicale. Si certains parlaient d'un virage death metal, je trouve le terme carrément inapproprié, et heureusement, car sinon ça aurait été du beau gâchis. Certes, Astarte nous propose une musique plus guerrière, et élargit peut-être son champ d'intégration musicale, et pour ma part je parlerais plutôt d'un côté War Metal comme le Nightfall de la première époque utilisait ce terme pour définir sa musique, plutôt que ce terme de death metal, assez péjoratif je trouve, puisque Astarte reste un groupe de black metal avant tout. La voix est parfois plus grave mais elle reste bien évidemment dans ce registre black féminin si appréciable, un peu dans le registre de Cadaveria à l'époque de gloire de Opera IX. Ce style moins typé black metal, ou plus ouvert, n'est pas cependant moins typé "metal extrême grec" et encore moins typé Astarte puisqu'on retrouve d'emblée la marque type Astarte, celle qui allie puissance guerrière, émotion et superbes mélodies avec un son bien particulier. Un style qui trouve une bien belle incarnation d'ailleurs dans le titre "Ring (of sorrow)", composition basée sur l'impressionnant et excellent film "The Ring", en duo "black metal" avec Shagrath de Dimmu Borgir… une belle réussite, avec également d'autres guests sur quelques titres comme Sakis de Rotting Christ sur "Liquid tomb" ou Lloth, autre témoignage extérieur de la qualité de cette formation hellénique, s'il était encore besoin de le prouver.
"Sirens" se révèle donc être un album donc fort appréciable qui confirme que Astarte fait partie des formations de premier ordre. Au passage, n'oublions pas que Tristessa vient de ressusciter le projet pre-Astarte, Lloth, à écouter également.
Adnauseam
ASTARTE
"Demonized"
Female black metal
Grèce
Avantgarde music, 2007
Cinquième album pour ASTARTE qui est plus que jamais le groupe de Tristessa, qui compose toute la musique, assure toutes les voix ainsi que la basse, mais qui malgré tout semble vouloir maintenir toujours un trio féminin comme constituant l'entité ASTARTE car le line-up officiel de ASTARTE a encore évolué: désormais Hybris ne se charge plus que des lyrics et délaisse étrangement la guitare, Katharsis semble avoir été remplacée par Derkheta au synthé. La section rythmique semble exclusivement assurée par des membres masculins de session: comme toujours un batteur de session, en l'occurence Ice, et pour la première fois un doigté masculin à la guitare avec Lycon. Tristessa semble être partout; cette fois-ci encore un clip a été réalisé pour le morceau "Mutter astarte", proposé en bonus (ainsi que de nombreuses photos intéressantes, même si étrangement certaines en guise de fonds d'écran de téléphone?!?) où Tristessa est au premier plan. Evidemment, c'est toujours agréable de voir la féminité et la force qui émanent de Tristessa, toujours telle une digne prêtresse. On la retrouve également dans son side projet INSECTED, ainsi qu'en guest dans THE CLAN DESTINED (nouveau groupe de Martin Walkyer ex-SKYCLAD). Fait notable, tout comme sur le précédent album, de nombreux special guests se sont joints à Tristessa. On se rappelle de l'excellente collaboration sur "The ring of sorrow" avec Shagrath de Dimmu Borgir. Cette fois-ci, ils sont encore plus nombreux : Attila de MAYHEM, Henrik de GOD DETHRONED, encore et toujours Nicolas de LLOTH / INSECTED, et surtout Angela de ARCH ENEMY, regroupant ainsi les deux chanteuses leadeuses du metal extrême sur "Black at heart", un morceau très bon où chacune semble pousser ses limites.
A la première écoute, j'étais sceptique car le black metal d'ASTARTE a beaucoup évolué depuis les débuts. Le changement de logo sur cet album en est probablement un signe révélateur. Pourtant, là où habituellement je sens du fade et du peu inspiré, même si j'avoue ne pas avoir accroché tout de suite, j'ai senti Tristessa fortement inspirée. Il y a d'ailleurs plusieurs références à la déesse Astarté dans ses textes, Astarte reste donc Astarte mais a encore évolué (et il le faut bien). Certes ASTARTE intègre des éléments plus larges, et je dirais surtout que cet album est plus rentre-dedans, plus direct, avec l'intégration plus fragrante d'éléments thrash-death (certains d'ailleurs disaient que Sirens évoluait déjà vers quelques chose de plus death metal); intégration au black metal de ASTARTE, mais digestion surtout et non une pathétique reproduction. Le tout donne un album plus violent, plus direct (le temps de Quod Superius, Sicut Inferius semble donc assez loin), avec toujours les mélodies si typiques de ASTARTE, et le chant black si typique de Tristessa qui cependant sur "Heart of flames" essaie un chant gémissant efficace sur certains passages. D'ailleurs, "Queen of the damned" rappelle clairement les orchestrations sur To Mega Therion de CELTIC FROST, sans pour autant proposer un morceau à la CELTIC FROST. Astarte avait d'ailleurs repris l'excellent "Sorrows of the moon" sur un Tribute. Enfin l'album s'achève, avant un instrumental au synthé, par une surprenante mais intéressante reprise de ACCEPT, vielle référence allemande en heavy metal allemand, avec "Princess of the dawn" extraite de l'album Restless and wild sorti en 1982, ce qui élargit encore plus le style de ASTARTE qui reste cependant en définitive du black metal.
Une certaine force émane de la musique de Astarte qui met l'accent plus sur la puissance que sur le sombre, mais qui ne verse jamais dans le bourrin ou l'insipide, qui reste émotionnel, et qui incarne peut-être parfaitement un black metal féminin, car novateur et bien loin des caricatures. Ce qui ressort de ce nouvel album c'est que Tristessa semble plus déterminée que jamais. Je pense qu'actuellement elle s'impose comme la leadeuse du metal extrême, Cadaveria s'étant progressivement égarée et Arch Enemy officiant dans un style moins extrême et plus caricatural.
Adnauseam
INSECTED
" Killing for recreation "
Autoproduction, 2004
Brutal death thrash, Grèce
Mini-CD Digipack
Retour sur ce side-projet de Tristessa : une seule production est sortie sous forme d'un mini-cd digipack au style très différent de celui de Astarte. C'est Tristessa qui m'avait fait parvenir un exemplaire promotionnel de ce projet en 2004.
Insected est une nouvelle formation grecque qui pratique un style plutôt surprenant et rarement pratiquée dans cette région du monde : le "brutal death/thrash". Quand on apprend qui se cachent derrière cette formation c'est encore plus surprenant. La formation comporte Tristessa, la leadeuse, de Astarte qui assure ici la basse et les backing vocals avec sa voix si particulière, mais aux intonations plus graves dans ce projet. On reconnait également Tristessa comme modèle pour la pochette. Mais le membre fondateur de cette formation est Nicolas Sic Maiis, membre de Lloth, autre groupe avec Tristessa (en fait le groupe pre-Astarte réapparu sous une nouvelle forme), qui apparaît d'ailleurs en guest vocals sur le dernier Astarte (et accessoirement son mari dans la vie civile).
Mais comme le précise Tristessa cette nouvelle formation n'a rien à voir avec Astarte. En effet, les deux groupes n'ont que peu en commun, voir rien. Ici la musique est vraiment brutale et aggessive; on ne tombe pas dans le brutal death, puisque c'est un brutal death / thrash, donc modérés avec des riffs thrashisant mais l'ensemble est vraiment vraiment aggressif et brutal. Par-contre, la voix de Nicolas est vraiment très grave même trop, elle se rapproche nettement du brutal death. On pourrait la comparer aux intonations les plus graves de Septic Flesh, mais c'est bien là la seule comparaison entre les deux. Tristessa modère la gravité des voix par des backing vocals plus extrêmes que jamais, et toutefois plus graves qu'à l'accoutumée. Le groupe a réalisé également un clip pour le "Locked up", qui est à mon avis le meilleur titre du mini-cd et très représentatif.
Au niveau conceptuel, Insected traite évidemment de la brutalité mais sans tomber dans le gore, le satanisme mais tout en traitant de la violence. Ce mini-cd est bon dans le style, mais il est surprenant de le voir émerger en Grèce et surtout avec de tels membres qui ont réussi le tour de force de proposer quelque chose de vraiment différent de leurs groupes et d'essayer autre chose, probablement le besoin d'exprimer un autre aspect d'eux-mêmes, et de sortir du son grec. Indépendemment de sa position un peu à part au sein de la scène metal extrême grecque, il ne s'agit pas d'un album qui soit original dans son genre ; il est avant tout un condensé de brutalité et les amateurs devraient donc apprécier.
Adnauseam
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