THE PURITAN
"Lithium Gates"
Doom metal solennel
Finlande
Spikefarm, 2009
Le Reverend Bizarre est bel et bien mort et ne se relèvera pas de sa tombe, comme l’ont affirmé les membres de cette entité lors de la sortie à titre posthume en février 2009 d’une compilation double cd regroupant différentes compositions éparpillées sur des ep. Si Reverend Bizarre est mort au sommet de sa gloire en 2007, et qu’il avait dit tout ce qu’il avait à dire (il faut parfois savoir se retirer au sommet…), ses membres ont rallié d’autres congrégations comme Lord Vicar, à laquelle participe Peter Vicart aux côtés entre autres de Christian Lindersson, chanteur de Saint Vitus époque Children of Doom et Count Raven, ou encore The Puritan pour le chanteur Albert Witchfinder. Les membres ont en réalité de nombreux projets comme Orne, projet psychédélique déjà ancien réunissant les trois membres, mais The Puritan et Lord Vicar sont les héritiers du doom de Reverend bizarre. Je parle de l’aspect doom, car The Puritan, est totalement dépouillé de l’aspect psychédélique 70, probablement exulté à travers Orne. On se rappelle bien que le Reverend avait des crises qui se manifestaient dans des trances psychédéliques seventies. Mais ce nouveau projet est plus rigoureux à la base, son patronyme provient d’ailleurs du groupe religieux du même nom né au 15ème siècle.
Albert Witchfinder, qui a prêché à travers de nombreux projets qu’il s’agisse de la cold wave de sa jeunesse avec The Candles Burning Blue (dont on retrouve un autre membre dans cette congrégation), ou de la frénésie du black metal avec des projets comme Azrael Rising, n’a jamais été aussi solennel. Cela faisait en réalité depuis 2006 que Albert œuvrait à l’abri des regards dans cette congrégation. "Lithium Gates" est ainsi le dévoilement au grand jour de ses activités éditées jusqu’alors par I Hate Records et diffusées uniquement en vynil avec 2 ep "The puritan" en 2006 et "The black law" en 2008, ce qui représente dix prêches pour une célébration de 67mn.
Les compositions de The Purtian sont plus courtes que celles de Reverend Bizarre, le maximum n’atteignant pas les 11mn, avec de nombreux morceaux proches des 5mn. Par-contre les noms des morceaux sont beaucoup plus longs, y compris pour les morceaux instrumentaux. La musique n’en est pas moins lourde et lente, très solennelle, avec des rythmes très appuyés. Le premier ep est tout de même plus solennel et est une parfaite continuité de Reverend Bizarre. Je parlais plus haut d’une musique à la base (encore) plus solennelle, car The Puritan semble à partir de sa deuxième réalisation évoluer vers quelque chose de plus expérimental qui se détache plus de Reverend Bizarre. Sur les 6 morceaux de The Black Law, Albert ne chante que sur 2 morceaux mais cette réalisation se termine de façon très solennelle et écrasante avec “The blue and purple lesson in Love”. D’une façon générale, les morceaux plus expérimentaux ne sont pas marqués par le chant de Albert qui n’est là que pour prononcer la sentence. Les autres morceaux de cet ep sont moins lourds et solennels. Ils n’en sont pas moins intéressants, parfois ambiant ou dissonants, jouant le rôle un peu d'interlude entre les sentences d'Albert. D'une façon générale, on trouve parfois en fond de façon discrètre des éléments comme des samples radiophoniques ou encore une sirène de guerre. "The touch of kindness knows no kingdom" se dispense de chant mais est couvert à la place en fonds par les pleurs d’une femme qui parfois ressemblent à des gémissements, probablement une pécheresse qui se repent ou encore une femme condamnée au bûcher, ou encore une sorte d’extase dans l’expiation… On connaît quoiqu’il en soit la détermination d’Albert Witchfinder qui ne porte pas ce nom pour rien !
Là où certains albums de doom nous abattent, Lithium Gates émane une certaine force : une force face à un destin inéluctable subit avec consentement et fierté, mais aussi par cette sentence prononcée face au monde…
Adnauseam
A lire : Chroniques de REVEREND BIZARRE