THEATRE OF TRAGEDY (Gothic metal - Norvège)

THEATRE OF TRAGEDY

( Gothic metal, Norvège )

Z theatreChroniques :

"Assembly" (2002)

"Storm" (2006)

Leave's Eyes "Vinland Saga" (2005)
 


 

Theatre of Tragedy - AssemblyTHEATRE OF TRAGEDY
"Assembly"
East West, 2002
Electro goth metal
Norvège

 

C’est avec bien peu d’attente que je m’étais procuré cet album et en partie parce que j’avais eu l’occasion d’obtenir la version digipack à prix bien peu élevé (argument commercial...). On se sent toujours un peu "obligé" de suivre le anciens groupes cultes, car si on les abandonne que reste-t-il dans les périodes musicales creuses ? Le cap des années 2000 aura été incontestablement difficiles pour les groupes des années 90...

Il nous faut rappeler ici que THEATRE OF TRAGEDY est un des fondateurs du gothic metal et les instigateurs du gothic metal avec chanteuse (un style bien flétri par la suite). Les deux premiers albums Theatre of Tragedy en 1995 et Velvet Darkness They Fear en 1996 sont des chefs d'oeuvres qui m'avaient enchantés à leur sortie (déjà lorsque la demo est sortie, à en entendre parlé, avec un nom et une imagerie pareille, j'avais déjà hâte que l'album ne sorte.) et sont les bases du gothic doom puisqu’à l’époque le gothic metal était un dérivé du doom. Leur successeur Aegis en 1998 avait marqué un tournant dans leur carrière en en faisant un groupe de gothic metal très inspiré par la scène gothic rock. Il s'agissait alors d'une évolution très réussie, surprenante dans un premier temps mais qui a ouvert encore une fois une nouvelle voie musicale, celle du rapprochement avec la scène gothic rock. Cet album marquait une attirance prononcée tant visuelle que musicale pour la scène goth, et à cette époque c'était vraiment une réussite.

Malheureusement le groupe est entré par la suite de plein pied dans la scène gothique au sens large du terme (par le biais des festival allemands?) sans faire le tri et en a extirpé ce qu'il y a de moins intéressant : la scène electro-goth de bas étage avec ses concepts pseudo dark moderne à deux balles. Pourtant ce rapprochement aurait pu être très bon : le mini- cd A rose for the dead en 1997 en collaboration avec Das Ich était d'ailleurs réussi et annonçait de bonnes perpsectives. Il n’en fût rien comme l’a révélé le très désappointant album Musique en 2000 ; je n'attendais donc pas beaucoup du successeur. D'un côté, il faut faire abstraction qu'il s'agit de Theatre of Tragedy, car ça passe mieux, ça dégoûte moins...Mais d'un autre côté, c'est tout de même parce que c'est Theatre of Tragedy qu'on se donne la peine de creuser un album au premier abord repoussant en ayant l'oreille éveillée en se disant qu'il y a sûrement quelque chose de plus qu'il n'y parait ?!? Franchement, on se demande vraiment ce qu'il reste de romantique dans cette musique sans aucune émotion profonde?  Et le nom du groupe, quel sens lui donner désormais ?!? Il ne reste qu'à supposer que ce théâtre où nous assistons à une tragédie c'est celle du groupe lui-même...

Cela étant dit que trouve-t-on dans cet album? Et bien des percussions plutôt nulles (parfois limite drum n' bass), des sons de synthés qui sonnent fêtards. La voix de Liv Christine est bien mise en avant et même dominante, seule trace du passé même si son chant a évolué. Que fait donc le chanteur qui lui est bien moins présent et qui nous fait maintenant quelques narrations "electronisées" : est-ce qu'il danse?!? C'est "electro" certes mais ce n'est pas pour autant froid comme on serait en droit de l'attendre, ce n'est pas "dark electro", c'est bien ça d'ailleurs le problème. Il y a cependant quelques bons passages, un peu affadis par des sons electro stupides ; "Starlit" est un très bon morceau par exemple. Le plus déconcertant reste leur look qui évoque un peu SPOCK (oui ce groupe ont le look est une rencontre entre Elvis Presley et les films de science-fiction des années 60!?!?).

Theatre of Tragedy n'est plus que l'ombre de lui-même : si en faisant abstraction que c'est eux ça peut passer, reconnaissons cependant que si on se donne la peine d'approfondir l'écoute c'est uniquement parce que c'est eux...On a donc là un album d'electro goth metal qui passe mais qui n'est pas inspiré, qui est très léger, qui propose une musique aux émotions très superficielles, juste consommables...

Adnauseam
 


 

Theatre of Tragedy - StormTHEATRE OF TRAGEDY
"Storm"
Afm records, 2006
Gothic metal, Norvège



Comme bon nombre de formations qui s'égarent en voulant s'éloigner de leur style originel, THEATRE OF TRAGEDY a fini par retrouver le chemin de l'inspiration en 2006 avec Storm, car il faut reconnaître que Musique et Assembly étaient vraiment indignes non seulement d'un tel patronyme, mais surtout de leur passé musical de référence. Theatre of Tragedy en 1995 et Velvet Darkness They Fear en 1996 avaient été les albums de référence du gothic doom établissant avec succès les règles d'un style avec le duo permanent voix doom/death et voix féminines enchanteresses, plus tard bien souillé par d'autres formations médiocres. Puis avec le troisième album Aegis en 1998, THEATRE OF TRAGEDY a opéré un grand changement s'orientant vers un style excellent très teinté gothic rock, toujours mélancolique et poétique mais délaissant son passé doom/death. Puis c'est en si bon chemin que le groupe s'est perdu, plongeant par la suite dans un style très teinté "electro-gogoth". En 2003, le groupe avait viré sa chanteuse d'origine Liv Kristine qui ne s'en est pas porté plus mal puisqu'elle est retournée au gothic metal avec son projet Leave's Eyes avec un premier album en 2004 et un deuxième en 2005. Après un temps de silence, les membres de Theatre of Tragedy annoncent également un retour au gothic metal, ayant probablement pris la mesure du gâchis et failli mettre un terme à l'existence du groupe...

"Storm", le sixième album du groupe, marque ainsi le retour au gothic metal et l'arrivée d'une nouvelle chanteuse en la personne de Nell Sigland qui officie dans le groupe THE CREST. Autant le dire, cet album efface les deux albums d'errance de la formation qui conduisaient à une voie sans issue dont Theatre of Tragedy a réussi à sortir à temps. Musicalement parlant, "Storm" serait donc le successeur de "Aegis". Evidemment huit années se sont écoulées et il aurait été inutile de faire un second "Aegis", et surtout il y a eu la parenthèse "electro" pas réussie qui finalement laisse peu de séquelles heureusement. Seul le chant de Raymond semble malheureusement avoir encore parfois quelques aspects robotiques (comme sur "Storm"), ce qui est assez incompréhensible, et avec cette façon de chanter assez hachée, mais son chant est devenu secondaire depuis pas mal de temps et est correct dans l'ensemble. Cet album est au final un très bon album de gothic metal, il est cependant dans l'ensemble plus léger que le mélancolique "Aegis". Il y a de bonnes mélodies, avec des guitares à la fois puissantes et gothiques parsemés de bonnes nappes de synthés, de très bons morceaux comme le single de l'album "Storm" ou encore les excellents "Senseless" et "Exile" qui sonnnet très "Aegis", ou "Debris" qui clôt superbement l'album, et bien d'autres, et un ou deux morceaux plutôt moyens comme "Begin and End".

Il est donc fini le temps des beats et autres sons modernes ou pseudo-futuristes. "Storm" repart clairement de "Aegis". Une touche émotionnelle est à nouveau bien présente mais il y a un coté dans l'ensemble plus sympa que "Aegis" puisque l'air du temps n'est plus le même, mais il s'agit définitivement d'un très bon retour. Le chant de Nell passe très bien, elle a une voix moins douce que Liv, et tend parfois vers la chanteuse de Sirenia, mais au moins ce changement redynamise le groupe et évite la redite. Storm témoigne ainsi d'un retour réussi qui n'est pas comme trop souvent un de ces retours après égarement qu'on sent forcé car trop auto-caricatural et qui ferait préférer non pas un retour mais un vrai départ. Le vrai Theatre of Tragedy est donc de retour, ou plutôt, Musique"et Assembly deviennent officiellement une parenthèse d'égarement !

Adnauseam
 


 

Leaves Eyes - Vinland SagaLEAVES' EYES
Vinland Saga
Napalm, 2005
Gothic metal symphonique, Allemagne

 

Une année après le premier album Lovelorn, et peu de temps après un mini-album 6 titres, Elegy, Liv Kristine est déjà de retour avec un nouvel album et confirme ainsi la réorientation de sa carrière et le retour à l'inspiration après les égarements de Theatre of Tragedy. On se dit d'ailleurs à l'écoute de Vinland Saga que Liv Kristine a bien fait, même si elle ne l'a pas vraiment choisi, de quitter Theatre of Tragedy. Liv retourne enfin aux sonorités et à l'imagerie romantiques dans lesquelles elle se retrouve si bien et qui lui vont si bien. On a ici un album gothic metal symphonique qui finalement a bien intégré le parcours musical de Liv Kristine en prenant soin de laisser de côté les égarements des derniers Theatre of Tragedy. La force de cet album réside dans sa variété. Après une intro symphonique évoquant un peu Welten Brand en fin d'existence (à qui Liv Kristine a prêté sa voix sur un titre), on passe à des titres énergiques, renforcé par la voix puissante d'Alex Krull d'Atrocity (son mari) comme "Farewell proud men", ou encore à un morceau sonnant très Theatre of Tragedy avec "Elegy", ou à des titres plus acoustiques. Bref, Liv Kristine a su faire ressortir ses différentes influences et même varier sa voix selon les titres et éviter ainsi la monotonie. N'oublions pas que ce nouveau groupe dont Liv Kristine est la leadeuse, est aussi constitué des membres d'Atrocity; personnellement je ne suis pas fan d'Atrocity, que je trouve assez opportuniste dans ses orientations, mais là le résultat est très bon. Il s'agit d'un album concept qui se base sur le voyage au Groenland en l'an 1000 par Leiv Eiriksson et sur ses sentiments et ceux de son épouse qui l'attend.

Certains reprocheront un côté gentillet à cette musique, car depuis les premiers albums cultes de Theatre of Tragedy beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, et le gothic metal à chant féminin est devenu un style dont on connaît bien la recette et qui tend parfois vers quelque chose de trop gentillet, pourtant il semblerait que Liv Kristine puisse prétendre à reconquérir le thrône du gothic metal qu'elle avait délaissé.

Précisons que Leaves' Eyes n'est en rien un retour aux vieux Theatre Of Tragedy inégalables de toute façon, ce qui serait de plus anachronique. Leaves' Eyes n'est pas un avatar de Theatre Of Tragedy et n'applique d'ailleurs pas la formule de "la belle et la bête", les deux groupes n'ayant en commun que la norvégienne qui assure ici le chant principal. Leaves' Eyes est ainsi bien un nouveau groupe de gothic metal symphonique à chant féminin qui se révèle de qualité, ce que confirme ce deuxième album.

Adnauseam

 


 

 

 

 

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