22/07/2005
Espace Drac Ouest, Fontaine (38)
Le fait marquant de cette soirée, en dehors de son contenu musical, aura probablement été le peu de monde qui s’était déplacé, seulement une trentaine de personnes, alors que la tête d'affiche était tout de même les Américains de THE CRUXSHAWDOWS. Et pourtant, Hors Norm n'en est pas à son premier coup d'essai après plus de 10 ans d'organisation de concerts en tout genre : Evol (1996), Lacrimosa & Love Like Blood (1999), Impaled Nazarene (2000) Rotting Christ (2000), Notre Dame(2002), New Model Army(2000), Behemoth (2002), et bien d'autres. Saluons donc son courage de ne pas baisser les bras face à un tel statisme de la part des soi-disants adeptes de la scène dark, qui aiment se revendiquer de telle ou telle mouvance avant tout pour l'étiquette qu'elle soit "gothique", "dark" ou autres. On se demande même quels sont leurs véritables goûts. La mouvance gothique et autres affiliations n'ont jamais été autant à la mode. Il suffit d'observer les rues pour en prendre conscience. Pourtant, mis à part s'exhiber, de quoi se revendiquent les adeptes de cette scène qui, rappelons-le, est à la base musicale ? Et bien de groupes non spécifiques à ces scènes et touchant un public rock plus large tels que Marylin Manson, Rammstein, Nightwish (effectivement là c'est toujours sold-out !). Alors si certains prétendent qu'il faut plus de pub, cela est évident. Mais cela n’implique pas de convertir de nouvelles personnes, car le mouvement est déjà très développé. Non, il s'agit juste de faire passer l'info à ces si nombreuses personnes qui devraient se sentir concernées et qui pourtant ne s'investissent nullement dans la scène, même en simple spectateur. Donc de la pub juste pour les amener là où ils doivent être. Pourtant certains préfèreront toujours les soirées pourries en bar ou en discothèque (les "fameuses" soirées gothiques), comme si une soirée concert n'était qu'une simple option, un choix parmi d'autres comme aller en boite ou manger une pizza ! C'est franchement inquiétant...
EAT YOUR MAKE UP
L'affiche de cette soirée était pourtant loin d'être inintéressante. Pour commencer c'est EAT YOUR MAKE UP qui ouvre la soirée. C'est l'occasion de présenter leur premier album 3 First Dinner devant alors sortir peu de temps après chez Darkside mais aujourd'hui repris par Adipocère. EAT YOUR MAKE UP pratique un très bon death rock / batcave avec réussite dont les sources évidentes sont le Christian Death de la première époque (Only Theatre of pain) remis au goût du jour par des formations comme Cinema Strange ou encore Chants of Maldoror. D'ailleurs EAT YOUR MAKE UP s'en rapproche beaucoup par ce chant plaintif, le look typique que ce soit dans une version élégante et androgyne comme le chanteur ou dans une déclinaison androgyne et destroy comme Mac Gregor avec cheveux en pétard et porte-jarretelles. Autant dire que cette formation française excelle dans le deathrock, pas étonnant avec les ex-Darkside (label) dans ses rangs... Une bonne prestation malgré le manque de monde et un groupe de fans assez présent quoi que "toujours les mêmes" apparemment si on s'en tient aux propos du chanteur...
DOLLS OF PAIN
Ce qui ne sera pas le cas pour DOLLS OF PAIN venant de Strasbourg sans cette fois-ci de fan club local pour combler le vide flagrant de cette très bonne soirée. DOLLS OF PAIN pratique de la bonne electro dark un peu à la Evil Toys et avec l'ajout d'une guitare discrète mais efficace et qui ne tombe pas dans l'écueil du crossover. Le manque de monde semble désappointer le chanteur assis pour un morceau sur le bord de la scène mais l'ensemble est pourtant très bon. On aura droit à un morceau electro dark sans guitare ni chant avec les deux joueurs de synthé démontrant ainsi leur habileté dans l'electro mélodique et sombre. Un très bon show pour ce groupe à l'imagerie fetish-goth.
THE CRUXSHADOWS
J'avais déjà eu l'occasion de voir THE CRUXSHADOWS à Genève en novembre 2003, lors de leur précédente tournée, et je savais donc à quoi m'attendre. Le chanteur Rogue a en effet une façon particulière d'assurer la prestation utilisant tout l’espace disponible, en se déplaçant sans cesse dans la salle, montant sur des tabourets, dansant la farandole ou pour finir en amenant tout le monde sur la scène (ça je n'ai pas eu le temps d'anticiper, et votre serviteur n'y a pas échappé). Une prestation cependant à la démarche fort sympathique. Deux danseuses sont également présentes sur quelques titres. Le line-up est désormais réduit à quatre membres, et non plus à cinq comme à Genève. Ce n'est pas une perte car le personnage central d'une prestation de THE CRUXSHADOWS mise à part le chanteur qu’on ne sait jamais où il se trouve (derrière nous ? A l'étage ?), c'est la violoniste Rachel, réellement impressionnante non seulement par les excellentes sonorités excellentes de son violon mais aussi par sa performance physique, toujours elle aussi à danser et se déplacer. Les sonorités folk de ce violon sont des plus agréables et si CRUXSHADOWS pratiquait à ses débuts une dark wave faiblarde, il a su exploiter au mieux son potentiel en évoluant vers quelque chose de vraiment plus intéressant à partir de Wishfire en optant pour une musique directe, dynamique, avec des beats electro, de la guitare en fond et surtout ce violon omniprésent. Un groupe atypique et excentrique comme les aiment Hors Norm.
Une très bonne soirée que beaucoup ont raté. Ceux-là n'auront probablement pas l'occasion de les revoir dans le coin (ils se contenteront du local) !
Adnauseam