(True doom metal - Finlande)
Chroniques:
In the Rectory of the Bizarre Reverend (2004)
REVEREND BIZARRE
"Death is Glory… Now"
True doom metal
Finlande
Spikefarm, 2009
Doom metal is dead… le troisième prêche de Reverend Bizarre était présenté à sa sortie en aout 2007 comme le dernier. Et voici qu’a surgit début 2009 cette réalisation après pas moins de 6 ep au cours de l’année 2008. Mais le Reverend Bizarre est bel et bien enterré et ne se relèvera pas, c’est du moins ce qui est écrit en toute lettre à l’intérieur de cet album qui fait office d’un testament bien consistant : "Reverend Bizarre is as dead as your hopes of some day reaching « the good life »", autant dire que c’est impossible ! Le Reverend a terminé son office, toutefois il reste quelques prêches diffusés de manière confidentielle sur des ep, que voici aujourd’hui réunis en un ultime long prêche… toujours le même : la prophétie du doom.
On trouve même à l’intérieur de ce recueil des textes empruntés à la Bible, sur "From the Void" avec un texte du livre de Job ou encore "Apocalyptic riders" avec un texte extrait du livre des Revelations narré par le chanteur du groupe de doom anglais Warning, N’en déplaise aux adeptes du folklore sataniste, c’est une réalité que la vision chrétienne du monde restera supérieure à celle qui gangrène le monde moderne remplis de consommateurs médiocres privés de toute transcendance, alors que le christianisme reconnaît le tragique de l’existence, son expression la plus parlante est la description que nous fait Pascal dans une partie de ses pensées intitulée "L’homme sans Dieu" où il nous dépeint une misère profonde. Bien-sûr le christianisme nous invite à nous tourner vers Dieu et nous propose d’emblée un remède contestable, mais il a cette supériorité de nous révéler la misère de l’existence dans toute sa nudité. La croix restera ainsi le symbole du doom… et Reverend Bizarre l’a porté avec bravoure. Laissons le Reverend disparaître de ce monde, il a dit tout ce qu’il avait à dire, il a su se retirer une fois son devoir accompli. Il n’était pas là pour nous divertir…
L’ensemble de cette compilation regroupe des morceaux de Reverend réalisés dans le cadre de ep exclusivement au format vynil, principalement de split sur une période allant de 2003 à 2008 aux côtés d’autres confréries doom comme Electric Wizard, Minotauri ou Mannheim, mais aussi ligué parfois avec d’autres mouvances. De nombreuses reprises y sont proposés qui se retoruvent toute sur le deuxième CD de cette compilation.
C’est ainsi l’occasion de découvrir des prêches diffusés de façon limitée ainsi que de nombreux hommages. La compilation s’ouvre solennellement avec "Demons annoying me", un long morceau de 17mn, qui est une version demo disponible sur un cd-r limité à 33 copies intitulé You shall suffer! diffusé en concerts, qui est une version longue de la version, de tout de même 15mn, du split qui suivra avec le groupe de doom Orodruin. Ce morceau est le seul d’une telle longueur car les morceaux de cette compilation dépassent rarement les 10mn. On y retrouve évidemment des hymnes de doom dont Reverend Bizarre a le secret tels que "Children of doom" (dont le titre est un clin d’oeil évident à Saint Vitus) ou encore "The tree of suffering", tous deux originellement sur le ep Thulsa doom.
C’est aussi l’occasion de découvrir d’autres facettes du groupe comme le très stoner, et court "Odinn’s Men" réalisé pour la compilation "Knock 'em Down The Size 7”, plutôt euphorique. La confrérie explique que ces ep ont été l’occasion de se focaliser sur un thème. et d'explorer d'autres choses. De nombreuses reprises sont présentes sur cette compilation, et "Blood on satan’s claw" aurait pu être une reprise des débuts de Mercyful Fate, mais pourtant c’est bel et bien une composition de Reverend Bizarre, mais Albert s’inspire incontestablementdu chant de King Diamond. Cela peut s’expliquer par le fait que celle-ci a été réalisée dans le cadre d’un split avec le groupe allemand Ritual Steel qui pratique lui non pas du doom mais du heavy metal traditionnel. On retrouve étonnement d’autres traces de King Diamond dans la voix lors de la reprise de "Deceiver", un morceau de Judas Priest issu de Sad Wings of Destiny datant de 1976. Si musicalement, on est bien éloigné du doom, thémathiquement, il y a fort à parier que le texte avec son "All is lost, doomed and tossed, at what cost, forever" a eu un impact sur Reverend Bizarre. Cette reprise se trouve en fait adossée sur un ep de 2008 à la moins surprenante reprise du "Dark world" de Saint Vitus extraite de Die healing, le dernier album en date sorti en 1995. Cette reprise était otutefois déjà disponible sur support cd sur la compil Slice of Doom, c'est bien la seule. Dans le registre des pères spirituels du doom, on retrouve sans surprise Pentagram avec une reprise extraite de l’abum Days of reckoning sorti en 1987 avec le morceau « Broken vows », réalisé en 2006 dans le cadre d’un split ep tribute à Pentagram intitulé Under the sign of the wolf aux côtés du groupe de doom américain Mannheim. Malgré ses textes bibliques, "From the void II" n'est pas très solennel, assez psychédélique et avec un côté justement vieux metal.
De façon plus surprenante dans une certaine mesure, on trouve une reprise réussie de l’excellent "The Gate of Nanna" de Beherit, mais le Reverend avait déjà rendu hommage à des groupes de black metal avec la très personnelle reprise du "Dunkelheit" de Burzum ou encore du groupe Barathrum. Parmi ces nombreux hommages toujours très personnels, on trouve des reprises plus difficilement identifiables et des collaborations plus surprenantes, comme « Rotestilaulu », une reprise d’un finlandais nommé Simo Salminen, dont je ne serai dire de quoi il s’agit à l’origine mais il s’agit d’un split avec un groupe de hardcore finnois nommé Kuolema. Mais il y a surtout cet étrange split avec Mr Velcro Fastener en 2008, qui est un groupe finnois d’electro EBM. Le principe de ce split est proche de la série War de Season of Mist dans les 90’s où chaque groupe reprend un morceau de l’autre. Reverend Bizarre propose donc un morceau très doom et long avec "Bend" qui est initialement de l’electro/EBM. Il aurait pu être intéressant d’avoir l’intégrité du split car Mr Velcro Fastener a tenté de reprendre le "Doom over the world" de Reverend Bizarre en version electro… une rencontre étonnante…
L’ensemble de la compilation reste incontestablement doom et fidèle au style de Reverend Bizarre mais montre toutefois d’autres facettes. Une seule certitude : la mort signifie la gloire pour Reverend Bizarre car il est entré dans l’histoire du doom metal !
La congrégation étant dissoute, on retrouve maintenant ses membres dans d’autres formations comme The Puritan ou Lord Vicar.
Adnauseam (2010)
"In the Rectory of the Bizarre Reverend"
True doom metal
Finlande
Spikefarm, 2004
Ici les protagonistes ne retournent pas des croix mais portent des croix, en un double sens d'ailleurs puisque le doom est bien avant tout une musique qui nous prouve que chacun porte sa croix. Cette musique pourrait d'ailleurs être la bande son du film "La passion du Christ". Le Christ incarne l'homme, la condition humaine, puisque tout le monde porte finalement sa croix, le "true" black metalleux (?!?) aussi… Reverend Bizarre est avant tout un groupe de pur doom metal qui s'inscrit dans la tradition du doom metal des années 80, comme Candlemass, et ne doit donc rien à la vague du doom death atmospheric. Reverend Bizarre fait donc dans le doom metal mais dans une fraction du doom pas des plus connues: celle qui s'inscrit dans la tradition de Saint Vitus, c'est-à-dire ce doom qui revendique sans cesse Black Sabbath comme influence. Soit, il y a de nombreux éléments dans Black Sabbath, mais les disciples de ce courant y ont retenu les passages lourds et lents de ceux-ci (comme dans le titre "Black Sabbath", le premier titre du premier album) pour les extraire et les faire tourner en boucle. Reverend Bizarre fait donc écho à Cathedral, au premier Cathedral "Forest of equilibrium".
Ce qui nous est proposé ici c'est la réédition de "In the rectory of the bizarre reverend", en version double cd donc avec un cd bonus. Ce premier album de Reverend Bizarre est sorti à l'origine en 2002 chez Sinister Figure. Cet album de plus de 74 minutes est réparti en 6 titres très longs, très lents, très répétitifs, et très dépouillés (pas de synthés; juste une basse, une batterie, une guitare et le chant), comme le premier Cathedral ou encore les morceaux les plus lents de Saint Vitus dans "Children Of Doom" ou "Die Healing", avec une voix très "doom metal 80" à savoir une voix claire assez proche de Saint Vitus, et parfois quelques passages plus groove ou typés 70 comme le cinquième titre, orientation heureusement peu présente mais que l'on sent possible. L'album s'achève avec de l'orgue nous rappelant là qu'il s'agit d'une célébration orchestrée par un "révérend" des plus "bizarres", qui ici ne nous conduit pas vers le salut mais au contraire nous révèle que nous sommes maudits pour toujours, que nous porterons cette croix sans fin jusqu'à la mort, qu'il ne faut attendre aucun réconfort. En bonus, puisqu'il n'y a pas de salut à attendre, on a donc droit à un deuxième cd de 65 mn d'inédits mais quelque part on se dit alors bénis. Le cd commence avec un titre ultra lent et lourd se terminant par une sorte de transe mystique, et s'achève comme le premier cd par un accompagnement à l'orgue (ça rappelle les débuts de Cathedral aussi). Au passage, il y a une surprenante reprise de leurs compatriotes black metalleux de Barathrum avec des backing vocals typés black metal : alors fan ou potes??!? Au final, une plage video couronne le tout avec un titre beaucoup plus groove, intitulé "Doom over the world", véritable slogan, où l'on voit le groupe en répétition et déhanbulant aussi dans un cimetière tout en buvant des canettes, dans une optique plus rock n' roll.
Espérons simplement que ce côté groove, appréciable en bonus, ne devienne pas la nouvelle orientation de Reverend Bizarre qui à l'instar de très bons groupes de doom ayant puisé ce côté lent et lourd dans certains aspects de Black Sabbath (oui, Black Sabbath aura été une source d'inspiration pour plein de choses différentes) comme Cathedral, avec la surprise un peu consternante du deuxième cd, ou comme Celestial Season dans un registre plus doom/death, ne sombre dans les années 70 par le biais de leur culte pour Black Sabbath, modifiant ainsi le slogan de "chacun porte sa croix", en "on porte sa croix, mais on a compris qu'il n'y avait rien, donc on porte notre croix en groovant, yeah man!". Donc une réédition agrémentée d'un cd bonus, des plus intéressantes et très complète: un album de pur doom dépouillé, à savoir principalement lent et lourd agrémenté parfois d'un feeling mystique 70 ou groove, hérité de Black Sabbath mais l'influence reste très discrète.
Adnauseam
"II : Crush the insects"
True doom metal
Finlande
Spikefarm, 2005
Le Révérend Bizarre est de retour plus déterminé que jamais avec l'objectif de broyer les insectes, de broyer les misérables que nous sommes, nous "esclaves de Satan". La sentence est prononcée le long de ces 74 minutes de comparution, déclamée par notre inquisiteur "witchfinder", avec sévérité et impérialité, à l'image de la pochette où la condamnation est inéluctable et sans appel. Un révérend toujours aussi étrange puisqu'à la fois sévère, austère, avec des tempos si lents et si lourds, rarement vus depuis le "Forest of Equilibrium" de Cathedral, mais d'autre part un révérend fou, bizarre, euphorique et mystique à la fois, bref qui nous entraîne dans une sorte de transe mystique révélée par des passages groove et stoner cette fois-ci plus présents que par le passé: le révérend deviendrait-il maniaco-dépressif???
A la fin de ma chronique de la réédition de "In the rectory of the reverend bizarre", rappelez-vous pêcheurs et malheureux que vous êtes, que j'avais émis des réserves sur l'avenir de la santé de notre bon vieux révérend notamment en rapport avec le cd bonus très longue durée intitulé "Return to the rectory" qui proposait d'ailleurs pour achever un clip intitulé "Doom over the world", véritable slogan qui révélait également un révérend séduit par le rock n' roll et qui clôturait un enregistrement où les transes mystiques semblaient plus prononcées et donc symptomatiques de la santé future de notre révérend qui pourrait peut-être perdre sa santé mentale comme la confrérie de Cathedral dès leur deuxième enregistrement. Ce diagnostic sur le révérend n'était pas faux puisque les transes mystiques (moments d'euphories qui transparaissent dans les passages groovy et stoner) ont repris mais notre révérend n'est finalement que schyzophrène puisqu'il n'abandonne pas pour autant le doom sentencieux. Mais les quelques signes mystico-euphoriques étaient bien de réels symptômes: l'album débute même avec "Doom over the world" le morceau bonus de clôture de "Return to the rectory", avec un doom assez groove, assez stoner, très CATHEDRAL quoi, doom stoner qui se poursuit sur "The devil rides out" mais aussi sur "Cromwell", avec un doom très groovy; lent, lourd et groove, comme les bons vieux nostalgiques de Black Sabbath en ont le secret. Mais dans ce style, il convient de préciser que notre révérend se débrouille très bien, mieux que la plupart, puisque connaissant les limites à ne pas dépasser, et surtout sans s'aliéner, puisque après quelques transes euphoriques, notre bon révérend retourne à l'ouvrage et se met alors à prononcer funérairement la prophécie du doom (après s'être extasié devant le tragique de toute chose), celle que tout bonheur est coupable puisque illusoire, et prononce la sentence (qui pourrait être: "Tu porteras ta croix!", "Tu brûleras tes illusions!") dès le quatrième morceau avec "Slaves of Satan", version "courte" de la version du mini-cd (13 mn au lieu de 20mn?!?), en s'enfonçant dans un doom lent, lourd, funéraire et très dépouillé car sans fioriture avec uniquement basse, guitare, batterie ainsi que la voix claire et sentencieuse de "The Witchfinder" alias Albert Magus, véritable inquisiteur fanatique, obsédé par les sorcières probablement parce que trop séduit par elles, et déterminé dans sa tâche, à l'image du regard évasif de la photo, à ouvrir les yeux aux égarés et à les purifier, qui déclame la sentence funérairement tout au long des cinq derniers titres, nous rappelant ainsi que nos plaisirs sont voués à disparition et que seule l'affliction est éternelle. Ce faisant, cela n'empêche d'ailleurs pas notre révérend de partir dans quelques courtes transes, sans s'égarer pour autant, au sein même des morceaux de cette deuxième partie majoritaire. "Eternal forest" rappelle un peu le "Ebony tears" (culte!) de CATHEDRAL, quant au morceau de clôture "Fucking wizard", il évoque le terrifiant et obscure morceau de BLACK SABBATH intitulé "Black Sabbath", véritable base du doom (qui rend bien la terrible pochette avec cette sorcière en noir qui semble venir vers nous pour nous emporter), une évocation du maître encore plus lente, mais qui se termine par une transe où le révérend s'égare jusqu'à la fin du cd, et peut-être perd la raison en criant "Come on baby" et se met à partir dans des sonorités déjantées.
Reverend Bizarre est vraiment un groupe des plus fascinants, qui puise son inspiration dans le vrai doom metal, véritable alternative au gothic doom, qui voue un culte à Black Sabbath, mais époque de référence oblige, Reverend Bizarre intègre désormais beaucoup plus qu'auparavant des passages groovy voir stoner au sein d'une musique toujours très majoritairement doom très lente et lourde, funéraire, dépouillée, qui évoque d'une manière générale la démarche du Cathedral de l'époque Forest of Equilibrium.
Ce groupe semble ne reculer devant rien. Si Crush the insects est le deuxième album officiel de Reverend Bizarre, il est en fait leur quatrième enregistrement très longue durée (74 minutes à chaque fois), faisant ainsi suite à In the rectory of the bizarre reverend en 2002, puis au "mini-cd" 74 mn Harbinger of metal en 2003 où le groupe propose même une reprise longue durée du "Dunkelheit" du Filosofem de BURZUM, et à Return to the rectory en 2004.
Même si cet album est légèrement mois bien pour ma part que In The Rectory of The Bizarre Reverend, puisque moins radicalement doom et avec plus de passages groovy, Reverend Bizarre reste un groupe excellemment bizarre à tous les niveaux.
Adnauseam
"III : So Long Suckers"
True doom metal
Finlande
Spikefarm, 2007
Après une croisade à travers l'Europe, la première et la dernière, le Reverend revient prêcher une dernière fois, et ce sera là son prêche ultime, avant la dissolution de la Trinité qui constitue depuis le début Reverend Bizarre. Notre bon Reverend affirme également que le doom est mort, "doom is dead" (donc pas comme le punk?!?). Le doom meurt ainsi avec le départ du Révérend, qui estime avoir fait tout ce qu'il avait à faire. Concernant le "true doom metal", le Reverend a, en effet, remplit haut la main ses fonctions. Là où bon nombre de ses frères se sont égarés en incluant des passages 70's et groovy qui ont fini par les emporter (pensons à frère CATHEDRAL), le Reverend a sur le faire, pour sa part, sans jamais se compromettre, sans jamais quitter un doom extrêmement lent et dépouillé. Le Reverend revient donc prêcher une troisième et dernière fois et pour ce prêche final le Reverend a choisi de faire plus long (peut-etre trop), plus déterminé que jamais, et bien décidé à partir au sommet de sa santé. Certes à chaque fois le Reverend nous propose des enregistrements de 70mn, ou des mini-cd de 40mn, mais cette fois-ci il a décidé de redoubler ses efforts en offrant un prêche incluant deux cds pour un total de 2h10, le temps de bien s'imprégner, prouvant qu'il veut en mettre un bon coup pour la dernière fois. Notre bon Révérend avait tenté de broyer les insectes lors de son précédent prêche mais certains résistaient encore à ses exhortations, certains depuis si longtemps suceurs, si longtemps bas, vils et sournois, faussement prosternés, profiteurs et vampires, qui dans leur futilité et leurs objectifs mesquins et bas, semblent ignorer la prophécie du doom.
Qu'en est-il de ce nouveau sermon? Et bien sur l'ensemble de sa carrière sur ses trois principaux prêches (si l'on fait abstraction des nombreux splits et ep), je dirais que le Reverend est resté fidèle à lui même. Depuis le début, le Reverend m'avait fasciné par sa discipline et son austérité qui le conduisaient parfois jusqu'à des moments fous de transe mystique. Rien de nouveau sur ce nouvel album, simplement un dernier sermon plus consistant. Deux cds certes mais seulement 8 morceaux, le Reverend fait donc des morceaux encore plus long, avec notamment 3 morceaux de plus de 25mn. Le premier morceau "They used dark forces/Teutonic witch" combine ainsi en lui-même le morceau "Teutonic witch" sorti en single dans une version 16mn peu avant l'album. Crush the insects marquait une évolution vers quelque chose de plus groovy, surtout sur ces trois premiers morceaux, mais en réalité il n'abandonnait rien de son austérité et de sa lenteur sur l'ensemble, le Reverend poursuit donc sur sa lancée. Ici aussi d'ailleurs le prêche débute de manière bien groovy, comme si nos trois comparses qui compose la Trinité qu'est le Reverend étaient de joyeux lurons maudits, et puis le Reverend a toujours été heureux de faire son travail, son devoir devrait-on dire, malgré que ce n'est pas une tâche légère. Ainsi sur ce recueil d'exhortations, les moments solennels cèdent parfois la place à des moments plus psychédéliques, toujours très bien dosés, méthode secrète du Reverend. "Sorrow", par exemple, est un morceau de doom extrêmement lent pendant 16 mn, puis tout d'un coup, il devient rapide et entraînant. Par ailleurs, on repérera quelques passages planants qui font très Sabbathien, évoquant certaines ambiances du Paranoid du Maître. "Anywhere out of this world" n'est en rien une reprise du grand Dead Can Dance malgré son intitulé, car le Reverend œuvre dan un style de doom qui, comme il se plait à le revendiquer, n'a pas de rapport avec la scène doom atmosphérique ou romantique.
Son doom est austère, extrêmement lent, extrêmement lourd, extrêmement dépouillé, à base de basse, guitare et batterie, par instant psychédélique et groovy. Le Reverend a su concilier le doom extrême, sans flirter avec le funeral doom, en poussant le doom sabbathien à ses limites comme autrefois frère CATHEDRAL en avait ouvert la voix avec son prêche Forest of Equilibrium, mais avec un côté psychédélique et groovy, bien dosé heureusement. Le Reverend n'est évidemment pas retourné à son meilleur et plus solennel prêche In the Rectory of the Bizarre Reverend, mais a continué sur le chemin de Crush the insects qui fait la part belle au groove psychédélique, mais sans, je le répète, aucun égarement!
Le doom est mort, la Trinité se dissoud pour former d'autres entités… Mieux vaut dire une dernière fois clairement ce qu'on à dire plutôt que faire de l'auto-plagiat de mauvaise qualité. Si effectivement le Reverend n'a rien d'autres à dire - d'ailleurs il a toujours plus ou moins dit la même chose - il a bien raison de se retirer plutôt que de se répéter en moins efficace. Reverend Bizarre est, à n'en pas douter, une entité qui restera une référence dans l'histoire du doom.
Adnauseam
Chronique THE PURITAN (Doom solennel avec Albert Witchfinder)