JOY OF LIFE
"Enjoy / Hear The Children"
Cold wave / Post-punk industriel
Allemagne
Hyperium, 1992
JOY OF LIFE n’est pas un nouveau groupe de black dépressif cynique / ironique inspiré de patronymes comme Lifelover ou Happy Days, mais surement bien plus de JOY DIVISION avec qui il partage pas mal de points communs. JOY OF LIFE est en fait un vieux groupe des années 80 qui n’est plus en activité depuis bien longtemps mais qui a été remis récemment au gout du jour, grâce à l’excellente formation allemande dark ambient APOPTOSE. En effet, une collaboration avec Joy of Life est sorti sur Tesco en 2009 proposant une reprise du morceau "Warrior creed" par APOPTOSE ainsi que le morceau d’origine par Joy of Life ; à cela s'ajoute la participation du chanteur d’origine sur un morceau de Apoptose.
Il est bien rare d’entendre parler de ce groupe dont les albums ne sont plus édités, le groupe n'ayant rien sorti depuis 1988 puis splitté, suivi par une courte reformation dans les années 90. Les deux productions du groupe ont été pour la première fois publiées sur CD en 1992 par Hyperium, gros label gothic/heavenly de l’époque, qui a stoppé ses activités depuis. D’ailleurs ironie du sort, malgré le côté évidemment collector du cd, je l’ai trouvé à prix sacrifié chez un disquaire d’occasion, après y être resté bien longtemps, ce qui montre l’anonymat dans lequel est tombé Joy of Life et même le manque de reconnaissance. Cette réédition et première édition cd trahit, à mon avis, un peu l’esthétisme présent sur les vynils, l’adaptant à un public gothique, car JOY OF LIFE est né au début des années 80, à l’époque où il n’y avait pas de scène gothique en tant que telle. Initialement, l’album est sorti sur NER, c'est même l’une des toutes premières productions du label tenu par Douglas Pearce de Death In June, ce qui lui donne rétrospectivement un aspect culte et suscite de l’intérêt maintenant que Apoptose l’a déterré. C’est d’ailleurs surprenant que Douglas Pearce ne l’ai jamais réédité.
L’intérêt actuel pour Joy of Life vient donc non pas de la nostalgie de la scène gothique pour les groupes vu comme fondateurs mais de la mouvance dark folk. Ceci s’explique par la présence de morceaux aux relents industriels, un peu froids et martiaux, mais l’ensemble est plutôt cold wave / post punk / rock industriel. Quel est l’intérêt que Douglas Pearce a pu avoir en lançant le groupe? Il n’y a pas vraiment de concept sur la décadence européenne dans Joy of Life ni d’esthéthique totalitaire, mais une expression pour sûr du désarroi régnant en Occident dans ces années grises que furent le début des années 80 où l’on sent dans la musique alternative comme une tension, une urgence qu’on retrouve dans des groupes comme Killing Joke, Joy division, Skeletal Family et tant d’autres. N’oublions pas d’ailleurs que le premier album de Death in June, réunissant Douglas Pearce et Tony Wakeford de Sol Invictus, était un album de cold wave post-punk, et que les deux héros du neo folk étaient auparavant dans un groupe de punk nommé Crisis dont tous les enregistrements ont d’ailleurs été réédités il y a quelques années, vu le statut des deux personnages aujourd’hui. Au final, on pourrait rapprocher Joy of Life du premier Death in June, "The guilty have no pride", par cette rencontre de cold wave / post-punk et de rock industriel froid et martial. Même si l’intérêt principal pour Joy of Life aujourd’hui portera sur ce genre de morceaux, de très bons morceaux plus gothic post-punk mélodiques comme "a letter and a photograph" valent vraiment l’intérêt. D’ailleurs les 18 morceaux crées par Joy of Life dans sa courte carrière sont au final assez variés.
Voilà donc un groupe remis au goût du jour qui ne faisait pas l’objet de l'intérêt du revival pour les groupes pre-gothic, et qui n’est jamais cité comme référence. C'est chose réparée puisque Joy of Life est apparue en 2008 au grand festival Wave-Gotik Treffen de Leipzig sous une formation réunissant son leader et les membres de While Angles Watch (neo-folk) puis en 2010 aux côtés de Apoptose. Joy of Life incarne parfaitement les sonorités et l’atmosphère de l’époque, même si pour l’époque, Joy of Life témoigne d’un penchant pour des sonorités plus froides et martiales.
Adnauseam
http://www.myspace.com/joyoflife