JEAN LOUIS COSTES (Musique expérimentale / Performer trash) 2006

JEAN-LOUIS COSTES

Musique expérimentale / Performer trash

Interview 2006

 

Jean Louis Costes est un artiste subversif fascinant, bien loin de ces nombreux soit-disant artistes qu'on nous présente comme subversifs. Costes n’est incontestablement pas grand public. Même si la musique de Costes n’est pas en soi de la musique sombre mais bien plutôt de la musique nihiliste, cet artiste dépeint à merveille la dégénérescence du monde moderne sans faux-semblant. C’est une expression pure sans un quelconque discours que ce soit pour la dénoncer ou l’encourager… Cet entretien a été réalisé en 2006, peu après la sortie de son roman Grand-père chez Fayard; interview menée par Adnauseam (A) en collaboration avec Kharon (K) et Turannos (T) de LHN webzine, en quatre temps: présentation générale, la musique, les operas porno-sociaux et la littérature.

 

Costes en général

Jean Louis Costes

A: Pourrais nous faire une présentation de toi, de ton parcours en tant qu’artiste, et de ton passé artistique antérieur à Costes tel qu’on le connaît ?  

J’ai commencé par jouer de la basse et des claviers dans des groupes de rock amateurs. Puis, insatisfait par le travail en groupe, dans les années 80, je me suis construit un home studio où j’enregistrais seul des musiques bizarres, puis des chansons mélangeant pop-rock et bruitisme industriel. J’ai sorti un premier disque en 1986 ("Secouez…crevez !") et commencé à tourner avec des opéras pornos-sociaux à partir de 1988. J’ai aussi réalisé des films à partir de 1991, et écrit régulièrement pour mon site internet et des revues indépendantes depuis 1997. En 2006, j’ai publié un roman (Grand Père) chez Fayard.

A: Comment est le Jean-Louis Costes de tous les jours ?

Chiant. Je bouffe, je dors et je bosse sans arrêt. Ma vie privée n’a rien d’excitant. Elle n’a pas grand chose à voir avec le chaos et la folie de mon œuvre. Finalement, pour créer du chaos, il faut être organisé ! Mais j’ai quand même un coté aventureux. De temps en temps je lâche tout et je me casse au fond de l’Afrique ou de l’Amazonie. Seul au milieu des bêtes sauvages, je me sens mieux qu’avec les hommes qui me font chier.

A: Comment définirais-tu ton travail d’une manière générale, que ce soit la musique, la littérature, et tes shows, il y a une unité, comment présenterais-tu  ton travail à quelqu’un qui ne le connaît pas ?

Vomir, chier, crier, c’est la base de tout. Transformer la haine, la frustration, l’angoisse en plaisir par la magie de l’art.

A: Tes travaux artistiques sous le nom de COSTES, toutes formes confondues, te permettent-ils de vivre ? Comment vis-tu sinon, es-tu impliqué par ailleurs dans l’art ?

Jusqu’en 1998, je devais travailler pour financer ma musique. Depuis, j’arrive à survivre sans travailler, mais je vis comme un clodo. Pas d’eau chaude, pas de chauffage, pas de frigo, pas de télé, un seul slip et deux chaussettes. Mais la richesse est mentale et je vis mieux sans le merdier matériel.

A: La démarche de tes travaux tourne autour du corps, et du rapport au corps, en cela te sens-tu proche de cette fraction de l’art contemporain très axé sur le corps vécu?

Je hais à priori l’art contemporain. Je déteste le concept préalable à l’œuvre, je déteste les manifestes, les discours, les théories, et je crache sur les subventions. Tous les artistes contemporains sont des sales putes molles, à peine capable de sucer le ministre ou le maire et incapables de se faire enculer bien profond par un rebeu à Pigalle.
Il n’y a pas de différence entre le corps et l’esprit. Je suis un esprit prisonnier d’un corps qui triture sa queue en geignant. Et pas une pauvre pute de l’art contemporain qui « travaille sur le corps » comme si son esprit était un robot extérieur à lui-même, un PC poussif qui joue des films de cul .

A: Le sexe, la scatophilie, l’homosexualité, la pédophilie (subie), la frustration sont des thèmes récurrents de tes travaux ?

Ces thèmes et tous les autres. Manger du pain et des yaourts aussi est récurrent dans mon œuvre. C’est l’homme qui est récurrent. Bouffer, baiser, tuer, crever. C’est toujours le même truc depuis des millions d’années. Je suis récurrent comme le chimpanzé.

A: Qui sont les adeptes de Costes d’une part? Et qui pourrait représenter la relève ou la continuité de tes travaux d'autre part?

L’adepte type de Costes est le traître. Celui qui ne se sent pas tout à fait à sa place dans son groupe et le trahit en écoutant Costes au casque en secret dans sa piaule en se branlant. C’est le branleur, c’est le frustré, c’est le mal-looké. C’est celui qui baise pas, c’est celle qui a mal quand on la baise. Ce sont les loosers d’aujourd’hui mais les gagnants du futur. Aujourd’hui on rit de Costes et des Costiens mais vient le temps où ils seront la norme morale et esthétique.
Beaucoup de gens semblent inspirés par moi, tant en musique qu'en théâtre; Mais leur rage intérieure n’est pas la même. La vraie relève sera celui qui fera tout le contraire de ce que je fais. Il fera quelque chose d’inouï, d’inadmissible, de nul. Il commencera en bas et finira en haut. Il fera de Costes un ringard et l’enterrera.

A: De quelles mouvances te sens-tu proche ou as-tu été proche (sens large : spirituel, politique, philosophique, artistique, etc)

Je suis totalement asocial. Je hais les groupes. Dès qu’il y a trois personnes dans une pièce, je fuis ou j’agresse. Je peux supporter deux personnes, à condition que la deuxième soit une fille facile à sauter et que j’ai envie de baiser. Alors me parlez pas de mouvances, de mouvements, de partis, de bandes de potes. J’aimerais les descendre tous dans un vrai jeu vidéo. 

 

Costes et la musique

Jean Louis Costes - Oeuvre au noir

A: Doit-on voir ta musique comme en avant tout des « sketchs », car on n’a pas là de la musique au sens courant du terme ? Comment présenterais-tu tes travaux musicaux ? Quelles seraient tes influences ?

Ma musique est vraiment de la musique et pas juste des bruitages de dessin animé. Mais c’est vrai que ma musique est visuelle. Toutes les musiques qui me plaisent doivent être visuelles, charrier des flots d’images. J’écoute, je ferme les yeux et je vois des batailles, des cadavres, des orgies et des enfants qui dansent sur les morts. Je joue de la musique et je vois encore des orgies de morts vivants. Alors sur scène, je danse comme un mort vivant.
Ceux qui croient que c’est d’abord du texte et de l’action et que la musique est secondaire se trompent. La musique est le fondement de toute mon œuvre. Coupez le son, et j’arrête de bouger, de jouer, de crier, de chanter. C’est la musique qui fout en transe et transporte dans les mondes imaginaires plus réels que le faux réel.

A: Pourrait-on faire un tour d’horizon de ta discographie et des différentes thématiques dominantes de chaque album ? Tu as fait un album très axé « racailles », comment faut-il le percevoir, surtout dans un contexte très actuel ?

Souvent mes albums ont des thèmes. Parce que, à chaque période de ma vie, un stress domine et m’inspire. que ca soit un CD sur une salope qui m’a jetté, ou bien un CD sur des racailles du quartier qui me font chier. Ca ne veut pas dire que je passe mon temps à haïr les filles ou à crever de trouille face aux gangs. Ca veut juste dire que le jour où j’ai fait cette chanson, j’étais amoureux malheureux ou sous-blanc persécuté. Mais demain je serai peut-être male blanc dominant.

A: L’album Oeuvre au noir est défini comme du "false death metal", il était même présenté par le label lors de la promotion comme une rencontre de Costes et du black metal. Comment est né ce projet ? Parles-nous de cette collaboration avec Amortout...

J’aime l’intensité mentale et tripale du black metal. J’en ai pas mal écouté avant de faire ce CD. Pour moi, « Œuvre au noir » est vraiment black metal, car je suis dans l’esprit de cette musique. Mais évidemment, pour les puristes du style, mon synthé casio avec une pédale distorsion remplacera jamais une bonne grosse gratte !

A: On sent parfois une certaine ironie par rapport à cet univers « dark », dans le cd mais aussi dans ton show « I love hate », tu évoques même à un moment les "soirées gothiques" ? Quel est ton rapport aux scènes dark (black metal, gothic, etc.) ?

J’ironise sur tout et d’abord sur moi même. Mais en vrai j’aime énormément certains aspect du gothique. Evidemment, le coté mode et look me fait chier. Mais j’y vois aussi une fascination pour le passé tribal et un authentique retour vers lui. Il y a une fulgurance dans le gothique et une profondeur qui défoncent toutes les idéologies du 20ème siècle prétendant construire l’homme nouveau. Le gothique ne croit pas à la révolution et se fout de la réforme. Il va chercher dans le passé le plus lointain la source de vérité et d’inspiration pour le futur. Et là, je suis gothique. Et même plus, je suis singe. Pour moi, le costume gothique ultime, c’est la peau de bête.

A: Connais-tu Eros Necropsique, une formation gothique dark, très centré sur le corps, avec une approche aussi bien poétique, que des connotations scatophiles, le groupe a d’ailleurs eu à ses débuts des procès pour atteinte aux bonnes mœurs ?

Non, mais rien qu’à entendre ta description, je veux les connaître tout de suite !

K: T'intéresses-tu au métal ? Connais-tu les libidineux RockBitch, ou les tarés de Gwar? Si oui, qu'en penses-tu?

J’aime certains riffs et rythmes, mais le coté farce superficielle me fait chier. Je préfère de loin le black metal ou le gothique. Je préfère le drame à la farce.

K: Globalement, combien as-tu vendu de copies de tes productions?

Environ 30.000 par moi même depuis 1986. Pour les autres labels qui ont vendu des trucs de moi, je ne sais pas trop (en général ils tirent 500 ou 1000 copies d’un disque) Et Fayard a vendu pour le moment 10000 copies du roman « Grand Père ».

K: Tu es relativement connu au Japon : comment expliques-tu cela? Peut-être leur besoin de sentir le goût de la décadence?

Il y a des gens qui m’apprécient dans tous les pays où existe une scène indépendante. Essentiellement, Europe, Amérique du nord, Japon. Je ne sais pas si les motivations des japonais fans de Costes sont vraiment différentes des fans d’autres pays ? Je crois que quand on m’apprécie, c’est plus au niveau individuel que collectif. C’est plus l’individu universel qui est touché que le citoyen national.

K: Quel matériel utilises-tu pour enregistrer ta musique?

Je mélange techniques analogiques et numériques. J’enregistre sur un mac avec cubase, mais peut repasser sur un magnétophone à bandes ponctuellement pour rendre le son plus chaud et utiliser le variateur de vitesse analogique. J’ai un piano, une basse, une guitare et divers claviers, un sampler, une boite à rythme, et des casseroles. Divers micros que j’utilise souvent simultanément pour grossir la voix. Et des racks d’effets.

A: Quel est ton public ?  Quel genre de personnes le compose ?

D’après ce que je vois dans les concerts, ce sont des gens entre 18 et 35 ans, venant de milieux créatifs ou curieux de ce qui se passe de nouveau. Des gens qui apprécient l’implication physique et mentale de l’artiste dans son oeuvre. Des gens qui se sentent proches de moi, de mes thèmes, de la manière de les aborder. Des gens qui aiment voir des queues, des culs et des chattes. Des gens qui aiment rire et pleurer. Voir et entendre. Des gens qui aiment en prendre plein les yeux et la tête. Des gens intenses. Des gens gentils capables de tuer. Des gens tolérants qu’il faut pas faire chier. Des gens bien quoi !  Si toute la société était comme les milieux indépendants (travail + passion), tout irait mieux.

 

Costes et les opera porno sociaux

Jean Louis Costes - I love hate

A: Je te laisse nous présenter ton nouveau show « I love hate ». Quel est le cycle de vie d’un show ? Dans I love hate, on retrouve des clins d’oeils à Grand père, non ?

« I love Hate » est un one-man-show. De la musique entre mélodie et noise, des chansons et des actions. C’est l’histoire d’un mec qui attend anxieusement une fille. Elle finit par arriver mais il débande, et tout merde de pire en pire… Un spectacle tourne en général un an en Europe puis 3 mois aux USA. A chaque tournée, je présente un spectacle complètement différent, nouvelle histoire et nouvelles musiques. En général on est trois ou quatre sur scène. C’est exceptionnel que je joue seul. Oui, la fin du show a un lien avec le roman « Grand Père » : Le branleur moderne trouve son salut auprès d’un guerrier du passé…

A: Est-ce que tu as eu à souffrir de plaintes à cause de tes shows? Comment expliques-tu les accusations d’antisémitisme, apparemment il y a quelques années à Genève ?

J’ai eu des procès à cause de mes CDs, mais jamais à cause de mes shows. On m’a accusé de racisme à cause de paroles de chansons crues où je rentrais dans la tête d’un raciste. Certaines personnes confondent, ou plutôt font semblant de confondre la fiction et la réalité. J’ai eu un spectacle annulé à Genève en 1998 à cause d’un article de presse malhonnête qui me présentait comme… un groupe de rock skin-head d’extrême-droite ! ! !

K: Tes tendances homo et scato ne sont-elles pas dépassées, alors que Internet l'offre abondamment dans ses pages ?

Je vois pas en quoi des fantasmes pourraient être dépassés ? Est-ce parce qu’un chimpanzé a rêvé de se faire enculer la crotte à la préhistoire qu’on ne peut plus rêver de se faire enculer la crotte sur MSN ?

K: Que penses-tu du satanisme? Penses-tu le mettre en scène?

Je n’ai pas de fascination particulière pour le Mal, la violence, et Satan. Ca m’intéresse, mais la recette du couscous aussi m’intéresse.

A: Quel est ton rapport d’une part aux religions et d’autres part à la spiritualité ? Quelle serait la « philosophie » de Jean-Louis Costes ?

Le catholicisme me fascine parce que j’y trouve le vieux paganisme sous le vernis chrétien. Mais je ne peux pas dire que j’ai la foi. J’aime avant tout le rituel.
Ma philosophie pourrait se résumer à cette devise « Meurs sans regrets ». C’est gravé sur un mur de la cathédrale de Toulouse.

A: Le déroulement de tes shows est-il prévu à l'avance ou l’improvisation est elle totale?

Les bases sont travaillées très précisément, mais c’est l’interprétation qui change tout. Je répète quotidiennement, très calmement. Mais une fois sur scène, je suis pris d’une transe hystérique, tout devient chaotique et je surfe sur la folie.

A: Lors du show auquel j’ai assisté (= I love Hate), j’ai senti une part d’improvisation et une interaction entre le public et toi. Le public peut-il devenir acteur ? En même temps je sens une grande maitrise générale. Tes shows ont-ils évolué avec le temps dans leur forme et au niveau improvisation ?

Depuis 1988, les ingrédients de base de mes shows sont présents : scénario et musique, chansons et actions. Simplement aujourd’hui je maîtrise mieux le temps : les spectacles sont plus longs et mieux découpés, plus sophistiqués. Oui le public peut monter sur scène s’il le désire et participer à l’action. Ca arrive souvent.

A: Quel genre de préparation mentale et physique te demande ces shows ?

Le stress est la meilleure préparation. Il me fait trembler les cuisses et me muscle. Il me fait compresser le cerveau et ça pète grave en montant sur scène.

T: Toi qui est passé chez Ardisson, que penses-tu de ce "socialo-royaliste" ?

J’aime beaucoup Thierry Ardisson. Je n’oublie pas que la première fois que j’ai joué à Paris en 1989, il était présent. C’est quelqu’un qui connaît bien et aime l’art underground.

T: Acceptes-tu d'être classé comme un "provocateur" ?

Non. Je ne me fous pas de la gueule du public. Je joue à l’heure, je me donne un maximum. Je fais ce que je crois nécessaire, ce que je ressens. On vit dans un monde tellement mou et médiocre que créer intensément et se donner à fond est ressenti par certains comme une indécente, insupportable provocation !

T: Quels sont les provocateurs passés ou actuels (s'il en reste réellement…) qui ont grâce a tes yeux?

J’aime tous ceux qui sont montés nus et liés sur leur propre échafaud.

A: La provocation semble avoir été récupérée par le système, il semble que la provocation soit stéréotypée. Il me semble que tu as bien réussi à ne pas tomber dans le piège du provocateur récupéré.

Ca m’a été facile puisque je ne me rends pas compte que mon œuvre est provocatrice ! Comme la femme fatale, je comprends pas pourquoi on me hait !

A: Il semblerait qu’il resterait aujourd’hui toujours un domaine sensible, avec tout ce qui est en rapport à la seconde guerre mondiale par exemple, qui resterait tabou, les tabous sexuels étant tombés ? Qu’en penses-tu ?

Tout à fait d’accord. On peut s’enculer et se pendre par les couilles sur scène, pas de problème. Que les gens intelligents s’autodétruisent ne dérange pas les pouvoirs en place. Par contre, le sens dérange : S’enculer en criant « Heil Hilter ! » ou bien se pendre par les couilles en braillant « Mort aux… ! », c’est risquer de se prendre directement une balle dans la tête. Il y a des mots tabous, il y a une Loi, et gare à celui qui la transgresse.

Costes romancier

Jean Louis Costes - Grand-Père

 A: Pourrais-tu nous présenter ton dernier roman « Grand Père »?

C’est un roman d’aventures trash et mystique. L’histoire d’un homme né en Russie en 1900 qui se retrouve happé par toutes les grandes tragédies du 20ème siècle. Il est cosaque contre les bolcheviques en 1917, puis légionnaire pour la France en Afrique dans les années 20, puis bagnard en Amazonie dans les années 30, et enfin collabo et magouilleur du marché noir pendant la guerre de 39-45… Il finira minablement sa vie bourré devant la télé à jouer au tiercé. C’est l’histoire de la mort des héros qui ont survécu à toutes les guerres mais furent bouffé à petit feu par la modernité de merde.

T: "Grand Père" est, à n'en pas douter, tiré de faits réels sur ton ancêtre… Si oui, es-tu fier de lui? Est-ce lui qui te pousse à être un provocateur social?

Je me suis inspiré de mon grand-père qui fut vraiment cosaque, légionnaire et bagnard. Mais j’ai inventé tous les détails de l’histoire car il ne m’a jamais parlé de son passé de tueur.

T: Cette histoire se complait dans l'inversion des valeurs morales et l'adulation de la crasse humaine. Les cosaques, les bagnards ou les légionnaires sont-ils des objets de fascination pour toi? Ou au contraire, un repoussoir?

L’humanité est crasseuse de nature. L’humanité n’est qu’un slip cacateux sur le cul d’un singe. La vie est fondamentalement meurtre et viol. Les valeurs morales sont des leurres pour piéger, exploiter et bouffer tout crus les naïfs. Oui je suis fasciné par les cosaques, les légionnaires et les bagnards. Je suis un marginal frustré qui n’a jamais réglé ses comptes à coups de couteau et s’est contenté de pleurnicher. J’envie et j’admire les désespérés qui tuent avant de crever.

T: Ta plume est alerte, vivante et parfois très fleurie ! Quels auteurs célèbres ont nourri tes lectures d'enfance et t'ont donné envie d'écrire ? Céline, par exemple?

J’écris en flux continu tout ce qui me passe par la tête, sans relire, sans corriger, sans censurer. Ce qui fait que la vivacité magique de la pensée reptilienne habite mon livre. Ce n’est pas moi qui écrit, mais la bête cachée en moi, et elle est particulièrement vive et cruelle.
Bien que j’ai beaucoup lu, ce ne sont pas les écrivains mais la vie qui influence mon œuvre.

A: « Grand Père » n’est pas ton premier roman, pourrais-tu nous présenter le précédent roman?

En 2003, j’ai publié un premier roman aux éditions Hermaphrodite : « Viva la merda ». C’est un road-roman trash et scato. L’histoire d’un couple qui sombre presque malgré lui dans la pire scatologie puis le crime.

T: Et quel style de lecture as-tu aujourd'hui? Quel auteur a grâce à tes yeux? Un Houellelbecq, peut-être?

J’ai beaucoup aimé « Les particules élémentaires » de Houellebecq. Mais je lis très peu actuellement car trop occupé à créer.

T: Qu'est-ce qui a pu séduire Fayard quand tu leur as présenté un roman si déjanté?

Le directeur éditorial de Fayard, Raphaël Sorin, est un grand passionné de littérature. Il suit tous les nouveaux auteurs qui apparaissent sur internet ou dans les fanzines. Il a aimé les nouvelles que je publiais sur mon site web et m’a proposé d’écrire un roman dans ce style pour Fayard.

T: Le livre "Grand Père" se vend-t-il bien, à la hauteur de tes espérances?

« Grand Père » se vend très bien pour un premier roman. Il a d’ailleurs été ré-édité à peine un mois et demi après sa sortie, et continue à se vendre régulièrement. Il est 13ème des ventes de littérature française dans le classement de fnac.com.

T: Finalement, qu'est ce qui fait courir Costes ? En d'autres termes, ton action répond surtout à quel mobile ? Altruiste (Réveiller le monde bien-pensant) ou oedipien (exprimer des frustrations intimes refoulées)???

Je ne suis pas altruiste. Je suis le pire des égoïstes. Beaucoup expliquent mon œuvre par des théorioes pseudo-freudiennes à deux balles. Ce que je fais est simplement l’art d’aujourd’hui, l’expression d’un individu qui se débat dans le monde du luxe diabolique et de la misère mentale. Ce sait que je fais de l’Art mais je ne sais pas pourquoi je le fais. Chaque jour je veux arrêter mais je continue. C’est une malédiction, une faiblesse, un péché… ou bien une mission divine que j’accomplis du mieux que je peux.

A: A travers la provocation, quel serait ton message, que cherches-tu à exprimer ? Le côté décadent mis en scène est-il là pour délivrer un message plus général?

Je n’ai aucun message, aucune esthétique et aucun concept préalable à la création. L’Art n’est pas la poubelle de la pensée où on jette les sandwichs socialistes-libéraux avariés. L’Art est un Mystère qui révèle. Et révéler de grands Mystères peut être une terrible provocation.

 

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