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ANGANTYR (08/04/2011 - Grenoble)

ANGANTYR

08/04/2011

Grenoble, L'Ampérage

Angantyr Grenoble

Cette venue de Angantyr à Grenoble avait été annoncée longtemps à l'avance et je l'attendais avec un enthousiasme certain. Ce concert aura été mon dernier à Grenoble, une ville qui se sera révélée au final peu riche en concerts de qualité en une décennie de résidence. Pour ma part, ce concert s'est par-contre inséré dans une série de bons concerts (et non de divertissements) à travers différentes villes : il fait suite notamment à un excellent concert de Electric Wizard, dans un registre différent, à Lausanne en mars.

Live or not live ?

Lors de la sortie du split aux cotés de NASHEIM sur Northern silence qui a permis au groupe danois de sortir de l'ombre et qui m'a permis de me familiariser avec cet excellent projet, Ynleborgaz annonçait que Angantyr ne ferait désormais plus de concerts. On ne peut pas dire que Angantyr avait jusque là donné beaucoup de concerts mais suffisamment pour proposer un morceau de qualité en version live sur ce split. Puis Ynleborgaz a refondé un line-up et au final Angantyr n’a jamais autant donné de concerts, notamment en France puisque le groupe est déjà passé par deux fois dans le Nord-Est (dernière date en mars à Montbéliard). Cette date à Grenoble était en fait le coup d'envoi du "Svig and negation" tour; dix dates passant par la France (une autre date à Valenciennes), l'Allemagne, la Slovénie, L'Italie, les Pays-Bas et la Belgique aux côtés de Nocturnal Depression qui organisait cette soirée par le biais de Whispering Night Productions, leur association qui organise en moyenne 2 fois par an des concerts black sur Grenoble ou Lyon. Nocturnal Depression servira d'ailleurs de très d’union entre Angantyr et le reste de l'affiche locale, de par sa localisation dans l'agglomération grenobloise et son statut désormais international. Je ne m'étendrais pas sur le reste de l'affiche, composé de groupes locaux en black et death que je me suis dispensé de voir.

Angantyr vs Make a Change Kill Yourself ?

A la place de ces groupes locaux, il aurait pu être judicieux que Ynleborgaz nous serve pour l'occasion une prestation de son projet Make a Change Kill Yourself qui a deux excellents albums à son actif, composés chacun de deux longs morceaux, qui font partie des meilleures compositions en black dépressif. Make a Change Kill Yourself semble toutefois un exutoire parallèle, là où Angantyr est le projet principal de Ynleborgaz, qui semble avoir choisi entre exprimer ses pulsions suicidaires (à un moment on arrive à une limite, on ne peut le répéter sans fin, se vendre avec ça et garder cet état d’esprit à moins de faire du théâtre et s’exhiber avec) et le côté guerrier de Angantyr débuté en 1998.

Une actualité de rééditions

Depuis son arrivée sur Northern Silence, Angantyr bénéficie d'une plus grande diffusion et le label allemand a notamment permis de redécouvrir l'excellente discographie par un ensemble de rééditions (entreprise démarrée dès 2005 avec la réédition en vynil des 2 demos du groupe). Mais si bien des groupes faiblissent en inspiration avec les années, se semble être l'inverse pour Ynleborgaz : le dernier album Svig est son meilleur album, et l'une sorties récentes marquantes en black (ce qui est de plus en plus rare…). Je m'attendais assez logiquement à une prestation axée sur Svig ce qui n'a pas été le cas. En même temps, l'ensemble de la discographie de Angantyr est d'actualité avec toutes ces rééditions.

Des compositions de qualité mal honorées en live

Je ne saurais donner un avis objectif sur ce concert: j'ai été très content de voir Angantyr sur scène, mais comme bien des groupes de black metal, je peux confirmer après ce concert que j'apprécie mieux sur album qu'en live. Je reste persuader que le black metal sombre est une musique intime, ayant rarement été comblé par un concert de black, restant bien-sûr satisfait d'avoir pu voir tel ou tel groupe en live, mais avant tout comme complément de leur musique sur albums. En février de cette même année, j'ai d'ailleurs eu une grosse déception avec Rotting Christ dont j'avais pourtant trouvé le dernier album en date excellent, mais qui perdait vraiment de sa force sur scène…

Deux points négatifs sont à souligner pour ce concert de Angantyr: l'attitude et le son. Rien à redire sur Ynleborgaz, qui semblait avoir un certain plaisir à jouer live et se donner à fond sans se transformer en funny boy evil du black metal. Par-contre, la présence de son bassiste était franchement agaçante. Musicien de session, on aurait pu s'attendre à ce qu'il fasse simplement son office d'exécutant; au contraire, il ne cessait de se mettre en avant avec des poses ridicules de chien enragé, gesticulant de façon bourrine. Ce premier point rejoint le deuxième puisque le son de sa basse étouffait les mélodies. Cela ne semblait pas gêner Ynleborgaz, d'ailleurs malgré une scène assez large, les deux jouaient de façon très rapprochée. La mauvaise qualité du son avec des mélodies difficilement discernable face à une basse trop présente ne permettait que difficilement d'identifier les morceaux. Il manquait à l'évidence une deuxième guitare pour rendre parfaitement la musique de Angantyr sur scène. Le résultat de cette configuration est le rendu de certains morceaux parfois difficilement identifiables.

Setlist

Revenons toutefois sur le contenu des morceaux joués. Le premier constat, c'est que l'excellent "Svig" n'a pas du tout été privilégié. Alors peut-être que dans chaque album, il y a un morceau moins bon que l'ensemble, et il en faut peut-être un, mais que celui-ci soit choisi aux détriments des autres a quelque chose de décevant: le morceau "Ni Lange Naetter" a donc été joué aux détriments de morceaux excellents de Svig. Fort heureusement, l'excellent morceau éponyme "Svig" a été joué. C'est pour ma part, l'un des meilleurs morceaux de la discographie de Angantyr; une discographie bien étoffée en 13 ans d'existence avec 4 albums, un split et 2 demos. Angantyr piochera un peu dans tout. On notera même deux morceaux de la première demo Endelos sortie en 1998 avec "Nattens Kraefter" et "Endelos", demo fraichement rééditée sur CD par Northern Silence en bonus du premier album Kampen Fortsætter qui servira lui de clôture à cette prestation avec le morceau "Stormen Fra Nord". Svig n'a été que peu mis à l'honneur et d'ailleurs le concert débutera avec "Den store Krig" le premier morceau de Nordens Stolte Krigere, l'excellente deuxième demo réalisée en 2001 juste après le premier album et qui marque une évolution vers quelque chose de plus torturé. La pochette du dernier album Svig exprime bien cet aspect avec le visage d'un guerrier exprimant tourment et haine, loin du pagan festif et des démonstrations caricaturales de virilité. Le morceau sera joué dans son intégralité avec sa longue intro pendant laquelle Ynleborgaz marche l'air pensif sur la scène comme s'il se remémorait des scènes passées. La musique de Angantyr est un black metal à la fois raw et mélodique (un aspect mélodique qui a semblé déstabilisé certains black metalleux), puissant, haineux et torturé, on peut d'ailleurs établir une comparaison entre l'excellente demo Nordens Stolte Krigere et le Ulver de l'époque "Nattens Madrigal". On distinguera également des morceaux de Sejr (2004) avec "Soelverpilens Kald" et "Slettes Skal Minder, et seulement un titre pour Haevn le précédent album (2007) avec le très bon "Danermorder". Voici la playlist détaillée :

Den Srore Krig (de Nordens Stolte Krigere)
Soelverpilens Kald (de Sejr)
Danermorder (de Haevn)
Ni Lange Naetter (de Svig)
Endelos (de Endelos)
Slettes Skal Minder (de Sejr)
Nattens Kraefter (de Endelos)
Svig (de Svig)
Stormen Fra Nord (de Kampen Fortsætter)

Public

Comme souvent la communication avec le public était dispensable, mais n'était heureusement pas trop longue. Niveau communication, il aurait pu être pertinent par-contre de penser à un stand cd, d'autant que les albums de Angantyr et Make A Change Kill Yourself ne sont pas les cds les plus faciles à trouver. On notera moins de monde pour la prestation de Angantyr après Nocturnal Depression, ce qui témoigne du manque de curiosité de plus en plus marqué pour "ce qu’on ne connaît pas", et du "tout se vaux", comme si Angantyr débutait. Pourtant en black suicidaire, Ynleborgaz a contribué à la scène via Make a Change Kill yourself avec deux des meilleurs albums sortis dans un style qui a rapidement perdu l’inspiration sous l’effet de mode. A quoi s'ajoute, une présence dans la scène depuis plus de 10 ans pour un groupe certes à la notoriété limitée, mais à la qualité évidente, et dont le vrai amateur de black underground ne devrait faire l’impasse…

Bilan

En conclusion, il en ressort la satisfaction d'avoir pu voir Angantyr en concert, à mon sens un des meilleurs projet actuellement en black, satisfaction couplée à une frustration d'un son si mauvais dû à une configuration (basse écrasante et absence de seconde guitare) qui a n'a pas honoré les compositions de qualité de Angantyr, ce qui n'a pas paru désappointé un seul instant Ynleborgaz.

Olten 2013

Une autre occasion m'a été donnée de voir Angantyr en octobre 2013 à Olten (Suisse allemande). Les 3h de route ont été récompensées et m'ont permis de ne pas rester sur cette impression live négative de Angantyr car cette fois-ci une deuxième guitare était prévue, et là les hymnes guerriers et torturés de Angantyr ont pris cette fois toute leur dimension !

Video

 par MikaRagua
(avec un son enregristré bizarrement meilleur que le son dans la salle ?!?)

 

 


 

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