URSKUMUG
Pagan black metal
Lettonie
Ledo Takas, 2006
Une tendance actuelle semble être l'émergence de labels promouvant exclusivement la scène de leur région. C'est le cas du label lithuanien Ledo Takas qui soutient la scène des pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) qui semble être actuellement en pleine ébullition comme l’atteste URSKUMUG, une jeune formation créée en 2001. Ce premier enregistrement pour Ledo Takas est en fait le second album de Urskumug, succédant à Pareja, album autoproduit en 2003.
C'est avec plaisir que j'ai pu constater qu'on retrouvait dans cette formation, l'ancien keybordiste et chanteur de l'excellent groupe Heresiarh en charge ici des synthés et de backing vocals. Il ne s'agit cependant pas du même style musical, ni du même univers conceptuel. Urskumug me fait un peu penser à Negura Bunget, autre formation pagan de l'Est, les deux groupes dégageant une profondeur conceptuelle, et semblant savoir de quoi ils parlent et bien le maîtriser, ce qui est rare. Pour Urskumug, il ne s'agit pas d'un concept centré sur le paganisme mais carrément sur le pré-paganisme. Quant au terme "Urskumug", il provient d'une nouvelle de Robert Holdstock, un auteur anglais, et désigne une créature à moitié animal, entre ourson et sanglier, et moitié humaine qui représenterait en fait le premier moule humain. Le visuel des membres du groupe s’accorde avec cet univers et fait écho à la pochette de l’album.
Cette originalité et cette profondeur conceptuelle ne transparaissent toutefois pas dans la musique, et c’est bien dommage. Il s'agit certes d'un black metal correct, avant tout très puissant. Le label évoque un aspect tribal caractéristique que je n'ai pas vraiment ressenti mais qui est probablement à rechercher dans l’effet boîte à rythme. L'ensemble se révèle être un black metal assez rentre-dedans qui manque d'originalité, un peu peut-être comme les premiers NEGURA BUNGET avec un décalage entre richesse conceptuelle et richesse musicale. Pourtant, Am Nodr ne sonne pas fade. Il s’agit de morceaux bruts, assez directs, qui contrairement à que pourrait attendre sont très peu, voire presque pas, parsemés de parties ambiantes ou de folklore local ou ancestral, ce qui est pourtant souvent une réussite (pensons à Darkestrah). Le synthé est d'ailleurs assez en retrait et les mélodies parfois bancales. C'est vraiment le côté black metal brut, rentre-dedans qui ressort. On n’est pas du tout dans le registre du black lancinant, atmosphérique ou encore mélodique ni pourtant dans le vieux black crade et malsain. Il s’agit d’un black metal direct et rapide, frénétique à l’évidence, parfois avec des riffs plaqués, saccadés, et une voix pas assez criée qui tend parfois vers une voix black à tendance death qui se révèle un peu monotone.
Malgré tout, l'ensemble est tout à fait honorable car on sent que URSKUMUG a un potentiel de créativité évident mais qui reste à développer.
Adnauseam