"Arsenic"
Gothic / batcave
Ecosse / Hollande
Mb Records, 2003
J'avais découvert SWAN DEATH en 1998 grâce à la compilation du fanzine gothique "La plume de Morphesa" qui proposait un titre de leur excellent album d'alors "Black wolf", ainsi que d'autres formations gothiques intéressantes comme les français de Cyanhide. Comme indiquée sur la pochette à l'aide d'une phrase étrange, il s'agit du cinquième enregistrement de Swan Death "non testé sur des animaux" (probablement donc qu'on en ignore les effets puisque habituellement on nous atteste du non-danger d'un produit pour notre organisme en le testant auparavant sur des animaux), puisque "Arsenic" succède ainsi à "Black wolf" (1998), "Endless, a means to an end" (1995), "Darkness"(1993) et "Compilation 89-90". Cette formation basée en Belgique, qui revendique les origines écossaises et hollandaises de ses fondateurs, est particulière à bien des égards, puisque d'une part la formation revendique son statut professionnel mais pourtant semble rester underground et en marge de la scène officielle "gothic electro" aussi bien dans sa popularité que dans sa démarche. Swan Death semble également, tout en s'insérant dans le style gothic (le "vrai" gothic, la scène gothic rock/batcave/deathrock, donc pas ce que l'on entend par gothic dans le gothic metal), faire preuve d'originalité tout en reprenant les éléments conceptuels et musicaux fondateurs de ce style.
A l'écoute de ce dernier album, ce qui frappe, c'est un côté plus dépouillé, c'est la mise en avant du côté gothic / batcave du groupe, avec une basse et des guitares bien en avant, à la différence de "Black Wolf" (à mon avis le meilleur de toute leur discographie) qui mettait l'accent sur les ambiances dark. Mais si Swan Death semble mettre en avant ses racines gothic/ batcave, cela ne signifie pas perdre en particularité, contrairement à beaucoup de formations goth qui se font les clônes des groupes fondateurs, puisque Swan Death expérimente parfois que ce soit par l'usage de voix trafiquées ou encore avec un morceau un peu folk avec "Egypt" ou dans certaines sonorités. De plus, la construction des morceaux est particulière, puisqu'on a ici des morceaux plutôt courts pour un total de 55 minutes réparties en 16 morceaux, ce qui donne parfois un côté bancal, étrange, car les morceaux se développent sur cette courte durée sans alterner le strict roulement couplet refrain. On retrouve évidemment tous les éléments typiques de Swan Death comme le chant gothique particulier de Raëtan Paternot, avec son côté incantatoire et déclamatoire, ainsi que le chant féminin de Haidi présent sur plusieurs morceaux avec cette touche également incantatoire, les guitares bien gothiques, la basse en avant et la boîte à rythme.
Swan Death est probablement un groupe méconnu de beaucoup, qui est cependant supérieur à la moyenne des groupes de la "vraie" scène gothique, car tout en s'encrant dans cette scène, en la représentant et en lui rendant hommage, Swan Death n'hésite pas, contrairement à beaucoup, à expérimenter et à se détacher un peu des références de ce mouvement pour développer sa propre identité. Un prochain album intitulé "Arsenic II" devrait voir le jour prochainement.
Adnauseam
SWAN DEATH
"Arsenic II"
Gothic rock original
Belgique / Ecosse
Fire Alba Records, 2008
Annoncé dès la sortie de Arsenic I, cet Arsenic II a mis plus de temps que prévu à voir le jour, mais Swan Death a voulu le peaufiner et ce n'est pas les idées qui ont manqué puisque le cd est plein a craqué avec plus de 73mn de musique, avec pas moins de 18 morceaux, autant dire que le groupe a rempli au maximum le cd. Swan Death a aussi soigné son packaging proposant l'album dans un boitier format DVD et a confié le soin de son image à Tancrede Szekely connu pour son travail avec Anorexia Nervosa et son travai autour de photographies érotiques et baroques. A cela s'ajoute de nombreuses contribution de musiciens sur cet album s'ajoutant au duo initial composé de Heidi au chant féminin et piano et à Raëtan qui assure basse, guitare, percussions et chant.
Swan Death poursuit la démarche engagée avec le premier volet de Arsenic, beaucoup de titres, cette fois plus long, puisqu'une partie dépasse les 5mn, des morceaux variés, une base gothic rock. La musique de Swan Death n'est pas forcément facile à accrocher, non pas qu'elle soit extrême, ou mauvaise, mais le groupe est encré dans le style gothic rock par ses sonorités de base tout en expérimentant, et si bien souvent le gothic rock est un style produisant de nombreux morceaux accrocheurs, des hits pourrions nous dire, ce n'est assurément pas vers ce genre de morceaux que tend Swan death actuellement.
Le lien entre les deux volets de Arsenic est matérialisé par de nouvelles versions des morceaux "Egypt" devenu "Dark soul of Egypt", ainsi que "I can spell your mind in my brain" avec un son bien plus brut et une voix saturée.
D'un morceau à l'autre, Swan Death nous propose un morceau complètement différent, et brise un ensemble cohérent, pourtant on peut distinguer plusieurs catégories de morceaux. Il y a des morceaux déjantés comme "Kinky girl" qui sonne un peu punk ou d'autres morceaux qui continuent de s'éloigner du gothic dark originel du groupe, plus frénétique, avec des guitares parfois limite metal au niveau puissance (là ou pour d'autres la basse prédomine), et aspect déjanté dans la composition même, avec des morceaux "Do not be sad, I'm an immortal highlander", ou I wank you" qui ne commence vraiment qu'au bout de 2mn prenant alors un rythme un peu fou, déjanté, avec un son plus saturé, ou le calmement bizarre "Paladin" ou encore "Hypersensibility" qui explique peut-être par son titre l'étrangeté de ces morceaux qu'on trouve en grande partie sur le début de l'album et qui je dois l'avouer ne sont pas ceux qui m'ont le plus captiver.
D'autres morceaux au contraire nous rappellent bien le style originel du groupe, d'ailleurs l'album se termine par "a new sign of the wolf" qui est en fait une reprise de "a sign of the wolves" originellement sur "Black Wolf", un album grand album qui restera pour moi culte et qui n'a pas eu la reconnaissance qu'il méritait au sein de la scène gothic rock. Ainsi les morceaux "I spit fire", "Sincere Emotion" avec son côté Bauhaus, ou encore "Words can kill" encore plus explicite, rappellent "Black wolf".
Il y a d'autres morceaux plus émotionnels, et qui sont marquées par la présence de vrais violons, et de belles voix féminines (qui tranchent avec la voix déjantée de Haïdi mieux adaptée à d'autres morceaux); des violons qui se mélangent à merveille avec la basse de Raetan ou à ses vocalises gothiques, des morceaux comme "Gloria Victis". Je pense que cet usage des violons un plus dans la musique de Swan Death, qu'il s'agisse de morceaux plus gothic rock comme le très bon "Love never dies" qui pour le coup pourrait rappeler la démarche qu'avait eu le groupe gothic rock grec Into the Abyss, mais aussi sur des morceaux qui marquent une nouvelle ouverture pour Swan Death comme "Gloria victis".
Au niveau des thèmes, comem pas mal de formations de gothic rock, Swan Death exprime (on n'est pas dans le black metal avec son credo anti-life, anti-human, bien souvent paradoxal de toute façon...) des préoccupations humanistes (contre la guerre, la souffrance animale), mais aussi son attachement à sa terre natale de Raetan, L'Ecosse, que celui-ci revendique, et qui trasparait à travers plusierus morceaux"Whales, i fight with knight's blood", "Whales Freedom" ou encore le côté "Highlander" de celui-ci.
Malgré cette impression première qu'avec les Arsenic, Swan Death part dans tous les sens, on retrouve nettement le style de base de Swan Death en fond, certes incontestablement plus aseptisé et sans la touche dark. Mais si les morceaux déjantés peuvent paraître parfois trop poussés, du moins difficile à pénétrer, notamment sur ce Arsenic II, l'apparition de morceaux émotionnels et la présence marquée de violon est assurément une réussite.
Adnauseam