"Diktatura"
Those Opposed Records, 2007
Black metal industriel, France
La scène black metal industriel française semble être en essor actuellement, avec des formations de qualité comme BLACKLODGE, LA DIVISION MENTALE et désormais NKVD. Formé en 2005 par un certain Loïc F à Montpellier, le patronyme NKVD désigne la police politique de l’URSS entre 1934 et 1946. Il existe un groupe homonyme français formé en 2001 à Lorient officiant dans un autre style de metal-indus mais c’est incontestablement pour le géniteur de Diktatura que ce patronyme est le plus évocateur.
Le totalitarisme est bien le thème principal de cette première production, sous ces différentes formes, comme l’évoque cette couverture que se partagent quatre figures historiques: Hitler, Staline, Milosevic, ou encore Akhmad-Hadji Kadyrov, chef contesté de la République Tchétchène, assassiné en 2003. NKVD délaisse ainsi la thématique périmée satanique du black indus pour se focaliser sur l’autre grande thématique, le totalitarisme, abordé donc ici sous tous ses aspects avec les différents régimes mis côte à côte (il n’est donc pas la peine de chercher une quelconque apologie d’un régime ou d’un autre) sans apologie ni blâme, un peu comme l’avait fait KREUZWEG OST (dans un registre plus absurde) ou encore LAIBACH, une thématique également chère à la scène post-industrielle (indus sympho, dark folk,..) de laquelle NKVD reprend également judicieusement l’usage de samples politiques et historiques qui agrémentent sa musique et la chargent en atmosphère.
Il y a de fait assez peu de chant, d’ailleurs inexistant sur "Sloboda" qui achève pourtant admirablement les 21mn de Dikatura avec son côté symphonique. Le chant ne se révèle en fait pas indispensable, les samples de voix faisant très bon office. Ce n’est d'ailleurs pas un chant typé black metal, c’est-à-dire hurlé ou dément, qui est pratiqué, cela se marierait peut-être mal à la musique de NKVD qui se veut massive, mais malgré l’aspect écrasant et austère du chant, celui-ci est trop caverneux (sans tombé dans le death bien heureusement).
Le black metal industriel de NKVD lorgne bien plutôt vers l’indus symphonique au lieu de flirter avec le côté electro/technoïde de bon nombre de formations de black, en témoigne des parties symphoniques et le côté martial, notamment dans les percussions devenant parfois convulsives, qui accompagnent des guitares saturées, froides, tranchantes, violentes, qui pourraient évoquer ABORYM par moment, avec cependant des riffs parfois saccadés. Certains passages m’évoquent par-contre le Sacrosants Bleed de IN SLAUGHTER NATIVES, le seul album du maître de l’industriel oppressant qui flirte avec le metal-indus, l’album finalement point de rencontre de ces deux univers, ce n’est donc pas forcément un hasard.
Ce mini-cd représente ainsi un premier jet créatif très intéressant qui laisse entrevoir une judicieuse passerelle entre le metal-industriel et la scène post-industrielle.
Adnauseam
A lire:
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