31/10/2007
CCO, Villeurbanne (69)
Cette traditionnelle soirée "dark" organisée pour Halloween est la toute première organisation de concert sur Lyon néede la collaboration de Hors Norm, qui organise habituellement ses événements sur Grenoble, et de Neutral Zone, disquaire et organisateur de concerts, suite à l'ouverture d'une boutique commune début septembre sur Lyon, associant ainsi vêtements alternatifs et musique. On notera l’absence significative des "gothiques", au sens gogoth et TF1 du terme, aimantés par une soirée dansante et exhibitionniste à 15 euros en centre ville, la curiosité musicale ne faisant pas partie de leur panoplie (la soirée concerts incluait également un after en centre ville) mais il y avait suffisamment de monde pour se passer de leur présence…
Dolls of Pain : un manque de souplesse ?
Ce sont les strasbourgeois de Dolls of Pain qui assurent le début de la soirée, ayant sorti récemment leur deuxième album Slavehunter à nouveau chez Urgence Disk, en présentant leur univers fétichiste. Le groupe joue si bien à l'heure annoncée (le côté rigoureux de la domination ou de l’organisation de la soirée?) que malheureusement je les ai raté, et c'est bien dommage car j'avais vraiment apprécié leur premier album. Je ne peux que vous conseiller de les voir, les ayants déjà vu (et découvert à cette occasion) à Grenoble en 2005 en compagnie de Cruxshadows, lors d'une soirée déjà organisée par Hors Norm. Je peux donc vous affirmer qu'il s'agit d'une très bonne formation de dark electro gothic efficace sur scène comme sur album : site.
Lycosia en demi-teinte
S'ensuit Lycosia, là aussi un groupe que j'avais déjà eu l'occasion de voir à l'Usine lors de la promotion de leur précédent album éponyme. Si leur prestation à Genève m'avait convaincu, je dois dire que cette fois elle m'a laissé assez neutre, voir un peu lassé sur la fin. Depuis le début, le groupe semble se chercher, malgré leur étiquette revendiquée depuis plusieurs albums de "glam goth deluxe", essayant à chaque album quelque chose de nouveau. Mais j'espère que Lycosia ne s’est pas trouvé sous cette nouvelle identité présentée ce soir, avec encore un nouveau line-up, car les derniers morceaux m'ont assez désappointé, le chanteur semblant s'essayer à chanter dans une autre langue (oui mais laquelle?!?) en essayant de produire quelque chose d'un peu de metal-indus au niveau des guitares. Apparemment, il s'agissait ce soir de la première prestation avec le tout nouveau line-up de divers horizons incluant l'arrivée très récente d'un membre Draupnir, black metal parisien, succédant à l'arrivée récente de Dagulard à la batterie, également batteur dans un groupe de death 7th Nemesis (ayant apparemment passé un temps au sein du groupe grind Sublime Cadaveric Decomposition). En tout cas, l'ambiance était des plus festives parmi le groupe après le concert, notamment en fin de soirée, malgré que le rappel ait été achevé avant la fin du morceau par les responsables de la salle, ce qui agaça bien le groupe, ce qui était bien compréhensif ?!? Quoiqu'il en soit Lycosia est toujours sympathique à voir, et le public a été bien réceptif, mais j'avais nettement préféré leur concert à Genève où le coté new wave (qui ressort bien dans les synthés) était bien plus marqué avec un ensemble plus gothic metal fortement imprégné de new wave et moins fourre-tout m'avait-il semblé?!?
Psycho Luna : fadeur quand tu nous tiens
Ce qui a suivi ensuite était peut-être bien dispensable, en tout cas pour ma part. Psycho Luna est un groupe allemand qui se veut "strange" et "déjanté" à la base j'imagine, mais qui baigne dans une fadeur et une banalité inintéressantes. L’intro toute en narration allemande laissait peut-être présager à tord de l'electro-indus froide ou de la dark wave, mais ce qui a été proposé, était, je ne sais pas trop comment le définir, du pseudo gothic qui n'est en fait que du "indie rock n'roll", essayant peut-être de copier sur un groupe comme The Cruxshadows? Au premier abord, le look à la fois décousu, fade, et sans identité du groupe ne m'inspirait pas trop, mais je pense que le problème vient surtout de leur pseudo charismatique leader rempli de clichés rock n' roll usés et abusés (saut en l'air les jambes écartées par exemple…), soit-disant déjanté, mais qui m'a laissé de marbre pour ne pas dire agacé, les autres musiciens, y compris la bassiste Leila Lugosi (sic) étant complètement effacés. Evidemment une partie du public a apprécié notamment par l'accessibilité de leur musique indépendante et surtout par le trop plein permanent du guitariste chanteur, je vous laisse cependant la possibilité de vous faire votre opinion en allant sur leur site.
The Birthday Massacre : créativité enfantine
Place enfin (!) à The Birthday Massacre dont j'attendais réellement la venue après avoir découvert leur excellent album Violet. Cela faisait un petit moment que les organisateurs hésitaient à les faire venir, étant donné que c'est un groupe vraiment intéressant, toutefois encore assez peu connu mais dont la notoriété semble vite grossir. Il s'agissait de la deuxième prestation du groupe canadien en France, ayant jouée la veille à Paris avec Psycho Luna et deux autres groupes locaux plus metal (Jadallys et Fixxx). Je pense en tout cas que la notoriété du groupe est bien établie car le public était bien présent ce soir, semblant pour la plupart n'être pas venu au hasard mais bel et bien pour lette prestation. Cela s’en ressentait dans le look du public, un public certes assez jeune, s'inspirant visiblement pleinement de l’univers enfantin de The Birthday Massacre pour adapter son look, ce qui donnait quelques look intéressant changeant des look gothopouf en vinyle ou vampires, mélangeant alors rose et noir, à l'image des pochettes du groupe, mixant un univers enfantin et naïf avec un univers sombre, avec nounours ou autres parfois, cela avec efficacité pour certaines personnes du public (ne généralisons pas non plus), ce qui apporte un peu de nouveautés dans un univers rempli de clichés…
Cet univers enfantin clairement développé par le groupe s’est principalement ressenti dans l’attitude de Shibi, la chanteuse, qui adopte plein de mimiques et postures de gamine au sens propre du terme, avec de gros clins d'oeils naïf, par sa façon de bouger et dans sa façon de communiquer, avec toutefois une jupe très courte, même coupée, signe que peut-être l'enfance reste éternellement derrière?!? D'ailleurs chaque membre du groupe est un personnage en soi avec son look mariant toujours un univers enfantin, rêveur, ou nostalgique avec un côté goth, ressemblant au final un peu aux personnages de Tim Burton ("Edward aux mains d'argent" par exemple), Rainbow ayant pour sa part un look un peu Mansonnien. Chaque musicien joue de façon très clean; on notera la présence assez inhabituel d'un guitariste-synthé ou plutôt d'un musicien au synthé qui par moment s'envole avec son synthé tel une guitare?!? Le groupe est tellement à fond et si parfaitement dans son folklore que Shibi le temps d'une pause parlait avec la voix d'une petite fille aux personnes devant, histoire de voir si tout se passe bien; une immersion dans le floklore maintenue jusqu'à la dernière minute puisqu'en partant sous les salutations du public après un rappel, les musiciens n'ont pas hésité à jeter non pas médiators ou autre objet habituel, mais à tendre et offrir leur bouteille d'eau et leur gobelet?!?
Je ne connaissais pas encore à ce moment là le nouvel et troisième album Walking with strangers que j’ai donc découvert sur scène mais qui est, avouons-le moins bien, que Violet mais qui comporte de bons morceaux. Parmi ceux joués ce soir, il y a eu le très bon "Kill the lights", premier morceau joué si mes souvenirs sont bons, "Remember me", le très moyen "Looking glass" ou encore "Week end" annoncé là aussi avec une naïveté toute théâtrale (genre "vive le week end on va bien s'amuser!"), ou encore "Goodnight", des titres qui en appellent à l'imaginaire enfantin peut-être plus que jamais. Mais surtout quasiment tous les bons titres de Violet ont été joués : "Happy birthday" qui a été un prétexte festif à fêter candidement celui de l'ingénieur du son, ainsi que "Blue" , "Video Kid" et quelques autres. La musique de The Birthday Massacre est incontestablement originale et émotionnelle avec une base gothic darkwave, des synthés plutôt new wave, des guitares mélodiques à tendance métallique, pour un résultat dont se dégage une atmosphère particulière faite de candeur et de nostalgie bien palpable sur scène, en faisant un hommage évident au deuil du merveilleux.
Au final voilà un bien bon concert d'un groupe particulier à forte identité ; certains trouveront bien-sûr à redire sur l'image et le folklore du groupe, qui certes ne fait pas dans le tragique ou le sombre, mais qui propose quelque chose d’incontestablement intéressant à tous les niveaux et surtout de parfaitement maîtrisé, même si ce nouvel album Walking with Strangers se révèle déjà moins bien que leur second album Violet…
Adnauseam
"Video Kid" par Darkmomo19 à Paris le 30/10/07