Siebensünden / Teratologen
Doom sludge oppressant
Suède
I Hate records, 2008
Voilà un cd sorti de nulle part arrivé au webzine, sans aucune information ou indication, si ce n'est ce patronyme pas si éloigné de celui de Siebenbürgen avec qui il n'y a aucun rapport ni de près ni de loin, mais qui se révèle être une très bonne surprise, comme quoi l'underground ultra-saturé reste toujours productif même si on se dit souvent qu'il faudrait le laisser en jachère. Siebensünden n'en est pourtant pas à ses premiers pas, d'une part on retrouve ses membres dans d'autres projets obscures comme Warcollapse ou Counterblast, et d'autres part, le duo a déjà sorti d'autres productions, En Kula till trost en 1998, et Blod, Slem, Galla en 2006, un 4 titres sortis en double LP (pas étonnant au vue de la durée des compositions) limité à 300 copies, disponible également en cd-r en 50 exemplaires (?!?) avec le même genre de pochette.
Siebensünden est ce qu'on peut appeler un ovni musical, bien difficile de le mettre dans une scène, et encore moins de le rapprocher d'un groupe suédois. La comparaison qui me vient spontanément à l'esprit est le groupe français MONARCH, avec ce même type de doom extrême, comprendre extrêmement lent, lourd, dépouillé, écrasant (on pourrait penser en cela au premier Cathedral, Forest of Equilibrium, en cela), accompagné d'un chant crié, et en arrière-fond on sent quelque chose d'un peu core dans ses racines mais au final tellement décalé et éloigné de cette mouvance; c'est une sorte de sludge poussé à l'extrême tout comme MONARCH. La longueur des deux morceaux de cet ep est parlante, "Herrens Djuriska Njutning" dépasse les 23mn, quand à "Glad Dig…Du Kristi Luder", il depasse les 20mn. On peut également faire le rapprochement avec KHANATE, le projet de Stephen O'Mallay de SUNN O))) car là aussi c'est du doom extrêmement lent et lourd sans être purement du doom.
Un background core qui transparaît outre dans le son saturé dans le folklore du groupe si l'on peut dire, signé sur Pas-83 Productions (http://pas-83.com) pour la version LP qui lutte pour "le changement social et la destruction musicale". Dérision ou véritable philosophie, en tout cas cet album est étrangement présenté comme une sorte de manifeste contre les chrétiens conservateurs et le nouveau mouvement moral, il traiterait visiblement des sectes chrétiennes et de l'endoctrinement religieux. Le groupe s'est d'ailleurs associé sur cet EP à un écrivain suédois subversif nommé Nikanor Teratologen, de son vrai nom Niklas Lundkvist, qui puise son inspiration aussi bien dans Sade, Lovecraft que des thématiques torturées, et qui prête ici sa plume aux textes criés de façon gémissante, sur cette musique dépouillée, lente, lourde, tranchante, avec quelques samples de voix et bruitages. Ce n'est pas vraiment de ce genre de musique qu'on attendrait quelque chose de revendicatif, la musique étant avant tout désespérée, elle est probablement une émanation de ce qui pourrit le quotidien. En tout cas, on est bien loin des attaques à deux balles et gratuites anti-chrétiennes, ou encore gauchistes, peut-être faut-il y voir un cri des pulsions, un peu comme la rencontre de Eros et de Thanatos dont nous parle George Bataille dans ses nouvelles, car la musique de Siebensünden est convulsive et torturée, il ne s'agit nullement ici d'un doom mélancolique, poétique ou encore exprimant un désarroi métaphysique, c'est bien plutôt une musique souffrante exprimant les pulsions.
Adnauseam