Two hunters
Black metal atmosphérique
USA
Southern Lord, 2007
Dans le lot des nombreux albums fades et inutiles qui polluent la scène black metal se trouvent encore des albums intenses dotés d’une âme, encore faut-il pouvoir les distinguer. C’est le cas de WOLVES IN THE TRONE ROOM, l’une des rares formations de black sur le label Southern (label de Greg Anderson de Sunn O)))) qui ne signe pas à tout va des groupes de black. Il semblerait contre toute attente que le renouveau du black de qualité vienne des USA désormais (et de l’Est) : XASTHUR, VELVET CACOON, NACHTMYSTIUM, I SHALT BECOME, …autant de formations authentique à forte identité.
Avant cette découverte j’ignorais tout de ce groupe, qui avait pourtant sorti auparavant un premier album en 2006 Diadem of 12 Stars après 2 demos. Une seule écoute a suffit pour comprendre qu’il ne s’agissait pas là d’un groupe simplement consommable, l’émotion de jadis s’est réveillée ; je ne parle de cette époque de créativité de la première moitié des 90’s où les styles underground, se rencontraient, où les styles se cherchaient, où l'extrême et l'atmosphérique se rejoignaient, où on recherchait l’intensité.
WOLVES IN THE THRONE ROOM rappelle étonnement à plusieurs niveaux le tout premier album de IN THE WOODS Heart of the ages sorti en 1995, à l’époque où le groupe norvégien oeuvrait dans le black metal atmosphérique. Il y a déjà en commun cet intérêt authentique et esthétique pour la nature qui se passe des clichés et gamineries de nombreux groupes, préférant une imagerie sobre et mystique au lieu des maquillages, clous et fashion dark; le groupe vit d’ailleurs dans une cabane d'une forêt, il ne faut en effet pas oublier que les Etats-Unis ne se limitent pas au cliché californien. Et musicalement, leur black metal atmosphérique rappelle clairement Heart of the Ages parfois de manière troublante, notamment dans les sonorités de la guitare lead mélodique sur fond d’un black rapide enrichit d’atmosphères grandiloquentes et éthérées aux synthés. L’album ne comporte que quatre compostions, les morceaux sont donc long, pourtant il ne s’agit pas d’un black lancinant et répétitif.
D'ailleurs, les morceaux diffèrent les uns des autres. Le premier morceau est un instrumental atmosphérique saturé de 6mn, qui rappelle un peu le début de l’introduction du Eternity de Anathema. Le troisième morceau est un morceau également atmosphérique qui rappelle le style des groupes du label américain Projekt, pour leur guitares planantes et atmosphériques, mais surtout pour la pureté de la voix émotionnelle féminine belle et mélancolique proche de LOVE SPIRAL DOWNWARDS ou encore STOA, qui fait également quelques apparitions dans les autres morceaux. Ces deux morceaux mettent donc bien en évidence la qualité de la partie atmosphérique. WOLVES IN THE THRONE ROOM rappelle bien la grande époque où l’on pouvait associé un black metal puissant et sérieux sans jamais verser dans le bourrin ou le "evil grand guignol", et l’atmosphérique, tout en restant en permanence très intense, sans s'égarer dans quelque chose de plat ou d’accessible.
Two hunters est parfait du début à la fin, l’intensité ne faiblit jamais, la monotonie ne s’installe jamais ; il est certain que WOLVES IN THE THRONE ROOM ne propose pas une musique à consommer, qu’il ne fait de la musique ni pour se divertir ni pour divertir mais en adéquation avec son ressenti, son mode de vie, ses aspirations : une musique authentique.
Adnauseam