LAKE OF TEARS
"Moons and Mushrooms"
Gothic metal psychédélique
Suède
Dockyard 1, 2007
A l'instar de Eternal Tears of Sorrow, il y a chez Lake of Tears un décalage certain entre le patronyme excessif et la musique; cela est dû aux débuts du groupe, puisque Lake of Tears a émergé de la mouvance dark metal/doom romantique.
Contrairement à la plupart des groupes de seconde zone (même si Greater art était bon), le groupe a eu une certaine longévité tout en restant un groupe de seconde zone. C'est simple, j'avais découvert Lake Of Tears en 1994 à la sortie de leur premier album et je les retrouve aujourd'hui avec Moons and Mushrooms, et autant dire que ça n'a strictement aucun rapport. 14 ans après, le groupe est toujours en vie et n'a pas percé, réalisant là son sixième album avec une histoire assez mouvementée toutefois mais plutôt anonyme. A la base, Lake of Tears, pratiquait un gothic/doom quelque part entre CEMETARY, avec qui de nombreux liens existaient (backing vocals, production et un solo par Matthias Lodlmam) et TIAMAT époque Clouds. Puis Headstones est sorti en 1995 provoquant chez moi une déception à l'époque et ne confirmant pas ainsi mes espoirs concernant cette formation.
Quand est sorti A Crimson Cosmos, en 1997, à la vue de la pochette psychédélique et du titre, je me suis totalement désintéressé du groupe sans même tenter "l'expérience" musicale. Même s'il a connu un certain succès, si l'on en croit la biographie du groupe, cet album marque une évolution déconcertante vers le rock psychédélique/stoner se mariant alors à leur gothic metal et quittant définitivement leurs racines doom/gothic. En 1999, sort Forever autumn qui entraîna peu après le split du groupe, la biographie l'évoquant comme un album peu inspiré; celui-ci a l'avantage de délaisser le côté psychédélique du précédent album et se veut mélancolique comme sa pochette, mais sonne plus comme des ballades fades d'un rock planant mélancolique. Enfin Daniel Brennare sort un ultime album tout seul, The Neonai, un album plus entraînant et mélodique, marquant surtout la fin de la carrière du groupe en 2002, et qui avait pour finalité de clore le contrat avec Black Mark (un peu comme le bâclé Last confessions de Cemetary en 1997, moins de 30mn qui semblent traduire une lassitude après de belles réussites et la volonté de finir le contrat avec Black Mark). Puis Lake of Tears finit par se reformer et sort chez Noise Records Black Brick Road, sorte de metal gothique et psychédélique qui synthétise bien la double aspiration du groupe (et les deux tendances des anciens groupes de doom qui ont pris le chemin de l'un ou de l'autre, Lake Of Tears prenant les 2?!?. Il n'y a évidemment aucun lien ni de près ni de loin avec Type O Negative). Je pense que le groupe a dû être marqué/ désorienté par le One Second de PARADISE LOST (sorti justement en 1997...) qui partait un peu dans tous les sens et qui a eu un impact certain sur la scène vu son succès...
On se retrouve donc avec ce Moons and Mushrooms, deuxième album depuis la reformation, avec cette fois-ci encore un nouveau label... Malgré son manque d'unité, Lake of Tears a réussi à développer une identité, déjà par la voix spéciale de Daniel, qui se veut mélancolique, posée et psychédélique, puis cette rencontre bien marquée entre gothic metal et metal psychédélique, que d'ailleurs évoque bien le titre de l'album, avec les Lunes et le folklore "gothique" qui peut y être attaché d'un coté, et les champignons sous-entendu hallucinogènes, symbole psychédélique. L'imagerie du groupe finalement est, elle aussi, assez parlante aspects mélancoliques, psychédéliques et urbaines.
Après une plongée au sein de la discographie du groupe, il apparaît que ce Moons and Mushrooms est le meilleur album du groupe depuis les 2 premiers albums, intégrant les différents éléments développés par le groupe, mais ayant aussi plus d'unité cette fois-ci que Black Brick Road dont il est la continuité, en proposant des morceaux entraînants avec des mélodies accrocheuses et des synthés efficaces, intégrant chacun les éléments psychédéliques et mélancoliques, également plus "brut" que les précédents. Outre, le premier morceau "Last purple sky" qui ouvre de façon bien peu captivante cet album et "Children of the grey", affreuse ballade fade et lassante typique de Lake Of Tears, l'ensemble est agréable à écouter. Au premier abord (avant de me faire toute la discographie du groupe...), je me disais qu'un truc clochait, puis une fois rentré dedans, habitué à la voix de Daniel, et à ce double aspect que le groupe tente d'accorder, car Lake Of Tears ne fait nullement dans le stoner, on finit par pouvoir apprécier leur musique et leur style bien abouti sur cet album.
Je ne saurais dire concrètement aujourd'hui à quel groupe ressemble le groupe, comme quoi, et je me demande bien ce que le groupe écoute, la reprise de Status Quo en bonus est-elle un signe?!? Enfin ne nous affolons pas, rien de bien novateur ni de très émotionnel ou marquant, mais un album appréciable à consommer...
Adnauseam (2007)