MACHINA DEUS EX
"Unease"
Autoproduction, 2004
Gothic metal, France
Unease est le premier mini-cd de Machina Deus Ex, qui nous livre cinq titres pour plus de 23 minutes, produit par Alexis Phelipot (ex-batteur de Misanthrope). Unease fait suite à trois demos, la première en 2000, la deuxième en 2001 et la dernière en 2003. Le groupe définit son style comme étant du "trip metal", témoignant ainsi d'une volonté évidente et louable de dépasser les étiquettes puisque le groupe revendique un certain nombre d'influences variées des premières et moins perceptibles comme Metallica ou Megadeth (sauf sur les dernières secondes du cd) à Anathema en passant par Muse, Zeromancer, Paradise Lost, Lacuna Coil. Par cette expression, il s'agit pour le groupe d'évoquer une rencontre entre le trip-hop et le metal ; on peut se demander si un tel mélange est possible et à quoi ça pourrait ressembler, probablement alors à Machina Deus Ex. Mais puisqu'il faut classer les groupes je dirais que Machina Deus Ex pratique du gothic metal, en tout cas les amateurs du style devraient apprécier.
Après une intro "électronisante", on entre dans deux morceaux excellents de gothic metal émotionnel. On notera la présence de deux chants, un chant féminin et un chant masculin , qui oeuvrent dans des registres assez proches et qui se marient bien. Les deux voix sont émotionnelles : une belle voie féminine, et une voix masculine assez spéciale que je rapprocherais de groupes comme Entwine. Les deux premiers titres sont très gothic metal puis "Last scene", le troisème morceau, apparaît comme l'apogée de cet enregistrement, un titre vraiment excellent et émotionnel. Après cette apogée, les deux titres qui suivent apparaissent moins ultimes tout en étant très appréciables, avec un chant féminin qui me rappelle sur le quatrième titre un peu les premiers albums (excellents) de Theatre of Tragedy.
Unease se révèle donc un très bon premier mini-cd mariant diverses influences de façon surprenante au sein des morceaux, ce qui témoigne d'une personnalité évidente, ce qui n'est pas donné à toutes les formations...
MACHINA DEUS EX
"Figurines"
Symbol Musik, 2008
Gothic metal, France
Amateur des premières formations de gothic metal qui étaient un prolongement du doom avec notamment Theatre of Tragedy et les débuts de Tristania, je me suis toutefois détourné de cette mouvance qui s'est malheureusement vite égarée, enfantant soit des groupes à chanteuse à la mélancolie grand public, soit des groupes s'intégrant dans ce nouveau marais "Goth/electro/metal" ; en 2008 seul Draconian témoigne encore d'un encrage dans le doom. MACHINA DEUS EX appartient à la deuxième mouvance. M'étant fortement désintéressé de cette scène, j'étais pourtant curieux après le premier mini-cd Unease d'entendre ce que donnerait le premier album : Figurines se révèle être dans la droite lignée de Unease à tous les niveaux. On y retrouve d'ailleurs deux titres, le très bon "On the verge", et le "theaterien" "So tired"; le touchant "Last scene" y aurait été le bienvenu mais le mini-cd étant téléchargeable sur le site, ce n'est pas perdu...
Figurines témoigne qu'on peut encore faire quelque chose de bon en gothic metal en 2008. Pourtant il ne révolutionne pas le style: il s'agit de gothic metal avec un chant double: un chant clair masculin et un chant féminin, d'égale proportion, qui souvent se mêlent ou s'entrecroisent, accompagnés de bidouillages électroniques qui parsèment la musique. Cet usage n'est pas novateur, et je ne suis pas partisan d'utiliser des sons électroniques comme agrément sans réelle utilité, mais ici la sauce prend. Les quelques incursions de piano sont par-contre bien utiles et ajoutent de l'émotion. Dans tous les cas ces éléments sont secondaires, il n'y a d'ailleurs pas de membre attitré en charge de ceux-ci.
Le groupe pêche cependant à mon avis par deux fois, d'abord avec le morceau "Deep coma" qui semble être établi comme un hit, alors qu'il représente au final mal le style du groupe avec cette mélodie qui rappelle l'un des clips de Rammstein, et puis il y a cet abandon à la manie des remix importé de la scène gogothelectro en remixant en fin d'album "Carcinogenic". Il s'agit toutefois d'une version réussie, non boum-boum (avec également une fin cachée en electro symphonique) flirtant peut-être plus avec le trip-hop donc quelque chose de plus intimiste, qui fait écho à l'instrumental "enioreh ym; n'oublions pas que le groupe se présentait au début comme du "trip metal". Espérons toutefois que le groupe ne s'égare pas en si bon chemin car, pour faire un clin d'oeil au titre du mini-cd, s'il n'est pas facile d'exprimer ses émotions, Machina Deus Ex a une facilité à créer une musique émotionnelle. D'autant que l'expression des émotions est ce qui est au coeur de Machina Deux Ex, le titre Figurines , étant évocateur, les figurines étant à la fois fragiles et des personnages que l'on peut faire parler, ce que n'hésite pas à faire le groupe en exprimant des émotions à travers l'utilisation de personnages (cf interview). Pour être plus concret, on peut ressentir, entre autres, Lacuna Coil comme influence, même si a la chanteuse a une voix plus douce mais intense, moins mise en avant mais omniprésente. Et malgré un chant masculin particulier (dans la lignée de groupe comme Entwine) omniprésent (à la différence de Lacuna Coil), le chant produit à partir de ces deux voix qui s'entrecroisent, crée quelque chose de très émotionnel. La musique est plutôt entraînante, avec des mélodies accrocheuses.
Je n'adhère pas à tout dans Machina deus Ex, certains passages sont plus insipides en ce qui me concerne, mais très vite oubliés par des moments très émotionnels, Machina Deux Ex ne faisant pas dans le cool ou le léger, sans aucunement faire dans le grandiloquent ou dans le pseudo romantique, mais il distille une mélancolie humble, mais touchante, à l'aide d'un gothic metal entraînant et mélodique, soigné comme l'esthétisme de ses pochettes.
Adnauseam
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