Interview par Adnauseam
Octobre 2010
Les Fragments de la Nuit est une formation française crée en 2005 qui pratique un style de musique mélancolique, atmosphérique et neo-classique. Ayant assisté à l'une de leur représentation donnée au Chateau de Talcy (41) en aôut 2009, le potentiel et la qualité de ce projet me sont parus évident. Le groupe sortant son deuxième album "Demain, c'était hier", voilà l'occasion d'en savoir un peu plus sur ces acteurs de la scène "dark" issus de la musique classique. Ondeline et Michel, le noyau de ce projet, répondent à nos questions.
1) Pourriez-vous revenir sur la genèse des Fragments de la Nuit ? Vous êtes pas mal impliqués dans la musique à un niveau plutôt technique depuis de nombreuses années, pourquoi ce projet dans le circuit underground ? Qu’en attendez-vous ?
Ombeline : Au commencement pour la composition : un violon et un piano. Puis très vite pour l’enregistrement des bandes originales s’ajoutent d’autres violons et des violoncelles. Le groupe se fixe en 2005 avec Cendrine MAZZUCCO, Aurore MOUTOMÉ-MIATH et Ian-Elfinn ROSIU. C’est désormais tous les 5 que nous enregistrons les bandes originales et albums des Fragments de la Nuit.
Michel : Nous avons commencé par des musiques de film avec les FDLN en 2005, depuis nous poursuivons toujours ce travail avec en plus des travaux d’arrangements et de création pour d’autres groupes, quel que soit leur genre. A l’époque, et toujours aujourd’hui, nous ne souhaitions pas en rester là car nous voulions aussi faire de la scène. C’est ainsi que s’est formé Les Fragments de la Nuit, devenir un groupe à part entière avec une vraie discographie que nous pourrions proposer partout. Pour ce qui est de la technique, je pense simplement que nous avons toujours voulu produire de la qualité et qu’il nous fallait être à la hauteur de nos espérances en matière de composition afin de gagner en liberté. Notre but est de faire de la musique et que notre nom puisse voyager, quel que soit le circuit.
2) Pouvez-vous nous parler de vos projets musicaux parallèles ou passés. Je crois que certains d’entre vous ont sonorisé des films, de quel genre ? Vous pourriez nous donner quelques noms ?!?
O & M : Tous les deux, nous composons toujours de la musique de film et celle-ci est interprétée par les FDLN car c’est le groupe. Cette année on a vu l’apparition de bandes-annonce avec notre musique :
- "Le Refuge" de François Ozon: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18940459&cfilm=141590.html
- "Sans laisser de traces" de Grégoire Vigneron:
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18945030&cfilm=143767.html
Et les bandes originales sur :
- le film "Le Portail" de Liam Engle: http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=183553.html
- le film "La proposition" de Viktor Miletic: http://www.dailymotion.com/video/xaje5m_the-proposition_shortfilms
3) Pourquoi avoir choisi comme label Equilibrium, ce qui vous faisait entrer dans le circuit musique « dark » ?
M : C’est aussi le label Equilibrium qui nous a choisi. On ne peut pas dire que nous soyons du côté de la funk avec les FDLN, on assume notre côté Dark car nous venons de la Nuit.
O : Et nous n’avons pas non plus le profil pour être sur une major.
4) Existe-t-il un réseau underground pour les jeunes musiciens de classique pour produire leurs propres compositions?
M : Oui, les Fragments de la Nuit !!! Sérieusement, je ne saurais pas te dire, je ne suis pas du tout dans le classique, je n’ai jamais mis un pied dans un conservatoire en tant qu’étudiant.
O : Le milieu de l’enseignement de la musique en France (Conservatoires et Universités) reste très académique. J’ai fait le Conservatoire et l’Université (musicologie), en suis sortie avec mes diplômes mais j’ai surtout emmagasinés des connaissances dont je me sers pour écrire ma musique. La part laissée à la créativité personnelle est très faible dans cet enseignement, et mes professeurs aussi bien en écriture classique que jazz désespéraient de me voir un jour respecter les règles. Mais grand nombre de compositeurs n’ont pas d’interprètes pour jouer leur musique et se retrouvent à écrire de la musique virtuelle… Nous avons cette chance unique et immense d’avoir les FDLN pour jouer notre musique.
J’ai terminé d’écrire un recueil de 10 pièces musicales et techniques dites « Caprices » pour violon - piano et alto - piano. C’est un moyen d’introduire notre musique dans les Conservatoires pour ouvrir les élèves à une autre façon d’aborder l’instrument.
5) Vous apparaissez dernièrement sur une compilation du label français Prikosnovénie avec le livre la berceuse des fées. Les Fragments de la Nuit et Prikosnovenie étant dans un esprit proche, une collaboration plus marquée n’a-t-elle jamais été envisagée ?!?
M : Nous avons beaucoup aimé ce livre de berceuses et Prikosnovenie réitère cette année avec un nouveau livre dans lequel nous apparaîtrons aussi cette année. Sur Musique du Crépuscule, notre premier album, Prikosnovenie était distributeur, je ne sais pas encore ce qu’il en est pour Demain, c’était Hier. C’est un label très actif et j’espère qu’ils sortiront encore de belles choses comme ils savent le faire.
O : Nous sommes ouverts à toutes collaborations artistiques enrichissantes, et il est vrai que lorsque nous avions joués pour la Nuit des Fées en 2008, les FDLN était assortis à la couleur du label Prikosnovenie.
6) Le deuxième album vient de sortir, Demain c’était hier, pourriez-vous nous expliquer le choix de ce titre ? Et nous le présenter par la même occasion.
O & M : Demain, c’était Hier est une forme détournée du No Future des punks de l’époque. Ce n’est pas une vision fataliste mais réaliste et ça ne sert à rien d’en débattre car les faits sont là… C’est bientôt la fin de notre civilisation car elle arrive à saturation, c’est le cycle éternel des choses après tout, construction et déconstruction. Le titre qui illustrerait le mieux cette idée, mis à part le titre éponyme, serait Cyclogenèse sur l’album, une grande montée épique qui se conclut dans la noirceur totale. On a fait un douze titres consacré au temps qui passe et contre lequel on ne peut lutter. Toutes les compositions ont été prévues pour cet album et aucune n’est tirée d’une bande originale comme sur le précédent. Nous avons composer cet album comme les chapitres d’un livre. C’est vraiment un album qui s’écoute du début jusqu’à la fin dans l’ordre avec un déroulement successif des atmosphères : épique, mélancolique, tragique.
7) Les Fragments de la Nuit propose des compositions sans texte : pourquoi ce choix ?
O : La musique n’a pas besoin de parole pour véhiculer un message. De plus, cela nous cantonnerait à un espace géographique. Sans paroles, nous sommes libres et l’auditeur aussi.
M : C’est toujours notre principe de base, ne véhiculer qu’un message musical sans orienter les émotions de l’auditeur par un texte.
8) A l’inverse, Michel vient de publier un recueil de nouvelles ? Peut-on faire un parallèle avec les Fragments de la Nuit? Pourquoi ne pas associer les deux ?
M : Certaines nouvelles du livre La Femme-ciseaux & autres nouvelles sont directement liées à la musique des FDLN car elles portent le nom de certaines compositions comme "Soleil noir pour lune blanche" ou "Souviens-toi" ; en ce qui concerne l’association elle est donc déjà toute faite, ces titres sont la bande originale des nouvelles.
9) S’agit-il d’un premier jet littéraire public ? Quelles sont tes influences et inspirations ? Quels sont les écrivains contemporains qui te paraissent être les grands de demain ?
M : C’est en effet ma première parution avec les Editions du Pied de Biche, une toute nouvelle maison d’édition créée par Tiffany Khalil. La Femme-ciseaux & autres nouvelles est le premier tome d’une collection en trois tomes avec le désir de rendre la lecture et le livre-objet exponentiel, tout doit prendre des dimensions nouvelles par la suite. Concernant l’inspiration, elle vient de l’imaginaire et des rêves, des univers qui se déconstruisent et des mécanismes irrémédiables qui touchent l’individu. Ce n’est pas un recueil de nouvelles dark même si certaines situations prennent des tournants sordides, il y a de l’absurde et des dérapages cyniques qui lui donnent une forme d’humour. Je ne suis pas très attaché à la littérature contemportaine, je reviens toujours vers les maîtres un jour ou l’autre, que ce soit Stefan Zweig ou Maupassant, ils ont une telle force dans l’écriture… je n’arrive pas à retrouver leur intensité dans les auteurs d’aujourd’hui. Je fais pourtant l’effort de prendre en bibliothèque de nouvelles parutions mais elles me laissent frustrés ou perplexe.
10) Connaissez-vous le groupe One For Jude (récemment interviewé dans nos pages). Il s’agit d’un groupe parisien que je définirais comme cold wave / folk intimiste dont l’un des musiciens est lui aussi écrivain ?
O & M : Non désolés, nous ne connaissons pas, il faudrait que nous nous documentions dessus.
11) Vous avez sorti dernièrement une version vynil de votre premier album. Pourquoi avoir sorti l’album dans ce format ? Faut-il le voir comme un objet esthétique avant tout ou au niveau son, vous qui avez l’oreille du classique, pensez-vous que cela apporte quelque chose ? Je vous demande ça car il y a actuellement une mode du retour du vynil dans le milieu de la musique électronique et dans le metal underground, surtout comme attrait pour les années 80.
O & M : On rêvait de sortir en vinyl et un jour Timo du génial label allemand DENOVALI nous a écrit sur myspace pour nous le proposer. On a donc dit oui tout de suite. Le son est meilleur (Michel vient du rock et du hardcore, Ombeline a une oreille classique) car une sortie vinyl bénéficie d’un mastering approprié, différent du CD. L’objet est sublime, on a vraiment un disque entre les mains, un vrai, car le CD reste une petite chose. Ceci dit Equilibrium fait vraiment de très beaux digipaks à un prix très abordable. Le retour au vinyl s’est fait naturellement pour deux raisons : l’objet et le son. Parfois en concert certains nous demandent si notre nouveau CD va sortir en vinyl car ils préfèrent attendre pour l’acheter en vinyl, ils font bien d’ailleurs car Demain, c’était Hier sortira aussi en vinyl vers la fin de l’automne. Ce sont des collectionneurs mélomanes, nous les cautionnons complètement, c’est tellement triste d’avoir une collection de mp3 sur un disque dur dont la durée d’existence varie entre 5 et 10 ans, au mieux.
12) Comment cette collaboration avec le label allemand Denovali est-elle née sachant que c’est un label plutôt axé "Post "-core, -rock, -doom ? Vous êtes un peu à part dans leur catalogue…
M : Comme je te le disais plus haut, ils nous avaient contactés, ils savaient aussi que je jouais dans le groupe de hardcore Revok et ils étaient complètement fans des FDLN. Ils ont un catalogue axé dark, hardcore donc ils ne voyaient aucun inconvénient à faire une passerelle vers les FDLN, une façon à eux de tisser une toile d’araignée entre la musique électrique et acoustique pure.
O : Cela ne nous paraît pas fou car notre musique est également appréciées du public hardcore, metal, pop, classique… Nous l’avons noté lors du concert de sortie du 2ème album.
13) Dans le prolongement, j’ai eu écho que vous aviez collaboré avec les lyonnais de Celeste (chez Denovali également), c’est encore plus surprenant, pouvez-vous nous en parler ?
O & M : On a participé sur un titre de leur dernier album Morte(s) Née(s), ils nous avaient demandé de faire du FDLN sans nous donner aucune direction précise. C’était donc une vraie collaboration. Leur musique chaotique était à la recherche d’un développement plus posé sur ce titre en question et comme nous sommes aussi chez Denovali tout était plus simple.
14) Vous êtes issus de la musique classique que vous avez étudiée et pratiquée. J’aurais aimé connaître votre opinion sur bon nombre de formations par ailleurs de qualité dans les scènes dark qui utilisent synthétiseurs et samples parfois classiques pour créer leur musique, comme Arditi par exemple ? A l’inverse, de plus en plus de formations recourent à de vrais instruments. Un groupe culte comme Arcana qui avait commencé à base de synthétiseurs recourt de plus en plus à de vrais musiciens. Beaucoup de musique dans les scènes dark sont composés à partir de machines.
O & M : Il est vrai que dans les FDLN, tous sont issus de la musique classique, sauf Michel. L’utilisation des synthés est à notre sens une recherche dans la texture sonore ou un manque de musiciens. Si on prend la BO de Batman Begins, qui est très réussie, il y a même un cumul de synthés et de vraies cordes. Il n’y a pas de règles pour composer, il faut juste être convaincu que les synthés ne sonneront jamais comme des instruments joués par de vrais musiciens et, quelle que soit la banque de son utilisée, des algorithmes binaires ne remplaceront jamais les superbes imperfections aléatoires de l’instrumentiste. Tout est donc une question de choix pour exprimer ce que l’on souhaite exprimer à un moment donné.
15) Avez-vous eu l’occasion d’écouter la bande sonore du film russe Solaris de Tarkovski réalisé par Edouard Artemiev qui a adapté au synthétiseur du Bach. Dans un autre registre, avez-vous eu l’occasion d’écouter l’album Maestro Beethoven réalisé par le groupe dark atmosphéric Penitent qui s’est proposé d’adapter au synthé du Beethoven ?!? Que pensez-vous de ce genre de démarche ?
M : Je connais la bande sonore de Solaris de Tarkovski, c’est un de mes films préféré mais je ne connais pas « Maestro Beethoven ». Pour ce qui est de Solaris qui date maintenant de 1972, je pense que c’est tout à fait adapté à l’époque (démocratisation des synthétiseurs analogiques) et au genre science-fiction mystique, d’ailleurs le remake de Solaris et la nouvelle BO de Cliff Martinez ont gardé l’esprit onirique et mystique du sujet. Adapter du Beethoven avec des synthés, pourquoi pas, c’est une expérience. Par contre je ne saisis pas complètement le discours musical de la chose, il faudrait écouter pour en parler.
O : De tout temps les musiciens se sont inspirés mutuellement. Bartok a écrit beaucoup de musique à partir du folklore qu’il a récupéré en Europe de l’Est. Le tout est d’utiliser correctement la musique et non de la paraphrasée. Je me pencherai donc sur « Maestro Beethoven »…
16) J’ai eu l’occasion de vous voir en concert dans la chapelle du château de Talcy en août 2009 et j’en garde un très bon souvenir. Vos concerts se déroulent-ils toujours ainsi, dans un tel cadre, avec un répertoire classique suivi par vos propres compositions ?
O & M : Pour cette occasion nous avions ouvert le concert par le second mouvement de La Jeune fille et la Mort de Schubert. Le concepteur du parcours musical du château, Francis Adoue, nous l’avait demandé étant donné que tout le concept était basé sur le romantisme. A part ce concert, nous n’interprétons jamais d’autres compositions que les nôtres. Les lieux quand à eux varient beaucoup : festival en plein air, salle de concert rock, jardin ouverts…
17) Comment le public de prime abord classique réagit-il à vos compositions personnelles, plus courtes, moins complexes qui sont par ailleurs diffusées dans les scènes dark ?
O : Les compositions du 2ème album sont plus longues et plus élaborées. Le principe de variation est pour moi essentiel. Si bien que ni l’interprète ni l’auditeur averti ne s’ennuiera à l’écoute des FDLN. Les pièces courtes apportent des commentaires du public du type « on aurait aimé que ce soit plus long », ce qui est une bonne chose !
M : Le public réagit très bien car c’est une musique qui s’adresse à tout le monde, quels que soient l’âge et les goûts musicaux. Nous n’avons jamais souhaité être prisonniers d’un style et nous ne pensons pas l’être d’ailleurs.
18) Le projet Talcy n’a pas été reconduit cette année. Comment est née cette collaboration avec Talcy (sonorisation de l’exposition sur le romantisme à Talcy + concert dans la chapelle) qui a été reconduite plusieurs années ?
O & M : Nous avions travaillé avec Francis Adoue des Monuments Nationaux sur ce parcours musical dont le thème était le romantisme sous Albert Stapfer, premier traducteur de Goethe en français. Francis nous avait aussi fait participer au château de Fougères-sur-Bièvre avec une musique sur la fée Mélusine. Une fois la thématique posée, on adaptait nos compositions pour les chambres et les passages de la visite du château, tout était millimétré. C’est aussi comme ça que nous avons commencé notre collaboration avec Aurelien Police, graphiste, qui s’occupait du visuel des parcours et qui maintenant est devenu notre illustrateur pour nos pochettes d’album. La non reconduction de notre collaboration est uniquement une question de budget. Malheureusement la culture a de moins en moins d’argent en France.
19) De quels groupes dans la scène "dark" vous sentez-vous proches ? Que pensez-vous par exemple de Elend, dont les musiciens sont issus de la culture classique.
O & M : Ils sont à notre sens plus atmosphériques que nous. Lorsque nous avons commencé les FDLN, personne ne connaissait Elend. Nous avons des goûts tellement divers que nous ne pourrions pas te dire si nous nous sentons proches d’un groupe de la scène dark, ce serait faux.
20) Elend était justement sur un label de metal extrême / dark metal. Spontanément, les gens en général extérieurs tendent à opposer musique classique et metal comme deux choses opposées. Pourtant bon nombre de musiciens dans le metal revendiquent le classique comme influence. Que pensez-vous de ce rapprochement ?
M : C’est surtout un goût pour la virtuosité qui les rapproche pourtant c’est unilatéral car Bach n’empruntera jamais au métal aucun élément… J’approuve complètement cette ouverture d’esprit des metalleux, j’en suis un moi-même, mais il faut faire attention à ne pas tomber dans le pompeux ou le grandiloquent sans raisons.
O : Si l’auditeur va au-delà de l’instrumentation, le musicien classique prendra plaisir à écouter cette musique et y (re)trouver des choses qu’il connaît.
21) Comment voyez-vous le désintérêt actuel de la jeunesse pour la musique classique et d’une façon générale pour la culture ? On a assisté pendant une période à la saisie des opportunités d’accès à la culture. Aujourd’hui malgré l’accès facile à la culture par internet, l’école, la télé (je pense à Arte par exemple), les médiathèques, les musées gratuits, on semble voir un désintérêt marqué du grand nombre pour la culture au profit d’une culture de masse. La langue française elle-même semble totalement supplantée par le langage sms et des tournures cool.
M : C’est sûrement dû à l’invasion de l’information via tous les canaux que sont internet, la radio et la télévision. On en vient à saturer et à ne plus distinguer où se trouve la qualité. On assiste même au déclin de myspace, c’est devenu un immense portail publicitaire où les gens ne partagent même plus la musique, le côté simple et gratuit de cette idée de base - partager de la musique - a été supplanté par l’égo, la promo et l’hypocrisie. Concernant le déclin de l’écriture et de la correspondance j’ai écrit une nouvelle « Fleurettes » dans La Femme-ciseaux & autres nouvelles qui traite justement de cette misère, je vous invite donc à la lire !
O : J’ai enseigné en collège/lycée et je me suis effectivement rendu compte de l’étendu des dégâts. Les enfants ne sont plus inscrits à la bibliothèque/médiathèque municipale et croient qu’une « bibliothèque » c’est ce qu’il y a dans I-tunes… De plus les maisons de la culture ou associations veulent nous faire jouer mais cette fois bénévolement, faute de budget inexistant. Quant à la musique de répertoire, elle est tellement traitée comme passée de mode que même moi je suis surprise dans les concerts si toute la chevelure de l’auditoire n’est pas blanche. Rien n’est vraiment fait pour développer cette musique de répertoire, qu’elle soit moderne ou classique. Ne sont élus que les compositeurs qui sont passés par les bons réseaux de copinage et composant dans les règles françaises pour être rangé soigneusement avec les contemporains, les sériels, ou les bruitistes...
22) Dans un registre plus populaire que le classique, la scène dark voit aujourd’hui émerger bon nombre de formations dites dark folk / neo folk / folk noir, souvent marquées par une nostalgie des racines europaïennes et une réaction face au monde moderne décadent. Que pensez-vous de cette scène, où là en général tous les instruments sont joués?
M : C’est une scène qui a pris tellement de proportions qu’on a un peu de mal à distinguer les tenants et aboutissements du message auquel tu fais référence. En général, je consulte le catalogue Equilibrium pour ne pas être perdu ; je ne suis cependant pas assez versé dans ce style pour en parler. Je serais plus attiré par le groupe flamand Aranis qui vont plus loin dans l’expérience.
23) Quelque chose à rajouter ?
La Nuit est éternelle.
Les Fragments de la Nuit: http://www.myspace.com/lesfragmentsdelanuit
Equilibrium Music: http://www.equilibriummusic.com/
Denovali: http://denovali.com/
Les Fragments de la Nuit, 25 septembre 2010, video par LeLangageDesViscères