NERONOIA (Dark gothic atmospheric, Italie)

Neronoia - Un mondo in meNERONOIA
"Un mondo in me"
Dark gothic atmospheric, Italie
Eibon records, 2006

 

C'est sur Eibon, label italien de qualité spécialisé en dark ambient, gothic dark, et cold-wave, qui n'est autre que le label de Mauro Berchi de CANAAN que sort "Un mondo in me". Si le nom de NERONOIA n'évoque au premier abord rien, il est loin d'être un premier jet créatif pour ses auteurs puisqu'il s'agit en fait d'une collaboration entre CANAAN et COLLOQUIO, un groupe de dark wave sur Eibon, que personnellement j'avais découvert sur la compilation Dissolution Farhenheit (1997) mais qui existe depuis 1993 ayant sorti plusieurs cassettes albums et deux cds..

On y retrouve plus précisément tous les membres de CANAAN et Gianni de COLLOQUIO. Cette collaboration sur tout un album fait suite à de précédentes collaborations sur les deux derniers albums de CANAAN. Sur The Unsaid words, on retrouve en effet Gianni au chant sur "Senza une riposta" et sur "Il rimpiato".

C’est bien de ces précédentes collaborations dont part NERONOIA, mais malgré une certaine proximité avec CANAAN on ne pourra absolument pas confondre les deux puisqu'on ne retrouve pas le chant atmosphérique et spirituel de Mauro. Celui de Gianni est très différent, et un peu rebutant au début; très particulier, assez dans la lignée de ces projets atmosphériques italiens, une voix à la fois rauque, plutôt parlée, se voulant sensuelle, froide, nostalgique, rêveuse, désenchantée, intimiste, beaucoup de mots pour quelque chose de très sobre en fait, entièrement chanté en italien, ce qui crée ainsi une autre atmosphère, une atmosphère plus intimiste. Même si on retrouve des sonorités propre et si agréablement typique à CANAAN, l'ensemble tout en s'en rapprochant est différent ; les guitares sont ici moins métalliques et moins en avant même si on retrouve ces mélodies typiques et ces sonorités, qui ici n'ont plus ce coté éthéré mais ont un coté intimiste qui parfois devient glacial; en fait c'est comme si les morceaux ambiant et les morceaux classiques de CANAAN se mélangeaient avec une mise en avant des synthés. Sur ces dix morceaux sans titre, il y a du très bon comme la III mais aussi du moins bon. Parfois certaines mélodies ne sont pas terribles ou trop gentilles mais on retrouve toujours des sons spéciaux et prenants.

Cet album est donc une sorte de CANAAN avec une autre atmosphère. Le lien entre les deux projets est évident, et même si l'ensemble est très bon, ma préférence reste à CANAAN.

Adnauseam (2006)

Neronoia - Il rumore delle coseNERONOIA
"Il Rumore delle cose"
Dark gothic atmospheric, Italie
Eibon records, 2008


 

La collaboration entre Canaan et Colloquio se poursuit. Lors d’un entretien réalisé en 2006, Mauro me confiait que Neronoia était son projet principal et que Canaan était en veille pour l’instant. La sortie de ce deuxième album le confirme.

Voilà bien deux projets très éloignés qui en ont enfanté un style bien particulier par cette rencontre du côté éthéré et mélancolique de Canaan et du coté intimiste et minimaliste de Colloquio. Entre les deux albums de Neronoia, Gianni est retourné à Colloquio, le temps d’un album, puisqu’il avait délaissé son projet depuis 2001, collaborant de plus en plus à Canaan. J’ai peiné à réellement adhérer à l’album de Colloquio malgré sa démarche intéressante. Colloquio et sa musique minimaliste n’est pas très facile d’accès, et est probablement plus une musique à textes. Le chant particulier de Gianni passe bien mieux sur la musique de Neronoia pleine de réminiscences de Canaan et de ses sonorités particulières de guitare qui portent bien plus le chant. D’ailleurs dans Colloquio les quelques parties de guitares claires étaient appréciables et plutôt accrocheuses. Dans Neronoia, le chant de Gianni est plus accrocheur puisque la musique est chargée en émotion et en mélancolie, au lieu de nous conduire à une expérience du vide. Sur certains morceaux, son chant parlé adopte certaines variantes intéressantes qui le valorise en devenant plus calme comme une gorge asséchée alors que la musique est entrainante (par exemple sur la fin de la partie I). Et puis, cette fois on est peut-être mieux acclimaté à écouter des sonorités qui évoque Canaan sans son chant sacré et mélancolique qui lui donnait une forte identité.

Faut-il alors voir Neronoia comme du Canaan avec un nouveau chanteur ? Non le projet est bien autonome, d’autant qu’on ne retrouve toujours pas les morceaux de dark ambiant qui parsèment les albums de Canaan ni de guitares métalliques. Ce second album permet de bien saisir que Neronoia n’est pas un projet bancal de laboratoire mais qu’il s’agit d’un projet élaboré et inspiré, qui ne tâte pas le terrain mais qui va bien là où il veut avec une unité de style et une personnalité évidente bien à lui. Ce second album est dans la droite lignée du précédent avec la même formule puisque les titres ne portent à nouveau pas de nom et sont désignés en chiffres romains. On retrouve cette atmosphère froide et mélancolique avec guitares enrobées de programmations et bruitages froids. Comme pour le précédent album, il y a des morceaux qui sont, il faut bien le reconnaître un peu plats, et qui côtoient de très bons morceaux, comme els parties III, V et VII.

Au final, Neronoia poursuit dans son style très personnel qu’il a élaboré avec le premier album. L’avenir dira si Neronoia représente une rencontre figée entre Canaan et Colloquio dans une certaine forme figée (un groupe donc) ou si cette composition à six va déboucher sur d’autres formes.

Adnauseam

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