KILLING JOKE
" Killing Joke "
Industrial metal, Royaume-Uni
Zuma Recordings, 2003
J'avais découvert Killing Joke, dix ans avant cet album, et pour l'anecdote, c'est grâce à METALLICA qui avait enregistré en 1987 un mini-cd intitulé Garage days revisited constitué de reprises : Misfits, Diamond Head, Holocaust, Budgie et surtout Killing Joke. Autant de groupes que le metalleux des années 90 méconnaissait, d'autant plus qu'il s'agit des influences début 80's de Metallica et il ne s'agit pas là de thrash metal ni même vraiment de metal mais plutôt de groupes issus de la vague punk. Parmi eux figurait donc KILLING JOKE avec la reprise du titre "The wait", originellement sur le premier album Killing Joke sorti en 1980. Ayant alors dans mon entourage un cousin fan de Metallica qui s'était procuré cet enregistrement par curiosité, j'avais ainsi pu découvrir Killing Joke. Je dois reconnaître qu'à l'époque la version originale m'est apparue assez surprenante car très différente de la version thrash metal de Metallica. En fait, cet album était à l'époque pour moi difficile à définir et au premier abord je n'avais pas trop accroché cet album qu'aujourd'hui je trouve excellent, et qui est en fait du post-punk industriel froid, tribal, et aussi mystérieux que sa pochette.
23 ans après, Killing Joke est toujours vivant, et sort même un album intitulé une fois encore Killing Joke, symbole de renaissance, qui succède ainsi à Democracy, album qui remontait à 1996. Ce dernier album en date est évidemment différent de l'album de 1980. En 23 ans de carrière ,Killing Joke a évidemment beaucoup évolué puisque son post-punk industriel du début (Killing Joke en 1980, What's this for en 1981, Revelations en 1982, Fire Dances en 1983) a influencé pas mal de groupes (notemment plus goth comme Every New Dead Ghost, Dawn Fades, ...) mais s'est muté progressivement en rock indus très new wave, avec entre autres un hit, "Love like blood," sur Nightime en 1985 et l'album Brighter than a thousand sun (1986). Puis le groupe a tendu progressivement vers le metal indus à partir de Pandemonium en 1994, qui a plutôt bien marché. Cet album de retour s'inscrit clairement dans le metal industriel et leur rock industriel est plus metal que jamais.
Un nouvel album donc très metallique, un album de metal indus, puissant, avec la voix de Jaz Coleman très agressive. Ce côté metallique, c'est aussi le son 2000 car le rock s'est durci entre temps, peut-être à partir du succès de Nirvana, d'ailleurs Dave Grolh se retrouve ici à la batterie assez bizarrement. Je trouve la première moitié de l'album justement bien plus agressive, clairement metal indus avec le très bon "Asteroid", ou encore l'excellent "Blood on your hands" qui rappelle un peu le culte "The Wait" (sur le Killing Joke de 1980), ou encore "The Death and Resurrection Show". Le résultat est un album de metal indus, puissant, efficace, avec évidemment les sonorités typiques de Killing Joke, le côté tribal des percussions et leur son de guitares particulier quoique plus metallique.
Il y aurait beaucoup à dire sur Killing Joke, mais on retiendra que c'est un groupe précurseur, à l'imagerie assez singulière et aux concepts particuliers, s'intéressant au mysticisme, au shamanisme, à la guerre, à la société, ayant fait par-ci par-là quelques provocations (voir la pochette de la compilation Laugh? I nearly bought one! en 1992), et à l'ironie évidente aussi (comme dans le titre "The Death and Resurrection Show") ; n'oublions pas que le nom "Killing Joke" signifie canulard .
Killing Joke, vieille référence de l'industriel au sens large et rock du terme, a produit là un très bon album, clairement metal-indus, qui s'avère être son album le plus metal. A cette occasion, Killing Joke débute une tournée européenne à l'automne 2005 !
Adnauseam (2005)