DEVILS WHOREHOUSE
"Revelation unorthodox"
Horror punk metal extrême
Blooddawn / Regain, 2005
Suède
Devils Whorehouse est un projet créé en 2000 qui comporte en ses rangs Morgan et War B de MARDUK. Ce groupe a la particularité d'être avant tout un hommage aux MISFITS, le légendaire groupe de Horror Punk, une référence pour beaucoup, et d'une façon plus générale à Glenn DANZIG, chanteur originel des MISFITS, ainsi qu'à ses autres groupes, SAMHAIN et évidemment son projet solo toujours actif DANZIG. Le ep sorti en 2000 proposait notemment 4 reprises de MISFITS et SAMHAIN. Quant à l'étrange patronyme "Devils Whorehouse", c'est le titre d'un morceau des Misfits, présent sur Walk Among Us, le premier album sorti en 1982.
Depuis que les MISFITS ont diffusé leurs premiers méfaits, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. METALLICA leur avait déjà rendu hommage à la vieille époque avec "Last caress/ Green hell" sur Garage days revisited en 1987. Depuis que ce groupe de Horror Punk s'est séparé (création en 1977, split en 1983 et reformation amputée de Glenn Danzig en 1995), beaucoup de choses se sont passées dans les musiques extrêmes. Entre temps, il y a eu l'émergence du black metal avec notamment des groupes comme MARDUK. Sans trop de surprise vu les membres impliqués, cet hommage aux MISFITS et à DANZIG propose quelque chose de plus dur que leurs inspirateurs. On y retrouve le son tranchant, froid et saturé du black metal. Ce n'est absolument pas un album de black metal, mais on retrouve bien quelques accélérations ou sonorités black metal même si le rythme est différent, plus mid-tempo et punk, mais avec un son incontestablement plus extrême. Précisons qu'il ne s'agit pas ici de crust, ce style né d'une rencontre entre du metal extrême et du punk, mais bien d'une rencontre entre le black mardukien ("Chassez le naturel, il revient au galop") et le punk horror des Misfits, ce qui fait que DEVILS WHOREHOUSE n'est au final pas un simple groupe hommage.
Ne perdons pas de vue que l'hommage est à toute la carrière de l'étrange Glenn Danzig ainsi "Bondage goddess" rappelle le "Dirty black summer" sur DANZIG III How the god's kill avec son côté plus lent. Si le style des MISFITS est du horror punk, le style élaboré par Danzig dans son projet solo est plus compliqué à définir : une sorte de heavy occulte avec imagerie satanique, certains diraient gothique aujourd'hui, en tout cas c'est une musique mystérieuse et sombre à sa manière, avec un aspect à la fois groove et occulte, bluesy peut-être parfois, ou rock n'roll sombre, en tout cas aussi énigmatique que l'apparence de ce Glenn au style qui sort du lot. Par-contre, ce qui est incroyable, c'est que Zweeda possède la même voix, pourtant unique, de Glenn Danzig, apposée sur une musique plus dure. C'est bien la première fois que j'entends un groupe avec une voix proche de Danzig, ce qui nous fait d'autant plus sentir que DANZIG est un groupe unique et atypique dans la scène metal.
Cet album de 36 minutes se révèle fort appréciable, déjà pour la rareté d'un tel hommage (bien mérité) à Danzig puis surtout par la façon de le rendre, c'est-à-dire en reprenant des éléments typiques de Danzig comme sa voix, accompagnée par une musique incontestablement plus moderne et plus extrême dans le fond. On retrouve un petit côté kitsh et cliché dans l'imagerie: vampires, dominatrice sexy, ou par des titres comme "Bondage Goddess", "Erotikill" (des collages de mots comme aime les faire Danzig), ou "Blood nymphomane" un peu comme s'il s'agissait d'une sorte de rock n'roll ayant comme devise: "sex, horror and rn'r"?!?
La deuxième surprise de cet album hommage est une incroyable reprise du CHISTIAN DEATH première époque, car franchement je n'aurais pas cru que les gars de MARDUK aient cela parmi leurs références, avec l'excellent morceau "Deathwish" du ep Deathwish (1982) (prédécesseur de Only theatre of pain, donc la période très romantisme noir), et surtout avec la voix de Danzig sur la musique de Christian Death?!? C'est donc un hommage original à la grande époque gothic/deathrock de Christian Death, mouvement rappelons-le qui est issu du post-punk, et donc dans l'univers extrême du début des années 80.
Au final, Revelation unorthodox est un album fort sympathique, certes à la base un hommage, mais au final Devils Whorehouse se révèle être bien plus qu'un simple hommage puisque le groupe a une réelle identité. Un deuxième album verra d'ailleurs le jour en 2009 sous le titre Blood & Ashes, succédant au ep Werewolf en 2008. En 2011, le groupe a décidé de se rebaptiser DEATH WOLF, un patronyme bien plus banal...