Golevka
Post-rock atmosphérique
Suisse
Shayo, 2005
C'est lors de deux prestations mémorables, à seulement deux jours d'intervalle, que j'ai découvert cette jeune formation suisse. Crée en 2002, Golevka est le premier véritable album de la formation et succède ainsi à un premier ep éponyme en 2003, et voit le jour sur le jeune label genevois SHAYO (http://www.shayo.ch), qui compte en ses rangs des groupes plutôt neo folk comme IN GOWAN RING ou NEITHER/NEITHER WORLD, mais toutefois le label développe clairement son intérêt pour la dark folk dans sa rencontre avec le post-rock, et non pas selon la mode actuelle de jonction avec l'industriel symphonique. THE EVPATORIA REPORT confirme cet intérêt pour le post-rock puisqu'il officie clairement dans ce style.
Le post-rock, pour ceux qui ne cerneraient pas de quoi il s'agit, n'est pas la simple association de post et de rock, mais constitue bien un style à part entière, malgré le flou de définition initial qui entoure ce mouvement, qui dépasse la définition classique du rock tout en en utilisant les instruments (basse, guitare, basse, batterie); ce dépassement a donné jour à un style dont les représentants les plus notables sont GODSPEED YOU BLACK EMPEROR, MONO, MOGWAI, qui constituent désormais autant de références pour cette mouvance qui se caractérise par une musique désabusée mais mature (sans l'emphase ou le trop plein de la jeunesse si on peut dire), où on sent un certain désenchantement, une musique évasive planante tout en étant saturée, avec un coté très progressif dans la constitution des morceaux faisant succéder des moments planants, à des phases de montée de tensions, à leur explosion, et en général sans aucun chant.
Ce sont bien de ces bases là dont part THE EVPATORIA REPORT pour composer son propre style. La musique du groupe recèle un coté très planant ainsi qu'un aspect folk si l'on peut dire comme a pu l'intégrer THE SILVER MOUNT ZION (side-project de GODSPEED…), avec un violon qui pourrait rappeler le violon de My Dying Bride ou tel qu'utilisé dans le doom avec ce côté bien mélancolique, un violon qui alterne en fait avec du synthé. Les morceaux sont, vous l'avez compris, très longs, avec un total de 6 titres pour 68 minutes. Le morceau "Taijin kyofusho" incarne le summum de cet album. Il démarre lentement, progressivement, très lent, mélancolique et très beau avec du violon, et au bout de 5 minutes, une rupture apparaît; la mélancolie apaisée semble prendre un virement plus tragique, avec une montée de tension, puis une saturation qui se développe en fond de plus en plus présente, en même temps que la mélodie au violon se répète avec toujours plus de tension sur les 4 minutes suivantes. Ce morceau est probablement le meilleur morceau qu'il m'ait été donné à entendre de toute cette mouvance. On notera également que pour l'un des morceaux, THE EVPATORIA REPORT a fait appel à un orchestre et une chorale locaux là aussi pour une belle réussite. Il ressort d'ailleurs d'une manière générale de l'album un côté très atmosphérique qui a un côté un peu à la Projekt, étrangement un peu à la Black Tape For A Blue Girl parfois.
En conclusion, voilà un album très émouvant que les amateurs de musiques atmosphériques ou même de doom devraient appréciés, au ressenti des émotions qui s'en dégagent.
Adnauseam