( Black metal culte - Norvège )
Chroniques
"Dawn of the Black Hearts"
Black metal
Norvège
Warhammer records, 1995
La discographie de Mayhem, malgré son statut culte, est bien mince et remplie de beaucoup de live, comme ce live pirate, rapidement devenu culte, de part la présence de Dead, le défunt chanteur du groupe entre 1988 et 1991 qui n'apparait sur aucun enregistrement officiel de Mayhem, mais surtout pour sa pochette qui est une photo de Dead après son suicide le 08 avril 1991 qui honore ainsi son nom. On peut douter un peu de l'authenticité de la photo, par cette impression que Dead posait pour l'occasion (armes bien posées, t-shirt "I love Transylvania", cervelle bien dégoulinante), toutefois n'oublions pas que Euronymous a fait quelques photos sessions (dont celle-ci) avant d'appeler la police, puisque c'est lui qui a retrouvé le corps, et on peut supposer que si cette photo est bien authentique, qu'il aurait agencé et modifier le décors pour la "session photo"?!? Cet enregistrement pirate de 48 minutes, diffusé en quantité limitée en 1995 par Warhammer records, un label de Colombie, comporte deux parties à l'intérêt inégal.
Sarpsborg, 1990
La première partie est un concert intégral à Sarpsborg en 1990 avec comme line-up: Dead au chant évidemment, Euronymous à la guitare, Necrobutcher à la basse (qui quitte Mayhem en 1991 pour revenir en 1995) et Hellhammer à la batterie; un line-up très différent donc du line-up de reformation… On peut se poser des questions sur la playlist puisqu'en 1990, Mayhem n'a sorti que le mini-cd Deathcrush très black thrash dont on retrouve d'ailleurs la plupart des titres ici avec "Deathcrush" en ouverture, "Necrolust", "Chainsaw gutsfuck" et "Pure fucking armageddon", à quoi s'ajoute "Carnage" qui ressemble à "Deathcrush", mais on notera surtout la présence de titres de l'excellent De mysteriis dom sathanas qui ne sortira que quatre années ans plus tard (avec l'excellent Attila Csihar au chant). Tout l'intérêt est donc d'écouter les versions de ce futur excellent album avec le fameux Dead au chant. Intéressant mais bien plus classique que le chant torturé de Attila. On trouve ainsi déjà "Funeral fog", "Freezing moon" et "Buried by time and dust" en versions très pourries (comme l'ensemble de cet enregistrement au son très pourri), avec les narrations de Dead notamment avant "Freezing moon": "When it's cold, when it's dark...". L'intérêt de ce live est donc surtout historique avec la présence inédite de Dead sur les morceaux de "Deathcrush" initialement chantés par Maniac mais surtout sur les morceaux de l'excellent "De mysteriis dom sathanas" qui seront chantés par Attila.
Lillehammer, 1986
La deuxième partie est encore plus "collector" et "culte" mais là il faut vraiment le vouloir. Disons que c'est plutôt un document historique plutôt qu'un chef d'œuvre musical car ici la qualité de l'enregistrement déjà très pourrie descend considérablement. Il s'agit de quatre titres live inaudibles datant de 1986 lors d'un live à Lillehammer, donc cette fois lors de la période pré-Deathcrush avec cette fois-ci Maniac au chant (qui quitte Mayhem en 1987 et revient en 1994…), Euronymous à la guitare, Necrobutcher à la basse, Manheim à la batterie, car oui même si Hellhammer est le représentant de Mayhem aujourd'hui et le plus fidèle, il n'est cependant arrivé dans Mayhem qu'en 1988. Il s'agit donc de quatre titres inaudibles : un seul haut parleur ne fonctionne, et on a l'impression qu'il s'agit de l'enregistrement d'une sorte de concert dans un bar comme ça doit être le cas mais comme enregistré depuis une porte fermée ?!? Le live commence avec "Danse macabre", une intro pourrie et un peu "horror" puis s'enchaîne une reprise de VENOM "Black metal"(1982), puis une reprise de CELTIC FROST avec "Procreation of the wicked" (1984), pour finir avec encore une autre reprise de VENOM avec "Welcome to hell"(1981). Evidemment, Mayhem est probablement l'un des premiers groupes à reprendre ces influences majeures du black metal et surtout aussi peu de temps après leurs publications, ce qui atteste de leur statut culte et précurseur.
Un document historique qui réunit donc les deux figures charismatiques de Mayhem aujourd'hui décédées et qui ont fait la légende de Mayhem par leur mode de vie ainsi que par leurs morts violentes...
Adnauseam
"Live in Leipzig"
Black metal
Norvège
Avantgarde Music, 1994
Ce Live in Leipzig propose un enregistrement de 1990 au contenu très similaire à Dawn of the black hearts. Cet enregistrement qui a souvent été réédité (initialement sorti par Obscure Plasma Records en 1993, puis réédité par Hellion Records en 1994, avant d'être finalement pressé en 1994 par Avantgarde Music et Century Media) est devenu un enregistrement live officiel de Mayhem avec Dead, ce qui s'explique qu'à la différence de Dawn of the Black Hearts enregistré en décembre, cet enregistrement datant du 26 novembre 1990, possède une qualité sonore meilleure, même si ça reste du pirate à la base évidemment. Le line-up de cet enregistrement est donc celui de Mayhem en 1990 avec Dead au chant, Euronymous à la guitare, Necrobutcher à la basse et Hellhammer à la batterie. La pochette est une excellente photo de Dead, qui colle bien à l'esprit initial morbide du black metal.
Tout comme pour Dawn of the black hearts, on retrouve la plupart des titres du mini-cd Deathcrush, seul enregistrement de Mayhem alors (un enregistrement qui pour ma part est nettement inférieur à ce que Mayhem a proposé ensuite avec De mysteriis dom sathanas) avec "Deathcrush", "Necrolust", "Chainsaw gutsfuck", également le morceau inédit "Carnage", et surtout les titres de l'excellent De mysteriis dom sathanas, avec "Funeral fog", "Freezing moon", "Buried by time and dust" ainsi que le titre "Pagan fears", seul morceau qui n'apparaît pas sur Dawn of the black hearts, sinon la playlist est strictement la même et dans le même ordre. On ressent déjà la folie inhérente à cet album culte dans ces prémisses live. Par-contre, entre les titres, on sent un moment de flottement, avec une pause parfois d'une minute, ce qui casse un peu l'atmosphère, servant probablement à des réglages et mises au point.
Voilà donc un enregistrement live devenu officiel avec Dead, l'unique témoignage des quatres années où Dead a été chanteur dans MAYHEM avant son suicide, un chanteur bien plus charismatique que Maniac, et au timbre de voix particulier, un timbre qui n'égalera cependant pas la folie que Attila Csihar alliera aux morceaux sur l'enregistrement studio de De mysteriis dom sathanas, mais qui donne déjà cette touche à la fois morbide et violente qui colle bien aux morceaux. Cet enregistrement live avec Dead est donc conseillé puisqu'il met bien mieux en valeur le chant morbide de Dead que ne le fait la qualité médiocre de Dawn of the Black Heart", même si ce Live in Leipzig est en fait Dawn of the black heart avec un excellent titre en plus et un son meilleur.
Adnauseam
"Live in Marseille"
VHS / DVD
Season of Mist, 2001
Vu le nombre de live dans la discographie de Mayhem, on pourrait penser que c'est un grand groupe live et que la musique de Mayhem prend toute sa force sur scène. Ce n'est personnellement pas du tout mon avis, au vu des différents lives que j'ai pu écouté. Celui-ci y tient une place particulière puisqu'il correspond à la tournée au cours de laquelle j'ai eu l'occasion de voir le groupe sur scène. Evidemment l'événement promettait d'être culte : c'était en septembre 2000 pour la première grosse tournée de Mayhem, suite à leur signature sur Season of Mist et à la sortie de Grand Declaration of War, ce qui m'a permis de les voir à Grenoble en compagnie de Red Harvest, un groupe de metal-indus norvégien. Je garde un souvenir toutefois plutôt mitigé de cette prestation, ce qui m'avait alors surpris puis été confirmé par l’acquisition de cette video quelques temps après. Il s'agit bien d'une video : pour les adeptes de périodes qu'ils n'ont pas connu, pourquoi pas ne pas retourner à la VHS et boycotter le DVD comme vous le faites pour les Tape par rapport aux cds, après tout la plupart n'ont pas connu le support VHS. Culte ? Peut-être sauf si on a grandi avec... L'album existe aussi en version CD, mais je n’ai jamais été fan des enregistrements live, du moins metal (c'est autre chose par exemple dans un courant comme la Dark folk où les morceaux sont enrichis).
Le Mayhem de l'an 2000
Cette fois-ci, il ne s'agit donc pas du "old mayhem" mais de sa réincarnation après un retour pourtant inspiré en 1997 avec Wolf's Lair Abyss mais bien vite essoufflé, comme l'a montré l'album Grand Declaration of War. La démarche est pourtant louable, puisque Mayhem décide de ne pas vivre sur ses acquis et se lance dans un album expérimental qui devait probablement sensé être du black metal industriel à l'atmosphère froide et totalitaire, sauf que c'est raté sur album comme sur scène. Mayhem a opté pour un décor sensé créer une atmosphère totalitaire avec barbelés, mitraillettes (en plastique sûrement) de chaque côté ajoutés aux traditionnelles têtes de porcs qui ont fait la renommée des prestations live de Mayhem (quel sens au final?) depuis la période Dead. Le groupe a opté aussi pour un look un peu cyber black : Blasphemer (qui quittera plus tard le groupe pour son groupe gothic metal Ava Inferi,) est ici une sorte de croisement entre Cronos de Venom et un goth fashion, Necrobutcher porte un de ces fameux t-shirt de camouflage d’armée utilisé dans le metal pour se montrer et non se cacher. Maniac a un maquillage efficace, le distinguant une fois encore des groupes de seconde zone, avec un bandeau noir peint au niveau des yeux qui donne pour le coup une atmosphère sombre, associé là encore à un style cyber. Un style un peu décousu donc et pas très efficace. L'immense scène de la salle choisie pour cette date à Marseille et le côté très pro du tournage ont peut-être contribué à casser l’atmosphère recherchée, mais mon souvenir sur la petite scène du défunt Entrepôt à Grenoble m’a pas fait plus d’effet. Il faut bien avouer qu'ayant vu Der Blutharsch lors de leur première tournée en 1998, cette pseudo attitude militariste de bas étage adopté par Mayhem ne m’a alors pas fait d’effet et me fait bien rire à côté… A noter que Blasphemer démarrera en 2001 Mezzerschmitt, un projet de black indus un peu plus élaboré avec une imagerie à la Laibach, mais là encore rien de bien poussé...
Cyber mais pas froid
Si Grand Declaration of War est un album décevant, il n'est pas l'essentiel de la prestation, on y dégage 5 titres seulement (sans les intros et outro) : "In the Lies Where Upon You Lay", "A Time to Die", "View from Nihil", "To Daimonion" et l'abominable "Crystalized Pain In Deconstruction" avec une voix claire qui a des intonations presque rap. D’ailleurs, les communications et animations de Maniac avec le public tout au long du live sont assez insupportables et cassent vraiment l’hypothétique atmosphère. Les autres musiciens prennent pour leur part des poses assez frimeurs, rock star, "l’Oreal" pour Blasphemer, et chien méchant pour Necrobutcher. Hellhammer est bien sûr efficace, pas mal de gros plan de dos le montrant en activité, ayant une réputation technique établie dans le metal extrême.
Old Mayhem
L'essentiel est donc du "old Mayhem". C'est donc l'occasion d'écouter encore d'autres versions live du cultissime De Mysteriis dom Sathanas avec un autre chanteur, pour un résultat intéressant, plus proche de Dead que de l'inimitable Attila. Le groupe vit incontestablement sur la notoriété de cet album même si ce n'est pas vraiment "leur" album. Mais au final très peu de morceaux joués de De Mysteriis Dom Sathanas même si en même temps, ce qui est honnête sachant qu'il n'y a que Hellhammer qui y a contribué, même si Necrobutcher jouait dans Mayhem du temps de Dead et a donc participé aux premières versions live de De Mysteriis Dom Sathanas. Ont donc été joué "Buried by time and dust", "Freezing moon" et "From the dark past" qui clôturera un show de 1h avec 15 titres. Alors quoi en dire? Je me rappelle quand je les avais vu avoir attendu ces morceaux, qui tout de suite donnait une autre atmosphère au concert, toutefois un peu gachée: sur "Freezing Moon", Maniac nous fait un effet d'annonce très communicatif et participatif, ensuite en plein morceau il nous présente Blasphemer "on lead guitar", puis ça devient le cirque en plein milieu, Maniac donne des coups de couteau dans la tête du porc qu’il exhibe en l’air avec son couteau. Du pseudo evil à moindre frais dont le public est friand : il ne risque pas grand-chose, à part la stupidité…
Le travail c'est le travail
Pour tout dire, cette prestation et apparemment toute la tournée manque cruellement d'atmosphère. Maniac n'a aucun charisme, ni les autres, mais en tant que leader on est un peu plus exigent. Il semble être sur scène un peu comme ça, il se ballade, sur la scène, parfois en faisant des grimaces, parfois en bougeant quand ça lui prend, d'un air de dire qu'il faut le faire, et d'autre fois, il enroule lentement le bras autour du barbelé du micro, histoire de s'écorcher la peau, mais comme quelque chose de préparer par un "il faut bien" sans grande conviction. Il faut pourtant avouer que Maniac a une bonne voix black, particulière qui donne l'impression qu'il vomit, et il prend parfois une pose figée en le faisant, mais ce n'est pas suffisant. Les communications avec le public sont vraiment dispensables et agaçantes...
Deathcrush forever?
Mais me direz vous: quel est donc le contenu de cette prestation ? Et bien toujours cet affreux Deathcrush mis à l'honneur, sorte de thrash / punk / black pourri, auquel ont contribué à l'origine les membres d'origine Necrobutcher et Maniac. C'est d'ailleurs, l’introduction nulle pseudo militariste de cet ep de 1986 qui ouvre le concert. Puis on retrouve l'ensemble des titres, à l’exception de la reprise de Venom et l’outro nulle : "Deathcrush" qui par contre est très bon, surtout dans la version actuelle, "Carnage", "Chainsaw Gustfuck" et "Pure fucking Armaggeddon". En fait, quelque chose ne va pas dans la playlist, ça manque d'harmonie. Certes en 16 ans d'existence, le groupe a su heureusement évoluer mais propose des styles différents qui se marrient assez mal… Pour moi, Deathcrush n'a jamais été culte; je pense que le grand Mayhem est né après, lors de la composition de ce qui deviendra De Mysteriis Dom Sathanas, en même temps que Mayhem adoptait une imagerie plus sombre bien retombée depuis…
Le mirage Wolf Lair Abyss
Ce qui donne par contre de la force à la prestation, ce sont les titres de l'excellent Wolf Lair Abyss avec les morceaux "I Am Thy Labyrinth", "Fall of Seraphs" et "Symbols of Bloodswords". Il manque étrangement l’excellent "Ancient skin". Wolf Lair Abyss marquait le retour de Mayhem dans une continuité logique à De Mysteriis Dom Sathanas, d'ailleurs pour preuve cet enchainement lors du rappel entre l'excellent "I am thy Labyrinth" et "From the dark past" (au cours duquel Maniac finit par balancer la tête du porc dans le public), et là sans communication chiante entre les deux. On a l'impression que l'atmosphère démarre enfin, sauf que c'est déjà fini, une impression que j'ai eu aussi en les voyant lors de cette tournée…
Une grande déclaration?
Voilà donc une prestation immortalisée assez décevante, d'autant que cette sortie de Grand declaration of war a été entourée de bien des sorties inutiles, car si un dvd est certes toujours bien sympathique, il y a aussi sa version cd (pourquoi se contenter du son alors qu'on peut avoir l'image en plus?), puis European Legions, compil de morceaux live de la tournée européenne et de versions demo de l'album, qui se décline en US Legions (qui sait, peut-être ces versions sont-elles plus inspirées?). Mais cette prestation est représentative de cette tournée Grand Declaration of War. De toute façon, la suite ne semble pas être beaucoup plus glorieuse. Maniac a en tout cas retrouvé une inspiration sous une autre forme avec SKITLIV et l’appel à Attila en 2004 était peut-être pour relancer le navire mais Attila a incontestablement plus de charisme, même s’il semble bien plus inspiré dans ses autres projets musicaux de grande qualité comme SUNN O)))…
Adnauseam (2011)
MAYHEM
"Live in Bischofswerda"
VHS
Misanthropy, 1998
Soyons fous : un magnétoscope à proximité, j’ai ressorti mes veilles VHS de Mayhem. Après le revisionnage du Live à Marseille qui n’a fait que confirmer mes impresssions mitigées lors de mon premier visionnage de cette video qui n'avait pas été ressortie depuis bien des années et lors de leur passage à Grenoble sur la même tournée, j’ai décidé de me replonger dans le "cas Mayhem" avec un énième live, sous forme video, que j'avais rapidement survolé avec ce Live in Bischofswerda, filmé le 21 juin 1997, dont date et lieu ne sont peut-être pas un hasard : solstice d’été qui évoque le mysticisme, et le territoire allemand qui rappelle forcément leur passage à Leipzig avec Dead en 1990 qui a été immortalisé et devenu culte.
La reformation de 1997
J'avais incontestablement découvert Mayhem en live à la mauvaise époque, mais en 1997, j'étais un peu jeune et loin pour découvrir le groupe sur scène, car il n’y avait alors pas de grande tournée, et pas de cheminement entre les villes françaises. C'était toutefois incontestablement le bon temps, car mieux vaut la qualité à la quantité. Cette video est un témoignage donc du Mayhem de la reformation. La video est sortie en 1998 peu après Wolf Lair Abyss, le glorieux mini-cd de la reformation, mais le concert a lui été donné quelques mois avant la sortie de Wolf Lair Abyss qui ne sortira qu'en novembre de la même année. Cette video limitée a été éditée en appui à la sortie de Wolf Lair Abyss, dont la promotion est faite en fin de VHS, sur l’intro "The Vortex Void of Inhumanity" où l’on voit alors au ralenti Hellhammer et Necrobutcher, seuls rescapés de la période De Mysteriis Dom Sathanas, marchant de dos dans un champ... Il existe aussi une version CD rare de ce show sous le titre approprié de The Return. Ce show a donc un aspect plutôt culte vu la date, mais aussi considérant le label, Misanthropy étant alors une référence en musique sombre et extrême qui a sorti notamment les albums de Burzum, et considérant également son étrange non réédition en DVD par la suite bien qu'en cherchant bien on puisse trouver des extraits sur Internet. La pochette "sleeve" de la video poursuit dans la lignée des photos black metal torturées qu’a pu produire Mayhem et lui donner une certaine aura.
Collaboration avec Matt Vain
En fait, la démarche de cette video est bien différente du Live in Marseille et de son filmage pro. Ici la démarche est plus amateur mais plus esthéthique aussi avec un travail sur les atmosphères. C’est étonnemment Matt Vain qui est en charge de sa réalisation. L’Autriche n’est certes guère loin de Bischofswerda, mais Matt Vain a surtout travaillé pour les groupes du label autrichien MOS (les débuts de Sanguis et Cinis par exemple), en faisant ses premiers pas pour le label Witchhunt avec notamment des videos live pour Die Verbannten Kinder Evas et Welten Brand dont je parle dans ces pages soulignant parfois les expérimentations visuelles complètement dépassées et sans intérêt du réalisateur. Ce passé de Matt Vain n’est pas occulté ici: on retrouve étonnement en guise d’intro à la video un morceau ambiant de Ice Ages, le projet dark electro de Protector de Summoning, avec en illustration une statue funéraire. Par contre, au niveau esthéthique, Matt a cette fois corrigé les erreurs du passé, et sa retouche des images rend incontestablement le show chargé en atmosphère puisque les couleurs sont retouchées et tirent sur un jaune pâle (donnant un côté vieilles photos), avec quelques ralentis bien placés et des angles de vues intéressants. Entre chaque morceau, il y a une pause de quelques secondes avec l’annonce du morceau à venir ce qui en fait des sortes de clip live séparés.
Du charisme
Evidemment, l’essentiel repose sur la prestation de Mayhem, bien mieux que ce qui se fera par la suite. Moins longue aussi, seulement 40mn, classique pour un groupe de black, un peu court pour un groupe culte, mais mieux vaut la qualité que la quantitié. Au niveau visuel, on retrouve les classiques carcasses de crânes d'animaux (même si j'ai un gros doute quand à savoir s'il s'agit de vrais ou de décors)? qui ornent la scène mais une attitude plus sobre : pas de poses rock star, pas de gadgets. Mais surtout, Maniac a du charisme… Il arrive sur scène avec une cape, qu'il gardera pour quelques titres, sans faire ridicule et évoquant certaines photos de Euronymous, surmonté d’un maquillage sobre mais très efficace, très pale sans noir aux yeux et qui lui donne un aspect morbide, avec un torse assez maigre ; on est loin des ridicules body buildés pseudo morbides d’aujourd’hui… Enfin, conformément à la réputation de Maniac, et à l’époque il ne fait pas semblant, il s'entaille franchement le corps avec un couteau sur tout le long du torse avec du sang apparent pendant le dernier morceau… Bien-sûr aujourdhui c’est tendance, Shining a même surexploité la chose, mais à cette époque c’est plutôt rare…
Présentation de Wolf Lair Abyss
Au niveau du contenu, on a sans surprise des morceaux du ep Wolf Lair Abyss à la sortie imminente que le public découvre alors avec "I Am labyrinth" qui clôt la prestation avec un Maniac déchainé qui s’entaille le torse et la gorge, et "Fall of Seraphs". Bizarrement, les deux autres morceaux du ep ne seront pas joués, le dément et excellent "Ancient skin" n’est alors pas à l’honneur.
Le Mayhem culte
Concernant le culte De Mysteriis Dom Sathanas, dont c’est là les premières interprétations par Maniac, "Funeral Fog" ouvre le concert, mais on ne retrouve que "From the Dark Past" au cours du concert. Deux morceaux uniquement pour ce grand album : c’est surprenant, mais ce n’est pas improbable, Maniac n’a absolument pas contribué à cet album et Necrobutcher, membre de Mayhem jusqu’en 1991 avait joué pour sa part les premières versions live du futur De Mysteriis dom sathanas, alors avec Dead au chant : "Funeral fog", "Freezing Moon", "Buried by time and dust", "Pagan fears". La faible présence de morceaux de De Mysteriis Dom Sathanas explique que j'avais rapidement survolé cette video la première fois et que je l'avais mise un peu de côté... mais à tord!
Deathcrush toujours
Seulement huit titres étant proposé, vous l’aurez donc compris, le reste est inévitablement constitué du ep Deathcrush de l’époque où Maniac était au chant et Necrobutcher, membre le plus ancien, à la basse mais où Hellhammer qui assuré la renaissance de Mayhem, en poste depuis 1988 n’était pas encore là. Je me répète un peu mais l'histoire de Mayhem est particulière avec des allées et venues de musiciens, tous réapparus par la reformation orchestrée par Hellhammer, seul membre actuel du grand De Mysteriis Dom Satanas tout en n'étant pas membre d’orgine… Seul Blasphemer est donc nouveau et se révèle alors efficace. L’écoute de Deathcrush est ici plus agréable que sur certains autres enregistrements (comme l’abominable Live in Marseille) avec "Carnage", "Necrolust" et l'inévitable "Deathcrush" qui se suivent alors, à quoi s’ajoute "Chainsaw Gutsfuck".
Au final, ce Live in Bischofswerda est un bon témoignage de la santé de Mayhem en 1997, malgré une reformation suspicieuse, avec un potentiel alors certain, assez vite gâché par la corruption de la notoriété...
Adnauseam (2011)