Titanic Club, Munich (Allemagne)
19/08/2006
par Adnauseam
Le cimetière de Munich
Pas de première partie pour ce concert organisé au Titanic Club à Munich. En guise de première partie, dans "l'esprit spirituel dark", je pourrais parler de ma visite au cimetière Est de Munich, un ancien cimetière où l'on peut trouver ces magnifiques statues exprimant le tragique avec magnificence. La particularité de celui-ci c'est que là bas, contrairement au français moyen stupide qui ne comprend pas l'art funéraire et se contente d'un "ahhhh c'est morbide", et bien les gens là-bas vivent allègrement dans ce cimetière: on peut y trouver entre deux tombes des filles se faisant bronzer, certaines même limite en maillot de bain, ou encore des gars torse nul en train de se gratter les pieds, quand ils n'allongent pas leurs pieds sur une tombe, et je ne parle pas là de nos pathétiques et pitoyables gothiques qui par clichés déambulent gaiement dans les allées du Père Lachèse, un livre de Anne Rice à la main (toute ressemblance avec une émission télévisée n'est pas qu'une pure coincidence…), non, je parle vraiment de l'allemand moyen. Ici les allées sont traversées par de nombreux allemands y faisant tout simplement leur jogging, respirant l'air pur du cimetière, ou à l'ombre de ces grands arbres; il semblerait ainsi que la vie et la mort s'y marient à merveille.
Dernière Volonté
Passée cette anecdote très tripante, passons aux choses sérieuses: le concert de Dernière Volonté. C'est une agréable opportunité lors d'un court séjour dans une ville d'en profiter pour faire un concert et de se mélanger ainsi à la "tribu" locale représentative d'une mouvance. Ma première impression, habitué que je suis de la scène dark folk suisse, est qu'en Allemagne, on joue peut-être moins la surenchère dans le genre militariste ou tendancieux, les runes sont de mises mais pas de look trop tape à l'œil ce soir, peut-être à cause du poids de leur histoire. On pouvait ce soir-là repérer dans le public de ce petit club alternatif habituellement plutot axé metal et qui étrangement accueille parfois de gros groupes, quelques figures majeures de la scène dark folk actuelle: Albin Julius, le leader de Der blutharsh, également propriétaire du label WKN sur lequel on retrouve Dernière Volonté, ainsi que le leader de Von Thronstahl, bien dommage qu'il n'ait pas assuré un set plutôt qu'être là en simple spectateur.
J'avais déjà eu l'occasion de voir Dernière Volonté en compagnie de notre compatriote de Tribe of Circle, les musiciens de Dernière Volonté l'accompagnant d'ailleurs alors aux percussions. Ici rien qu'eux ce soir et un public qui semblait motivé de voir ce groupe qui chante en français. Comme beaucoup de formation dark-folk, tout est travaillé puisque le visuel compte énormément étant donné que la musique à l'exception des percussions et du chant est préenregistrée. Le percussionniste arrive ainsi sur scène comme à l'accoutumée, enfilant gants, mettant une baguette de provision dans la ceinture et attaque son show. Je dois reconnaître qu'il a vraiment une certaine classe, qu'il gardera tout au long du show, dans sa façon d'assurer les percussions avec une certaine élégance qui mérite d'être soulignée. Je pense que ça fait partie d'un tout et que Dernière Volonté serait, si je caricature, un groupe de dark folk militariste auxquelles les demoiselles sont réceptives; n'y voyez rien de péjoratif, mais la gente féminine des premiers rangs semblaient être bien présentes d'une part et d'autre part, je trouve que Dernière Volonté sort quand même du lot de toute cette nouvelle vague indus martiale actuelle. Actuellement, c'est plutôt la surenchère du plus tendancieux avec par exemple des groupes comme Die Weisse Rose avec poses strites, très froides et martiales. Un show de Dernière Volonté se dissocie bien de cela, soulignons d'ailleurs l'évidente personnalité de ce projet. Les deux membres du groupe sont certes sur scène en "tenue dark folk" si je puis dire avec raies sur le côté, habillés strictement avec chacun le logo de Dernière Volonté affiché comme un signe d'appartenance à un mouvement, l'un aux percussions, l'autre au chant mais l'attitude est plus "minet" si je puis dire. Ça me rappelle un peu OSTARA. Geoffroy, au chant, paré étonnement d'un chapelet au poignet (concept sur la première guerre mondiale?), d'ailleurs est bien loin des poses figées caricaturales du mouvement, il n'hésite pas à se tordre et comme à danser, d'ailleurs le chant est un véritable chant qui rappelle parfois des groupes français comme Indochine ou d'autres combo de new-wave.
Le concert proposé ce soir semblait comporter de nombreux inédits et il semblerait que Dernière Volonté poursuive dans la voie engagée dès Les blessures de l'Ombre mettant l'accent sur les titres "military pop", concrètement une musique militariste mais avec un coté pop, et dans le cas de Dernière Volonté c'est une réussite. Ainsi tous les meilleurs titres dans cette optique ont été joués: les excellents "La foudre et le tonnerre" et le hit "La source" avec les "eh!" entraînants du chanteur, ou encore "Le poison", des morceaux qui posent bien le style de Dernière Volonté: des percussions martiales, une musique hyper mélodique avec des sonorités folk. On notera d'autres extraits des Blessures de l'ombre, peu de titres de Le Feu sacré identifiés, pas mal de titres parfois un peu boy scoot, sachant que les textes en français traitent souvent d'une manière poétique de la camaraderie.
On a pu entendre au détour d'un titre sur la fin des "Achtung ! Der blutharsch!" avec un regard dirigé vers une personne, auquels ont été peu réceptif le public, qui était à mon avis un appel tendu à Der Blutharsh comme le veut la tradition, car quand Der Blutharsh est dans le public, ça se finit souvent sur scène! Le public n'a pas compris et a apparemment pris ces quelques mots d'allemand pour ce qu'ils étaient (bref ils ont traduit), la sauce n'a donc pas pris, peut-être aussi que pour Der Blutharsh le mélange aurait été plus ardu qu'à l'accoutumée. S'ensuivirent deux rappels successifs fort sympathiques après la sirène de guerre qui marquait la fin du show.
Place ensuite à une soirée power electro/ indus martial / dark folk. Une petite anecdote pour finir avec une jeune gothique apeurée à mon simple "do you speak english?" qui montre peut-être que même si les gens des autres pays sont bien plus intéressants que notre pathétique France, comme le montrait le cimetière, et bien les goth basiques semblent toujours aussi peu intéressants et afficher une apparence avant tout…