NIGHTFALL (Dark metal - Grèce)

NIGHTFALL
" Lyssa : Rural Gods and Astonishing Punishments "
Gothic metal / heavy death, Grèce
Black lotus, 2004
 

La sortie discrète de Lyssa en 2004 noyée dans le flot continu des sorties d'album n'était pour ma part pas anodine puisque Nightfall qui présentait là son septième album était loin de m'être inconnu puisque j'avais été un fervent adepte de leurs premières productions. A l’époque, j’ai suivi avec entousiasme chacune de leur sortie qu’il s’agisse du premier album "Parade into centuries" (1992) plus axé doom, de l'excellent album "Macabre Sunsets" (1993) défini comme du war metal (en fait un style mixant doom-death atmospheric et black), du ep "Eons aura" en 1994 avec ses 4 inédits dont  d’étonnantes reprises de Manowar et Army of Lovers, ou même de "Athenian Echoes" qui a marqué la fin de cette première époque culte. On peut également évoquer l'impressionnant "Oh Black Queen, Oh You're Mine" en 1993, 45 tours chargé en atmosphère tant musicalement qu'esthétiquement.

Et puis à la sortie de "Lesbian Show" en 1997, Nightfall a soudainement changé aussi bien d'imagerie que de direction musicale. Cet album a marqué une véritable rupture dans  l’histoire de Nightfall et a établie deux périodes distinctes. A ce moment-là que Nightfall a également changé de logo, ce qui n'est pas anodin. A l'époque le peu que j'avais entendu de ce "Lesbian Show" était le morceau promotionnel du même nom (morceau très mal choisi faut-il souligner) qui ne m'avait pas inspiré ; j'avais alors un peu laissé tomber Nightfall, en concluant que Nightfall rejoingnait le lot des groupes cultes du début des années 90 qui avait perdu inspiration, identité et attrait dans la deuxième partie des années 90. Le Nightfall deuxième époque avait alors disparu de mon univers musical.

Ce n'est que peu de temps après la sortie de "I am Jesus" (2003), et donc peu de temps avant "Lyssa" que ma curiosité a été ravivé, mettant ainsi Nightfall d'actualité après 4 années de silence, contre toute attente m'étais-je dit.  J'ai donc redécouvert à mon agréable surprise et en peu de temps la plupart des enregistrements de Nightfall qui me manquaient: "Lesbian show" puis "I am Jesus" et même "Electronegative" encore plus récemment. Dans ce contexte, j'étais donc très optimiste quand à la sortie du nouvel album de Nightfall.

Et il semble que cette fois-ci Nightfall ait trouvé son style puisque "Lyssa" confirme le style de "I am Jesus" sorti en 2003, qui était leur premier album chez Black Lotus et qui marquait leurs premiers pas loin de Holy Records, dont Nightfall était un groupe emblématique puisque leur  premier album "Parade into centuries" sorti en 1992 avait également été la première production du label et le début d'une fructueuse collaboration. Des deux périodes de Nightfall, "Lyssa" s'inscrit bien-sûr clairement dans la seconde période puisqu’il n’y a pas un retour au Nightfall des débuts et à son atmosphère, mais il est clairement dans la continuité de "I am Jesus", et n'a donc que peu de rapport avec un enregistrement comme "Electronegative" où le groupe semblait se chercher.

Le style de Nightfall  peut désormais être présenté comme un dark metal à mi-chemin entre le gothic metal et une sorte de heavy dark death. Depuis "I am Jesus", Efthimis a renoué avec son chant dark death, parsemé de voix claires parfois un peu goth. Et puis la musique est toujours à dominante entraînante avec des mélodies émotionnelles, bien-sûr loin des ambiances haineuses et guerrières d'antan, mais pourtant finalement bien efficaces. Au moins on n'a pas l'impression que Nightfall nous sert du réchauffé (souvent indigeste) mais au contraire que Nightfall a cette capacité d'élaborer son propre style.

A l'écoute des 11 titres de Lyssa, on se dit que finalement l'évolution de Nightfall est réussie, et que le Nightfall d'aujourd'hui sonne tout à fait inspiré, contrairement à beaucoup de vieilles formations cultes de la même époque dont l'inspiration les a définitivement quitté après l'abandon de leur style originel.