Chroniques
The Voice of the Wretched (2002)
Songs of Darkness, Words of Light (2004)
A line of deathless kings (2006)
"The Voice of the Wretched"
Gothic doom death atmospheric
Royaume-Uni
Peaceville, 2002
The voice of the wretched est le premier enregistrement live audio de My Dying Bride, et si les dvd ont un intérêt plus qu'appréciables (un seul à la grande époque, et un deuxième ensuite), les enregistrements audio en ont bien moins je trouve, surtout dans le cas d'un groupe de doom, car il s'agit avant tout d'une musique lourde et triste qui n'invite pas à communiquer avec son voisin, et ce n'est pas une musique, contrairement à d'autres style de metal, basée sur la puissance ou la technique mais sur l'émotion. Pourtant My Dying Bride aime les concerts, d'ailleurs celui auquel j'ai assisté en 1995 en première partie de Iron Maiden (oui on devait être deux à être venus pour MDB…) m'a laissé un souvenir impérissable… Mais les enregistrements live, comme cette "voix de l'infortuné" en tête d'affiche le 04 mars 2001 à Tilburg aux Pays-Bas, sont plus propices désormais puisqu'il s'agit d'un public de frères du doom; la catharsis prend alors tout son sens, un peu comme les tragédies grecques auxquelles se rendaient les anciens comme à une fête pour se purger des émotions négatives! La communication entre le chanteur et le public est d'ailleurs réduite à son plus simple effet, c'est-à-dire annoncer et remercier, mais chaleureusement.
Ce live enregistré en 2001 a un sens et un intérêt puisque My Dying Bride est revenu à partir de The light at the end of the world, sorti en 1999, à son ancien style: le doom death atmospheric, style que bien peu de précurseurs pratiquent encore, et préparait alors l'album The dreadful hours. Cependant, My Dying Bride est affublé, depuis 1998, d'un changement notable avec l'absence d'un ingrédient à part entière de cette première époque: le violon, disparu en même temps que Martin Powell (une courte période aux synthés dans Anathema puis aux synthés ensuite dans Cradle of Filth). Et cet album live de 10 titres ne comporte pas moins de 4 titres du cultissime Turn loose the swans (un des albums les plus dépressifs que j'ai écouté, aux effets émotionnels atemporels), sorti en 1993, avec "The snow in my hand", "Turn loose the swans" (les 2 sont inversés par rapport à ce qui est indiqué au dos?!?), "Your river", "The fever sea". Ces titres sont donc joués ici au synthé par Yasmin Ahmed. Le violon, marque typique du groupe, beaucoup copié à l'époque, rarement égalé, manque tout de même terriblement sur certains passages où il était "lead", et le synthé rend moins cette mélancolie si forte et tunique. My Dying Bride s'en sort toutefois bien grâce à un synthé atmosphérique très sombre. C'est surtout sur les titres de cet album au violon si mis en avant (jouant comme toujours en lead) et plus présent que sur les suivants (dès le suivant Martin se partage entre synthé et violon) qu'on ressentira un manque évident, même si Yasmin se débrouille assez bien. Les autres albums sont honorés mais avec seulement un morceau. Ainsi, on retrouvera l'excellent, incontournable, hypnotique et mélancolique "The cry of mankind" de The angel and the dark river (1995); puis pour Like Gods of the sun (1996) (bon album certes, mais nettement moins bon que le précédent, laisssant ainsi présager des doutes sur la suite), c'est le bon morceau "A kiss to remember" qui est joué, et non le titre promo "For you", avec ici aussi un beau moment de violon en moins remplacé par un synthé atmosphérique. Même l'album expérimental et franchement hors sujet 34,788%..complete (1998) est honoré avec "Under your wings et into your arms", pas le meilleur, mais un titre correct, comme quoi My Dying Bride ne renie pas cet album; en tout cas les influences de cette époque ont totalement disparues aujourd'hui heureusement. La prestation se clôture de manière surprenante avec le titre "Symphonaire infernus et spera empyrium" du mini-cd du même nom (1991) qui avait précédé As the flower withers (1992) (absent ici du coup), avec son intro, et qui avait servi à réaliser le premier clip du groupe (là aussi pour un résultat atemporel très marquant) auquel s'attaque MY Dying Bride, sans violon, ici dans sa version intégrale et ses longs passages death metal sur lesquels ils ont toujours aimé clôturer leurs prestations. Evidemment, le nouvel album d'alors "The light at the end of the world" (1999) qui marquait un très bon retour de My Dying Bride à l'époque "Turn loose the swans", largement majoritaire lors de cette prestation, et à "The angel and the dark river", est de la prestation puisque "She is the dark", l'un des meilleurs morceaux de la carrière de My Dying Bride, est le premier morceau joué ce soir là, et là, le synthé ne comble aucun violon et se révèle particulièrement excellent, d'autant plus que différent et plus sombre de la version studio. "Cruel taste of winter" est également joué.
Au final, seulement deux titres du dernier album en date, comme si l'objectif de ce live était de s'attaquer avant tout à leur discographie sans le violon. Dans la répartition des hommages à chaque album, on notera une présence plus marquée de morceaux de Turn loose the swans; véritable chance de pouvoir réécouter ces morceaux cultes grâce à un retour aux sources opéré dès The light at the end of the world, qui restera avec le bémol de l'absence du violon si typique de Martin. Aucun morceau cependant de The dreadful hours qui sortira en novembre de cette même année, toujours dans une lignée oscillant entre Turn loose the swans et The angel and the dark river, et à nouveau inférieur à ces deux chefs d'oeuvres mais toujours supérieur à leurs clônes.
Adnauseam
"Sinamorata"
DVD
Gothic doom death
Peaceville, 2005
Deuxième dvd pour MY DYING BRIDE puisque Sinamorata succède à For darkest eyes, la video récemment rééditée en dvd incluant un live de l’époque The angel and the dark river ainsi que tous les clips réalisés jusqu’à cette époque. C’est aussi le troisième enregistrement live du groupe, succédant ainsi à The voice of the wretched enregistré en 2001, premier enregistrement live du My Dying Bride deuxième époque.
Ce dvd tombe donc au bon moment pour refaire le point sur la carrière de MY DYING BRIDE qui comporte à nouveau un line-up fixe de six membres, mais toujours pas de violoniste, à croire que la place de Martin Powell laissée vacante en 1998 ne sera pas reprise. La traditionnelle gallerie photo nous permet d’ailleurs de mieux s’imprégner de chacun des six membres actuels qui incluent des ex-SOLSTICE. Si The voice of the wretched privilégiait incroyablement l’album Turn loose the swans, cet album a cette fois-ci complètement disparu de la setlist de ce concert de novembre 2003, les enjeux de l’époque n’étant probablement pas les mêmes, et depuis son retour au doom/death, My Dying Bride en est déjà au troisième album pour cette deuxième époque, ce qui permet de largement alimenté une nouvelle playlist. Ce qui ressort de la play-list de cette prestation, c’est d’avoir privilégié l’album "The dreadful hours", le second album de la deuxième époque avec "The dreadful hour" qui ouvre la prestation, "The raven and the rose" et l’excellent "My hope, the destroyer", l’un des meilleurs morceaux de leur carrière, il faut bien le reconnaître. Sur cet album, My Dying Bride avait réenregistré un de leur vieux morceau culte avec "The return of the beautiful" de l’album As the flower withers (1992), ne soyons-donc pas ahuris même si la surprise est de taille de retrouver la toute première version de "Sear me" qui semble attester d’une nostalgie cette période-ci portée plus sur As the flower withers après celle consacrée à Turn loose the swans. Le dernier album en date Songs of darkness, words of light est évidemment présenté avec l’imposant "Wrekage of my flesh", là aussi l’un des meilleurs morceaux de leur carrière, très doom, ainsi que les titres "The prize of beauty" et "Catherine Blake". Il serait également inimaginable de faire l’impasse sur l’excellent et là encore l’un de leur meilleur morceau "She is the dark" extrait de l’album du retour au doom death, The light at the end of the world, tout comme "The fever sea" qui clôt la prestation. Concernant les anciens albums, mise à part Turn loose the swans sur lequel il est fait l’impasse, on retrouve l’incontournable "The cry of mankind", toujours aussi mélancolique de The angel and the dark river (1995), "A kiss to remember" de Like gods of the sun (1996) et toujours assez bizarrement un titre du toujours si étrange "34%"(1998) avec "Under your wings and into your arms". La playlist est donc d’un excellent choix, incluant tous les nouvelles compositions de qualités du groupe en plus de classiques.
Quand à la prestation visuelle, elle est comme toujours égale à elle-même: à la fois sobre, très prenante et très théâtrale grâce à la prestation gestuelle et émotionnelle de Aaron, mais il y a cependant un gros détail qui cloche: probablement par maladresse, la tenue de Aaron le fait ressembler à un cosmonaute, ce n’est pas tant à cause de la couleur blanche de la tenue car cette couleur pure et religieuse colle finalement à merveille au concept même si c’est assez inhabituelle pour un groupe de ce style de musique, mais c’est cette tenue probablement un peu cyber goth à l’origine qui donne l’impression d’une combinaison de cosmonaute et qui a un côté très grossier qui tranche vraiment avec l’objectif voulu puisque les musiciens sont vêtus comme pour une célébration, arborant vestes de costume et chemises blanches.
La partie bonus propose trois excellents titres filmés de manière plus amateur que ce concert principal hautement professionnel avec "The dreadful hours", "The raven and the rose" et "She is the dark" et là la prestation visuelle est parfaite, avec Aaron en noir comme à l’accoutumée comme l’ensemble du groupe, et la prestation visuelle est irréprochable et très prenante, comme quoi ce détail maladroit à un impact réel sur une prestation filmée de manière si pro et si parfaite.
Concernant les autres parties de ce dvd, on notera deux parties consacrées à des clips. La première comporte deux clips du dernier album avec "The prize of beauty" et "The blue lotus", qui ne sont pas les meilleurs morceaux de l’album mais surtout qui proposent un travail assez décevant par rapport aux clips si marquant que le groupe a pu réalisé par le passé. Un travail d’autant plus décevant si on le met en relation avec la deuxième partie des clips qui sont en fait des clips réalisés par des fans du groupe et qui proposent des travaux bien plus inspirés par le vieil esprit esthétique de My Dying Bride, faisant ressortir le côté mystérieux et poétique propre au groupe avec un excellent clip pour "My hope, the destroyer", un des meilleurs morceaux de My Dying Bride, très proche dans l’esprit de The angel and the dark river, qui fait bien ressortir par ses images le ressenti face à la perte d’un être cher. "My Wine in silence" est mystérieux également mais assez différent tout de même, avec ses images mystérieuses en noir et blanc qui nous montre les énigmes d'une femme après un crime passionnel.
Ce dvd propose un concert d’une qualité réellement professionnelle qui maintiendra l’énigme de ce look étrange et maladroit pour le pourtant très charismatique Aaron. Le second regret porte sur les récents clips réalisés par le groupe bien moins marquants et plus classiques que par le passé. Quand à la présence de clips réalisés par des fans, je ne sais pas comment cette démarche a pris forme, si c'est le groupe par le biais de son site qui aurait suggéré l’idée ou si au contraire, ce sont des adeptes du groupe qui leur ont fait part de leur travail. Cependant si la qualité de ces clips est incontestable et appréciable, il serait mieux que ce soit le groupe qui continue de nous subjuguer par son esthétisme à la fois poétique, mystérieux et mélancolique que celui de ses adeptes. Malgré ces quelques points négatifs, cet enregistrement video de grande qualité est évidemment à acquérir.
Adnauseam
"Songs of Darkness, Words of Light"
Gothic doom death
Royaume-Uni
Peaceville, 2004
Songs of darkness, Words of light est le huitième album du groupe et le troisième album de la deuxième période de My Dying Bride qu'on peut estimer débuter avec The light at the end of the world en 1999, qui marque un retour au doom/death plutôt qu'au gothic/doom, après un passage expérimental.
Que dire de ce nouvel album? My Dying Bride incarne toujours le gothic doom/death avec classe. Je dis doom/death mais il n'y a évidemment pas de voix death au sens classique du terme; il y a toujours la voix claire si poétique et désenchantée de Aaron comme voix dominante et toujours quelques passages de voix plus graves, plus criées, qui vont parfois vers des intonations black. La musique est toujours lente et lourde, et profondément mélancolique, avec des moments de tension, de violence accrue. Mais toujours pas de retour du violon, marque caractéristique du groupe lors de sa première époque. Pourtant cet album est vraiment sombre, il a une tonalité sombre plus accrue, surtout sur le premier titre "The Wreckage of My Flesh", un titre qui restera parmi les meilleurs de My Dying Bride. On peut également constater des passages rappellant les débuts des cultes Candlemass, autre pilier du doom, probablement une influence diffuse et non volontaire puisque Candlemass compte parmi les références de My Dying Bride.
Je ne m'étendrais pas plus puisque ceux qui connaissent My Dying Bride auront compris qu'il s'agit là d'un album de pur My Dying Bride, même si certains diront que les meilleurs albums de My Dying Bride resteront, ce qui est vrai, les piliers que sont Turn Loose the Swans ou The Angel and the Dark River et qu'ils se demanderont toujours pourquoi être retourné au doom/ death de Turn Loose The Swans et ne pas être reparti de The Angel and the Dark River; probablement que le groupe propose aujourd'hui quelque chose qui provient de tous ses albums puisque si l'album a une fois encore une tonalité doom/death atmospheric, les titres sont finalement assez variés et l'excellence côtoie parfois le juste bon. En tout cas, le retour des voix doom/death redonne un côté épique à leur musique. Et même si comme je l'ai dit My Dying Bride a déjà donné le meilleur de lui-même à ses débuts, il n'en propose pas moins aujourd'hui de bons albums, comportant même certains titres et passages excellents qui n'ont d'égal que le meilleur de My Dying Bride.
L'ensemble de Songs of Darkness, Words of Light se révèle donc très bon et imprégné de cette atmosphère sombre authentique, mais reste en définitive moins ultime que la première époque.
Adnauseam
"A line of deathless kings"
Gothic Doom metal
Ryaume-Uni
Peaceville, 2006
A line of deathless kings est le neuvième album de ce groupe culte de doom, et succède donc à Songs of darkness, Words of Light sorti en 2004. Inutile de rappeler que My Dying Bride est le groupe culte de doom, oscillant entre gothic doom et doom/death depuis ses débuts. Chaque nouvel album de groupe culte suscite attente et parfois déception. Il est de bon ton d'encenser chaque nouvel album d'un groupe culte, pourtant on est d'autant plus exigent de ce que peut produire un groupe culte, et suivant dans mon cas My Dying Bride depuis son premier album, il y a un attachement inévitable et une grande attente à chaque fois. Inutile probablement de répéter qu'il y a deux périodes dans My Dying Bride, la première allant du premier album au quatrième évolue d'un doom/ death atmosphérique au gothic doom avec du violon au premier plan, puis un album expérimental à tous les niveaux voit le jour (34,788%...complete en 1998), où le groupe semble s'égarer, puis My Dying Bride retourne dès l'album suivant au doom/ death, et depuis oscille à nouveau entre le doom/ death et le gothic/ doom.
Alors qu'en est-il de ce nouvel album? Je dois dire que j'ai été plutôt déçu dans l'ensemble; My Dying Bride reconnaît d'ailleurs qu'il est toujours plus difficile à chaque album de trouver l'inspiration. Si les trois précédents albums m'avaient convaincu malgré quelques titres moyens, j'ai eu beaucoup plus de mal à entrer dans celui-ci. My Dying Bride semble toujours se chercher depuis la deuxième époque parmi les différents aspects de son style qu'il a élaboré, car il n'y a rien de vraiment nouveau ni de surprenant dans son style; My Dying Bride distille son style de référence souvent avec beaucoup de réussite mais parfois de manière moindre comme sur ce A line of deathless kings.
Pour cet album, My Dying Bride a abandonné les voix doom/death ou criées et les passages violents, pour s'axer sur les voix claires et mélancoliques, mais sur ce modèle, le résultat est quand même bien loin de The angel and the dark river (1995), car la voix de Aaron, certes mélancolique, n'est pas aussi parfaite que par le passé et est d'ailleurs trop mise en avant. Quant à l'absence de passages agressifs, elle contribue peut-être également à provoquer parfois une certaine platitude dans certains morceaux comme "Deeper down" par exemple qui pendant les cinq premières minutes apparaît bien fade. En fait le chant death apparaît juste sur la dernière minute de l'album qui se finit étrangement de façon assez death. Il y a donc dans cet album beaucoup de passages fades, beaucoup plus que le peu que l'on pouvait déjà trouver parfois sur les derniers albums, des passages qui manquent de cette charge émotionnelle si propre à My Dying Bride. Pourtant l'album n'est pas monotone, car si les morceaux sont toujours nettement supérieurs aux 5mn, lils changent beaucoup et malgré des parties fades, il y a toujours de très bons passages émotionnels ou judicieux, tout comme ces longues mélodies mélancoliques dont My Dying Bride a le secret. Un autre aspect négatif qui contribue à rendre l'album parfois fade est la discrétion des synthés. On avait fini par digérer l'abandon du violon, mais là le synthé semble bien peu présent et pourtant My Dying Bride sait très bien l'utiliser pour renforcer les atmosphères; il n'y a donc pas assez de synthé, ce qui est dommage puisque ses sons atmosphériques sont toujours très profonds et bien dilués. Malgré tout cela, il y a de très bons morceaux et passages dans cet album comme "And I walk with them" avec un début très CANDLEMASS (une influence qui ressort parfois chez My Dying Bride deuxième époque) suivi d' un très bon passage avec une mélodie très prenante et de la narration. "L'amour détruit" est également un très bon morceau.
My Dying Bride reste My Dying Bride évidemment, avec ses sonorités, ses atmosphères poétiques et mélancoliques, mais a cette fois-ci un goût parfois un peu fade. L'ensemble reste cependant tout à fait correct.
Adnauseam