EROS NECROPSIQUE (Dark gothic atmospheric - France)

 EROS NECROPSIQUE

Par Adnauseam, mars 2005

Eros Necropsique

 

EROS NECROPSIQUE est un groupe à part dans le paysage métallique, tout comme d'ailleurs dans la scène "dark", un groupe aux textes et aux prestations très fortes. Après Charnelle transcendance en 1997, Pathos en 1998, et Crises de lucidité en 2003, Olivier Dehenne, qui s'occupe du chant et des textes, nous revient avec son premier roman Les miasmes de la claustration, même si ce ne sont pas ses premiers pas hors de la musique, puisque ce roman fait suite à des nouvelles. L'occasion donc de s'entretenir avec Olivier Dehenne à propos de sa carrière littéraire mais aussi évidemment de EROS NECROPSIQUE, du passé comme du présent.

 

 

1) Pourrais-tu nous présenter ton livre Les Miasmes de la claustration ?

 

Les miasmes de la claustration est un roman que j’ai écrit en 1999. Il met en scène Louis, un alcoolique trentenaire dépressif qui vit en reclus dans un appartement qui lui tient lieu de seconde peau. Cynique, désabusé, ce personnage foule aux pieds les principes d’une société qui l’a rejeté et qu’il abhorre. En quête du pur amour –  dont il a une vision pour le moins « très personnelle » – il tentera de s’extraire de la noirceur, de son enfermement par une fuite vers la lumière. La chute pour lui n’en sera que plus radicale.

Présenté comme un cahier découvert par le personnel d’un établissement psychiatrique après le suicide « en chambre » de son auteur, Les miasmes de la claustration donne à lire le témoignage des derniers mois de vie de ce marginal considéré comme « fou » par l’opinion publique.

 

 

2) Ce livre est-il un projet détaché d’Eros Necropsique ou un projet annexe et complémentaire ?

 

Je dirais simplement qu’il est, comme l’est EROS NECROPSIQUE au sein duquel j’écris et compose, un autre de mes projets. Peut-être peut-il être perçu comme « complémentaire », dans le sens où des thèmes abordés dans les textes du groupe sont présents dans le roman. Disons simplement que Les miasmes de la claustration, comme les textes d'EROS NECROPSIQUE, sont sortis de ma plume.

 

 

3) Je suppose que EROS NECROPSIQUE ne te permet pas de vivre, idem pour l’écriture. Le reste du temps, es-tu immergé dans le monde de l’art ?

 

Non, sinon par plaisir.

 

 

4) Y a-t-il eu un passé artistique avant EROS NECROPSIQUE?

 

Dans ma vie « créative », non.

 

 

5) Quelques questions plus centrées sur EROS NECROPSIQUE maintenant: Initialement, l’album Crises de Lucidité sorti en 2003 était annoncé pour décembre 1998 par ADIPOCERE ; il y avait d’ailleurs déjà des pubs (comme dans METALLIAN fin 1998) avec cependant une pochette différente. Que s’est-il passé pour que cet album ne sorte que quatre ans plus tard ?

 

La sortie de Crises de Lucidité a été retardée en fonction de plusieurs facteurs : le projet d’une distribution marginale dans le circuit du disque étudié puis abandonné, le retour en studio pour poser sur bandes les lignes de voix de Jeanne et procéder à un nouveau mixage avec l’ensemble des titres enregistrés, le bouclage de la piste CD-rom pour l’édition limitée de l’album, le tout sous-tendu par un problème avec notre label…

 

 

6) S’agit-il exactement du même album d’ailleurs : l’album sorti en 2003 était-il prêt en 1998 ?

 

Oui. Les lignes de voix féminines mises à part.

 

 

7) A-t-il été retouché entre-temps ?

 

De fait, oui, puisque nous avons ajouté la voix de Jeanne sur les bandes existantes. Mais rien de ce qui avait déjà été posé (chant, musique) n’a été modifié. Si ce n’est par le biais d’un nouveau mixage pour fondre les lignes féminines dans l’ensemble.

 

 

8) Qu’avez-vous fait pendant ces années de silence ? Peux-tu nous éclairer sur ce mystère ?

 

Après Pathos, nous avons terminé l’enregistrement de Crises de Lucidité en 1998, écrit et composé de nouveaux titres, rencontré Jeanne, sommes retournés en studio pour coucher sa voix sur l’album... Puis Jeanne et moi avons fait une apparition sur le troisième album de LOVE LIES BLEEDING intitulé Ex nihilo.

Au niveau individuel, Cof a eu un petit Tristan avec sa compagne et trouvé un emploi à plein temps : ce qui a motivé son départ du groupe.

J’ai, de mon côté, beaucoup écrit : romans, nouvelles… Deux de mes nouvelles ont été publiées l’année dernière : La clef dans le recueil L’Enfer Me Ment chez ANTIDATA et Body Art dans le magazine ELEGY n° 33 d’avril-mai 2004. Mon premier roman, Les miasmes de la claustration, est sorti récemment aux éditions K-INÏTE. J’ai aussi travaillé – et continue de travailler – sur un projet en plusieurs volumes avec l’illustratrice qui a réalisé la couverture des Miasmes de la claustration, Audrey Veilly. Le premier volume, ayant pour thème le désir de mort, est achevé. J’ai terminé l’écriture du deuxième qui traite du bonheur, qu’Audrey est actuellement en train d’illustrer, et je me consacre au troisième, sur la liberté. Ce projet consiste en un regroupement d’une trentaine de textes qui à chaque fois donnent à voir un regard particulier. Chaque tome pourra être lu de manière indépendante, mais le regard d’ensemble apportera un angle autre, les différents personnages pouvant être amenés à se croiser, et leurs discours se nuancer mutuellement ou s’opposer de manière radicale.

J’ai également plusieurs recueils de nouvelles en attente, certains achevés, d’autres en cours.

Pour résumer, c’est donc l’écriture qui a occupé la plus grande partie de mon temps depuis 1998.

 

 

9) Peux-tu nous éclairer sur le sens du titre Crises de Lucidité ? Peut-on faire par exemple un rapprochement avec un auteur comme Cioran qui écrit sur la désillusion et la lucidité dont elle procède et de cet état de rupture qu’elle établit ?

 

C’est une lecture possible, oui. Le regard que je porte sur le monde, la vie, les autres et moi-même est radical. Passé au crible de la réflexion, le réel ne peut supporter le poids de la plus infime poussière d’optimisme. J’ai prêté ce regard au narrateur de mon premier roman, Louis. Ce dernier pose à plat les rouages de la lucidité qui est sienne et dont il ne peut s’affranchir. Le mot « crises » renvoie d’une part à la dimension non-linéaire du phénomène, avec des « pics », d’autre part au jugement extérieur qui considère cette forme de  lucidité comme une affection pathologique. Une maladie. Avec, elle aussi, des pointes.

 

 

10) J’ai eu écho qu’il avait été intenté un procès contre EROS NECROPSIQUE ou en tout cas que des plaintes avaient été déposées. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ? Qui étaient les plaignants ? Pour quelles raisons ? Quelle a été l’issue du procès ?

 

Suite à la parution du titre "Communion" sur le sampler du magazine HARD ROCK, un hebdomadaire aux couleurs politiques douteuses a effectivement sorti les crocs. Les membres de ce journal avaient isolé des extraits du texte et en donnaient une interprétation farfelue. Deux procès ce sont tenus à la 15ème chambre du tribunal de Paris : le premier où ils attaquaient le magazine pour nous avoir fait figurer dans leur compilation CD (de même que pour avoir fait figurer également un titre du groupe ONE EYED JACK Jack qui avaient écrit "Bleu, blanc, rouge, les couleurs de la honte"), le second où, après avoir été par eux traînés dans la boue en première page, nous avions porté plainte pour diffamation. Un vice de procédure imputable à notre avocat nous a bâillonnés, tandis que le magazine a dû pour sa part verser un franc symbolique. Nos réponses disparaissant ensuite étrangement des dossiers de presse, nous avons servi de « ballon » dans lequel les deux camps « shootaient », privés que nous étions de parole en dépit d’une pétition lancée et soutenue par de nombreux particuliers ainsi que des groupes comme NOIR DESIR, LOFOFORA ou ONE EYED JACK, de même que des journalistes, comme les membres de CHARLIE HEBDO. Notre voix s’est finalement fait entendre par le biais d’un morceau intitulé "La fable du lisier" joué sur scène puis repris dans notre 3ème album, Crises de lucidité. Marchant sur les traces d’un La Fontaine, ce texte regorge de double sens et… n’a pas donné matière à poursuites.

 

 

11) EROS NECROPSIQUE avait fait parler de lui par ses performances assez extrêmes. J’ai eu notamment écho d’un concert à Paris qui s’est soldé par une hospitalisation. Y a-t-il une part d’improvisation dans vos concerts ?

 

Ce que tu évoques appartient au passé et cette époque est pour moi révolue.

Les visuels ont toujours eu une place importante dans nos prestations live. Là où ils étaient plus ou moins (plus que moins !) improvisés par le passé, nous avons, pour le concert du 18 février à la Loco l’année dernière, travaillé beaucoup plus au niveau de la préparation. La performance finale avec le couple peint illustre l’aboutissement d’un effort chorégraphique qui s’inscrit dans ce sens. Et le résultat a été fantastique : le public s’est montré très réceptif à cette performance. Cela nous a incité à nous engager encore plus dans cette direction théâtrale. Suite à ce concert, nous avons poursuivi cette amorce lors des trois dates acoustiques données au théâtre Le funambule dans le cadre du festival Off d’Avignon.

Toutefois, si les visuels avec performeurs sont chorégraphiés, il reste une grande part d’improvisation dans notre jeu de scène. Je pense notamment au titre "Délirium de l’être seul", pour lequel, si le cadre est effectivement donné, la fin du titre est chaque fois différente, puisque basée sur l’improvisation, tant visuelle que musicale.

 

 

12) La démarche d'EROS NECROPSIQUE est assez proche d’une certaine fraction de l’art contemporain qui accorde une part importante au corps. Vos prestations ont d’ailleurs eu dernièrement lieu dans un théâtre. EROS NECROPSIQUE peut-il être réduit à un simple groupe dont on n’apprécierait que la musique ?

 

J’utilise l’espace scénique pour donner plus de force aux compositions, en leur adjoignant la dimension supplémentaire du visuel. J’ai toujours eu le souhait de trouver le point de convergence entre la note, le mot et l’image. La théâtralité était déjà présente dans les albums par la manière de déclamer les textes. Le renforcement par le biais des performances et du jeu de scène nous semblait une évidence. Et les réactions du public, dont une certaine partie nous a confié parfois adorer Eros sur scène et ne pas le supporter sur CD, nous confortent dans cette optique. Nous allons donc travailler encore plus dans ce sens et essayer de renforcer la dimension de « spectacle » de nos futures prestations, en incluant par exemple d’autres formes de visuels (ceci n’est pour l’instant qu’un projet sans moyens concrets). L’émergence des idées de performance a pour racines les textes eux-mêmes, qui imposent d’emblée telle ou telle forme d’illustration. Le résultat final peut être immédiat ou évoluer, comme cela s’est produit pour les dernières performances de scène depuis le 18 février 2004, au gré des discussions et de l’avancée du travail chorégraphique, entre les membres du groupe et les intervenants.

 

 

13) Concernant EROS NECROPSIQUE, les textes utilisent un vocabulaire fort, cru, porté parfois sur la scatologie, mais j’ai l’impression qu’au-delà de la mise en pratique, ce vocabulaire comporte également une dimension symbolique. Pourrais-tu nous en dire plus à propos de ce rapport entre les textes, la réalité et le symbolisme ?

 

Si ma plume est certes très « organique », je suis toutefois surpris de constater que bon nombre de personnes ne s’intéressent qu’à la dimension « scatologique » de certains textes. La nostalgie, l’amour, l’enfance, tous textes confondus, occupent une place bien plus importante dans la thématique du groupe. Et là, personne n’en fait jamais mention. Ou plutôt, n’en avait jamais fait mention avant que ne sortent Les miasmes de la claustration, où enfin un journaliste s’est penché sur d’autres éléments que « le scato ». C’est la vision sélective de l’auditeur/lecteur qu’il faut interroger, non mon écriture…

Bref, effectivement, l’utilisation de ce champ lexical n’est pas effectuée de manière gratuite. L’autodéfécation du narrateur du delirium de l’être seul sert et clôt la scène, qui est une plongée « en corps » d’un esprit dépressif.  Il s’agit dans ce texte d’un personnage qui, voulant fuir une solitude qui le rend fou, se réfugie dans sa tête et passe « en esprit incarné » à travers son organisme et s’expulse dans la réalité. Par le canal du gros intestin, certes. Donc oui, la scène finale est un acte de défécation. Plus que le vocabulaire, c’est la situation entière qui serait à remettre ici en question. Qu’aurais-je dû faire ? Inverser le processus de la chute ? Inconcevable. Et puis quand bien même… Par où serait-il ressorti ? Par la bouche ?  Par une narine ? C’eût été la même réaction ! Le « beurk » général. Vomi ou expulsion glaireuses de sont pas plus ragoûtantes. Les gens ont un problème avec ce qui sort de leur corps, quel que soit l’orifice. Qu’on me pardonne si j’ai choisi la voie naturelle de l’expulsion dans cette situation…

Autre exemple, Le fameux « étron » du texte communion est une métaphore qui renvoie à l’hostie. Les mots sont là, avec toutes les clefs : « la transsubstantiation lui a offert son Dieu !». L’idée sous-jacente était que « manger le corps du fils de son dieu, c’est se vouer à le déféquer ». J’ai certes pris un peu d’avance sur le processus de digestion dans la dénomination de l’aliment.

Alors symbolisme, peut-être… Métaphores certainement.

 

 

14) Il y a d’ailleurs une dimension poétique dans EROS NECROPSIQUE…

 

Je n’aurais pas la prétention d’user du mot « poétique » pour qualifier mes écrits. Mais si par là tu entends qu’il s’agit d’autre chose que tous ces projets dans lesquels les textes ne sont qu’un prétexte, alors oui.

 

 

15) Je trouve qu’il y a une évolution avec les albums, le premier est beaucoup plus cru…

 

Il est vrai que le troisième album est plus « riche » que les deux premiers. La voix de Jeanne y est pour beaucoup.

Certains titres restent tout de même minimalistes : [i]Le commencement d’une fin[/i], par exemple, morceau sur lequel s’ouvre l’album, est construit sur une boucle répétitive de quelques notes au clavier et à la basse. Il s’achève sur une ligne double de la voix de Jeanne, se posant ainsi comme la charnière entre ancienne et nouvelle formation. 

 

 

16) Quels sont les auteurs qui t’ont influencé consciemment ou inconsciemment et quels sont les auteurs que tu apprécies ?

 

Je n’ai pas conscience d’être influencé par mes lectures. Certainement je dois l’être. Je ne peux que te citer certains auteurs que j’apprécie : Pascal, Zola, Lautréamont, Baudelaire, Flaubert, Vian, Sade, Wittkopp… et tant d’autres !  

 

 

17) Pourrais-tu nous rappeler la signification du patronyme et le concept d’ensemble du groupe ?

 

Le terme « Eros » renvoie à l’amour sous ses deux formes : spirituelle (désincarnée) et charnelle. Cette double conception est mise en lumière (et en opposition) dans un paragraphe de "L’appel de Dionysos": « À Marie je préfère la jolie Messaline », deux figures symbolisant ces deux formes d’Eros.

De là, le nom EROS NECROPSIQUE recèle en fait (au moins) une double interprétation à la base : il peut être compris comme la relecture de la figure de « Dionysos » chez Nietzsche – un flux de vie brute qui déborde et déchire le voile des apparences – et le terme Eros est ici à entendre dans son acception charnelle (cette dimension est développée dans le texte "L’appel de Dionysos"), ou comme la dénomination de ce sentiment (l’amour) porté à l’autre dans sa dimension aliénante – on songera pour illustration aux vivants qui s’en vont se recueillir sur la tombe de leurs proches et, par des adresses verbales ou spirituelles, entretenir un simulacre de communication, maintenant comme vivant le corps des défunts – qui le demeure dans leur cœur, l’acte d’amour se posant alors en agent de maintient, de prolongement, de survivance pourrait-on dire,  en dépit du naturel pourrissement auquel le corps de l’autre est soumis – et dans ce cas le terme Eros est à considérer du point de vue purement spirituel ; cet aspect est décrit dans le texte "Eros Necropsique" (qui figure sur notre première démo).

 

 

18) EROS NECROPSIQUE est affilié à la scène dark métal, étant sur ADIPOCERE. En ce qui te concerne, quel est ton rapport à la scène métal ?

 

Je ne sais pas où devrait être notre place. Nous n’avons jamais démarché auprès des labels, et la signature sur ADIPOCERE s’est faite au hasard d’une rencontre en 1996. Nous ne sous sommes pas posé la question de savoir si « nous avions notre place au milieu des autres signatures » de ce label. Christian Bivel appréciait ce que nous faisions et nous proposait d’enregistrer un album. Nous avons accepté, voilà tout. Idem pour le deuxième et le troisième albums. Ce n’est donc pas en vertu d’un sentiment d’appartenance ou de proximité à une quelconque scène que nous étions chez lui, mais simplement parce qu’il appréciait ce que nous faisons. Nous n’étions liés à ADIPOCERE par aucun contrat et avancions au coup par coup, d’album en album. (Le DVD du groupe, qui est en préparation, ne sortira d’ailleurs pas chez Adipocere.)

Nous avons donc été assimilés par certains à la branche métal en raison de notre rattachement à ce label. Mais je ne considère pas que nous soyons un groupe « métal ». Nos morceaux dégagent simplement un côté sombre qui attire les personnes affiliées aussi bien aux milieux métal que gothique, ou autres. La dimension « dark » n’a que faire des cloisonnements.

En ce qui concerne mon rapport à la scène métal, j’en écoute très peu, en fait. Ce que j’apprécie relève de la branche « doom » avec des groupes comme THERGOTHON, ESOTERIC, SKEPTICISM ou SHAPE OF DESPAIR. Dans un autre registre, j’apprécie SUMMONING, SAMAËL, TIAMAT, LOVE LIES BLEEDING, SPEKTR...

 

 

19) Quelles sont tes influences ? Et qu’écoutes-tu d’ailleurs ?

 

(En termes d’influences, ma réponse rejoint celle de tout à l’heure concernant les auteurs…) 

Lisa Gerrard/DEAD CAN DANCE et Jacques Brel sont les soleils de mon univers musical. Des phares, il y en a tant d’autres ensuite, et de tous horizons… Sans ordre aucun, je citerais NICK CAVE, THINDERSTICKS, EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN, BAUHAUS, VIRGIN PRUNES, FIELDS OF THE NEPHILIM, SOPOR AETERNUS, LACRIMOSA, GOETHES ERBEN, ELEND, mais aussi LOREENA MC KENNITT, BOWIE, BRASSENS, NOIR DESIR, YANN TIERSEN… et beaucoup, beaucoup d’autres.

Tout un tas de groupes tournent sur mes platines, calmes ou énergiques selon mes humeurs. Une baisse de régime laissera la parole à DIAMANDA GALAS ou à ROZZ WILLIAMS, une euphorie passagère ou un besoin de pêche à QNTAL ou RAMMSTEIN.

 

 

20) Quel a été l’accueil de EROS NECROPSIQUE d’une part de la scène métal, d’autre part dans les autres scènes dark ?

 

Partagé. Ce n’est pas pour rien que bon nombre de chroniques nous concernant insistent sur le fait que nous sommes un groupe qui divise le public, avec chaque fois une alliance de termes dichotomiques comme « aimés ou détestés », « adorés ou haïs » suivis de l’inévitable « ils ne vous laisseront pas indifférents ».

 

 

21) Quel a été l’accueil de la scène gothique de base ? Quelle a été la réaction de ce public et qu’en penses-tu ? Plus précisément lors du concert à Lyon en 1998 avec Jacquy Bitch et Dead Souls Rising), j’ai eu écho que des gogoths fashion /visuels SM ont été un peu effarouchés et que tu leur avais lancé une tirade comme : « C’est ça, continuez à vous habiller en noir »)???

 

Cela fait plusieurs fois que tu évoques des concerts vieux de quelques années ! J’aurais pu te parler de la réception du public lors de nos récentes prestations acoustiques…

Ce à quoi tu fais référence s’est produit deux fois. L’une à Villeurbanne, l’autre à Paris. Il s’agissait pour moi d’inverser le processus scénique et de mettre certaines personnes s’affichant comme blasées face à leurs discours (« on a tout vu, on a tout fait ».) Et effectivement, en dehors de quatre personnes qui ont joué le jeu à Paris, les autres ont plus reculé qu’avancé. D’où ma phrase qui était : « Continuez à vous habiller tout en noir. Je vous laisse méditer sur le rapport à l’apparence. Bonsoir. » Mais il y avait autant de « métalleux » dans la salle que de gothiques… et le premier à chercher le contact à Paris pour se rétracter aussitôt était un métalleux.

Je crois qu’il est temps d’arrêter cette petite guerre (Ndr: tout à fait d'accord évidemment ; le public metal est tout autant criticable que le public goth dans ce côté apparence, mais "l'incident" avait eu lieu avec le public gothique, l'affiche de ce concert étant d'ailleurs principalement gothique d'où l'orientation de la question), ce snobisme des genres, car les frontières entre scènes goth et métal sont devenues bien minces. Il suffit d’observer le public dans les salles de concerts. En dehors des groupes « extrêmes » inaudibles pour l’autre catégorie (cela fonctionne dans les deux sens), beaucoup de formations plaisent à la fois aux deux mouvements. Est-ce dérangeant ?

C’est la ségrégation qui est condamnable. Non le partage. Et les disputes comme : « c’est un groupe gothique ! Non c’est un groupe métal », sont franchement ridicules. Qu’on apprécie un groupe pour ce qu’il nous procure est la seule chose qui importe. Après, sa classification…

 

Video par Rockmantic

 

 

 

 

 

 

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