17/10/2010
Le Romandie, Lausanne (VD, Suisse)
C’est seulement deux jours avant, que j’ai appris ce passage de Triptykon avec aucune autre date en Suisse ni en France à l’horizon. Ce passage s’imposait d’autant que j’avais raté, étant alors à l’étranger, celui de Celtic Frost il y a quelques années dans cette même ville à l’occasion de Monotheist… Celtic Frost a beau être suisse, il ne multiplie pas les dates en Suisse, son statut n’a rien d’un groupe local ni même national… J’avais toutefois eu l’occasion de voir Tom Warrior sur scène en novembre 2005 en special guest non annoncé lors du passage de 1349 en première partie de Gorgoroth, à la Chaux de fonds, pour une mémorable reprise de Celtic Frost avec "The usurper"… Triptykon s’embarque d’ailleurs à l’automne en tournée sur le continent américain aux côtés de 1349.
Triptykon est annoncé comme le successeur de Celtic frost, Tom Warrior l’annonçant comme le même type de continuité que celle qui a lié Celtic Frost à Hellhammer… Autant dire que Celtic Frost est on ne peut plus culte dans la scène dark metal, le black autant que le doom et tout ce qui est experimental dans le metal sombre lui doivent beaucoup… Bien des stéréotypes mis à mal aujourd’hui sont nés avec force, conviction et qualité dans l’esprit de Tom Warrior et Martin Eric Ain. Pensons à cette narration du poème de Baudelaire « Tristesse de la lune » dans une version narrative aussi bien que dans une version metal sur l’excenllent Into the pandemonium en 1987… Bien des groupes devenus cultes ont rendu hommage à ce groupe que ce soit les suisses de Sadness dont le second album a été produit par Martin Eric Ain, Therion à son époque Lepaca Kliffoth ( car oui les voix d’opera dans le metal viennent évidemment de Celtic Frost…) et pensons aux débuts lents des suisses Samael ou Alastis. près avoir vu Obituary en juillet, qui est un groupe un peu à part dans la scène death des 90’s, je me suis dit qu’à l’évidence, outre son excellente reprise de "Circle of the tyrants," à l’évidence il y a un son celtic frost dans leur death metal… Celtic Frost a à l’évidence inventé à plusieurs reprises le dark metal. Peu de groupes peuvent se targuer de ça, à part Bathory qui a inventé deux fois le black metal… Tout est à l’évidence culte dans celtic Frost sauf cet incroyable album que fût Cold lake en 1988. En même temps avec cette mode rock n’ roll et glam, il ne serait pas impossible que cet album finisse par devenir culte…
Le retour de Celtic Frost dans les années 2000 avec Monotheist, sous un visage très doom et bien noir a dû décevoir ceux qui pensait que Celtic Frost reviendrait en convergence avec le culte qu’il a engendré à son égard dans la scène black, même si beaucoup témoigne de l’intérêt à Celtic Frost et Hellhammer parce que la première vague de black s’y réfère… J’ai une tendance que la pratique a conforté à me méfier des grands retours, mais à l’évidence ce retour n’était ni un coup marketing ni du réchauffé : Monotheist a bien l’esprit Celtic Frost mais apporte du nouveau et marque une orientation doom (même si cet élément a toujours été présent). Tritykon prolonge tout à fait ce Celtic Frost année 2000, bien loin de ce mauvais projet que fût Apollyon Sun, avec toutefois des morceaux un peu plus bruts, rappelant l'esprit des débuts de Celtic Frost, comme la pochette de ce premier album.
Ce passage de Triptykon ne s’annonçait pas dans des conditions optimales, la soirée étant gratuite, non par charité, mais dans le cadre d’un festival dans toute la ville, un peu comme une sorte de fête de la musique… J’avais plutôt compris que c’était simplement une soirée gratuite, m’attendant donc à un simple afflux de metalleux. Du coup, même en arrivant une heure à l’avance, j’ai eu droit à 1h20 d’attente devant la salle, la gratuité attirant les curieux et la salle étant complète, les entrées se faisaient en fonction des sorties. En guise de première partie, j’avais choisi de me dispenser des premières parties iniutiles, visitant à la place le cimetière de Lausanne, en souhaitant arriver pour The Ocean. Mais à ce plaisir esthétique et culturel devait succéder, une longue heure de lutte pour se garer de façon conforme dans la ville. Le Romandie, à nouveau, a organisé une soirée de qualité, mais honnêtement, ce genre de problème était prévisible. Il aurait fallu peut-être annoncé le contenu par une affiche, au moins les gens non concernés se seraient dispersés, car bon nombre d’adeptes de Celtic Frost étaient comme moi désappointés par cette situation. Au final j’ai donc raté entre 20 et 30 mn du concert, heureusement 1h15 était prévu pour le groupe. Une fois rentré, je n’étais pas au bout de mes peines puisqu’un metalleux cool bourré baba s’est senti obligé de me parler malgré mes demandes de regarder tranquillement le concert, allant jusqu’à me demander si j’aimais la "zic" vu que je n’étais pas aussi joyeux que lui… Pourtant le groupe ne semblait pas l’être non plus… voilà un concert justement bien authentique, bien noir, loin des attitudes m’as-tu vu et rock star de bon nombre de formations de black.
Le concert s’inscrivait tout à fait dans la prolongation de l’ambiance de Monotheist, puisque de Triptykon, seuls les morceaux lourds ont été choisi comme "Abyss within my soul", et de nombreux morceaux de Monotheist ont été joué, notamment la trilogie "Triptyk" qui a donné ce nom à ce projet. L’inclusion évidemment attendue de morceaux du vieux Celtic Frost ne détonnait pas, avec, il y en a surement eu d’autres pendant les 30mn ratées, (comme "Circle of the tyrants" que le groupe joue) un mémorable "Necromantical screams" parfaitement bien intégré dans la playlist. Ce morceau lourd et épique est bien ancien car avant de clôturer magistralement l’album To Mega Therion il existait dans une autre version sous Hellhammer sous le nom de "Buried and forgotten" sur Satanic rites sorti en 1983. Initialement ce morceau comporte des voix féminines solennelles typées opera, le premier morceau de ce genre dans l’histoire du metal, mais pas de backing vocals féminin sur la version 2010 malgré la présence d’une femme à la basse (marquée d’une croix renversée au front) qui aurait pû utiliser sa voix. Concernant le line-up, il faut préciser que Tryptikon est un vrai groupe et que les musiciens live sont membres à part entière de ce nouveau projet. En fait les autres musiciens sont issus de formations plutôt différentes, plus jeunes, et allemandes. Ce dernier point n’est pas improbable, car la Suisse a la particularité d’avoir trois zones linguistiques, si la distance n’est pas un obstacle, la langue peut en être un, mais le bastion de Celtic Frost a toujours été Zurich, situé en Suisse alémanique. Les deux musiciens sont donc allemands : on y retrouve un guitariste issu de Dark Fortress, un groupe bien peu intéressant dont la participation au tribute à Katatonia m’avait déjà bien surpris, et le batteur du groupe metalcore ,qui semblait d’ailleurs s’y croire un peu en venant s’exhiber devant la queue devant la porte avant le concert, mais qui s’est révélé très efficace tant techniquement que visuellement. Au centre de tout ça, un Tom G Warrior bien sombre, avec comme à l'accoutumée depuis son retour son bonnet noir, sa chevelure grisonnante et son maquillage noir coulant de ses yeux...
En somme, ce nouveau groupe, dont le cerveau est incontestablement Tom G. Warrior, se révèle être un parfait successeur au Monotheist de Celtic Frost, et a offert une prestation bien sombre et authentique. Il y aura assez peu de communication avec le public, et pas de rappel, le public n’en réclamant pas, alors qu’on sentait le groupe prêt à en faire… bizarre. Le public semblait plutôt capté par l’organisateur de la soirée, présentateur d’une émission de metal sur les ondes, Krakoukass, sur radio Couleur 3, déguisé en curé pour l’occasion, fêtant les 10 ans de son émission ce soir et à l'origine de la programmation variée de cete soirée exclusivement suisse qui comptait Yverdoom (metal’n’roll), The Ocean (post-core metal atmo) et Arma Gathas (Hardcore). Une excellente prestation de Triptykon de A à Z malgré un cadre peu favorable !
Adnauseam