"Breaking the shell"
Atmosphérique intimiste
Royaume-Uni / France
Aesthethic Death, 2007
DEAD BEAT PROJECT est le premier album solo de Olivier Goyet, originaire de France, et qui n'est autre que le keybordiste du groupe de doom culte anglais Esoteric qu'il a récemment quitté fin 2009 et dans lequel il était entré en 2003.
Au premier abord, les liens avec ESOTERIC ne manquent pas. DEAD BEAT PROJECT a été crée et élaboré courant 2005 lors de la tournée avec Esoteric. Par ailleurs, c'est Greg Chandler, chanteur guitariste et fondateur de Esoteric, qui a masterisé l'album. Enfin, ce premier album sort sur Aesthethic Death Productions, une structure proche de Esoteric qui a sorti les premières réalisations de Esoteric, et qui a aussi sorti dernièrement l'album de LYSERGENE, le projet solo de Gordon Bicknell, guitariste et autre membre fondateur.
Dead Beat Project, malgré ses connections avec ESOTERIC, n'a pourtant pas grand-chose à voir avec le groupe de funeral doom. On aurait en effet pu s'attendre à un projet de dark ambient ou de dark atmopheric, Olivier s'occupant des synthés, donc à du Esoteric sans l'aspect metal, le groupe flirtant d'ailleurs tellement avec l'atmosphérique qu'il s'est retrouvé pour un temps sur Eibon (label tenu par le leader de Canaan). Les adeptes les plus curieux de Esoteric auront toutefois peut-être jeté une oreille sur le projet de Gordon qui lui aussi est très éloigné de Esoteric, faisant pour sa part dans l'eletro-indus-metal, avec une atmosphère explosive très différente de Esoteric. C'est en tout cas tout l'intérêt de démarrer un nouveau projet que d'explorer d'autres voies, aussi bien pour le musicien que pour les auditeurs.
Sur son site, Olivier nous présente la musique de Esoteric comme quelque chose d'écrasant et d'étouffant: "An interesting way to visit your inner soul. It's no easy listening. This music will drag you down in its meandres but it will keep you there as long as it lasts; you will feel so much better when it stops". Dead Beat Project prend justement le contre-pied de cette description. La musique de ce projet n'est pas lourde, écrasante ou étouffante. Au contraire, je dirais plutôt qu'elle est légère. C'est, pour reprendre les termes d'Olivier, une autre façon d'explorer son moi intérieur justement. Bien sûr, la musique de DEAD BEAT PROJECT est mélancolique mais c'est une mélancolie plus légère, plus apaisée. Le calme ici fait écho au désenchantement, et semble exprimer un besoin de rêver sans pour autant rêver (rien de féérique ici). La musique de Dead Beat Project est bien plutôt une ouverture vers le haut qu'un enfoncement ou une descente dans les profondeurs. Mais quand je parle d'ouverture vers le haut, de légèreté, il ne faudrait pas comprendre exaltation, et imaginer une musique d'ascension vers le sacré ou aux relents solennels. La musique de Dead Beat Project est plus humble et exprime un désenchantement sans emphase et sans dépression ainsi qu'une aspiration sage à la rêverie (et non la rêverie elle-même, je me répète, pas d'échos féériques ici). Il s'agit en définitive d'une musique plutôt intimiste.
Pour sa part, Olivier définie son projet comme de l' "industrial trip hop ambient electronic music". On peut en effet retrouver un aspect trip-hop au niveau des percussions. Olivier entend par ce projet donner libre court à son inspiration. Bien-sur la tonalité est mélancolique, mais Dead Beat Project se détache clairement de ce qu'on aurait pu attendre d'un musicien issu de la mouvance doom. Les passerelles de la scène doom et dark metal vers d'autres mouvances sombres sont nombreuses, mais Olivier n'emprunte aucun de ces chemins actuels usuels, aussi glorieux soit-ils, mais de plus en plus attendus toutefois, que ce soit le dark ambient, avec ses explorations inhibantes, et encore moins le de plus en plus prisé neo-classique martiale; bien au contraire, rien qui ne soit agressif dans cette musique, orchestral ou grandiloquent, ou encore de tonitruant (les percussions sont mid-tempo, très trip-hop dans l'âme), bruyant ou saturé ici. Dead Beat Project ne fait pas dans le funéraire même si l'album se termine avec un long morceau de 14mn de dark atmospheric sombre avec sons de cloches et atmosphères funéraires qui rappelle la tonalité générale du projet, totu comem le morceau d'ouverture, car les incursions dans d'autres univers sont nombreuses au cours de ces 74 minutes, et Olivier ne s'en cache pas. L'aspect électronique présent dans Dead Beat Project ne trouve aucun écho dans les scènes dark electro ou encore power electronic, Olivier va plutôt chercher dans l'electro un peu kitsch 80's comme le surprenant"Silent stream". Certains morceaux ont des sonorités parfois minimalistes (comprendre dépouillées et kitsch), ou encore parfois cosmiques. "Projection of the mind" comporte pour sa part un côté clairement orientalisant.
A travers ces neufs compositions plutôt longues, Dead Beat Project s'éloigne clairement des "side-projets" de groupes dark metal qui restent souvent des projets clairement délimités dans un autre style dark et préfère explorer d'autres pistes, certaines intéressantes, d'autres moins, sans pour autant innover foncièrement mais exprime la mélancolie hors de son champ gardé s en intégrant d'autres sonorités et d'autres atmosphères, et on ne peut qu'encourager cette démarche et attendre avec curisoité la suite actuellement en préparation
Adnauseam
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